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Après avoir fait couler le sang de ce flacon d'ombres sur ce papier, vierge il y a quelques jours, après avoir fait brûler mes yeux sur ce tableau électrique d'un blanc hypnotisant pour la restituer, il était temps pour moi de prendre ma douche, et comment !

Posant ma plume, posant mes appareils, ne prenant en main que le stricte nécessaire, je m'enfermais dans cette cellule de propreté, allumant lentement ce crochet argenté qui, après un bon moment, cracha un lac en fins filets transparents

Ça a pris plus de temps aujourd'hui...mais bon, c'est pas grave

Je fis filer le savon sur mon corps, avant de faire ruisseler l'eau sur ma peau, ne réfléchissant même pas à mes récits, entendant le

Ploc...

Ploc...

Ploc...

De l'eau, tomber de mes cheveux pour s'écraser sur cette blanche cuve si glissante que l'eau elle-même ne tenait pas dessus

Ploc...

Ploc...

Ploc...

Me dépêchais-je, prenant ce tissu, aux couleurs de l'océan pour sortir, me vêtant d'une tenue si légère que je sentais le vent de mes mouvements passer à travers ces tissus, avant de retourner vers mon Eden, prenant comme simple arme cette tige d'un blanc perçant, dont seule la pointe noire, ténébreusement taillée en pointe, pouvait graver sur le papier

Quand, dans un calme rythmé de la danse des mots sur cette feuille, dont le crayon créait la cadence, ce tremblement, me fit m'arrêter

Un tremblement...C'est pas important...

De deux...Je vais finir d'écrire...

De trois...C'est pas bientôt fini ?!

Je pris cette brique numérique entre mes doigts lassés de la voir, l'ouvrant d'un mouvement ennuyé du pouce

« 12 Appels manqués

28 Messages »

Tel était l'annonce qu'il affichait, fier de les avoir rapportés tel un chien prenant un courrier

« Sors ! Vite ! » Tels étaient fournis ces titres, accompagnés d'explications hasardeuses de localisation, et de tueur...Halloween était fini et ils essaient quand même de faire peur...

Bon, je vais jouer leur jeu...sortais-je de la maison, avec tout juste assez dans ma veste pour leur faire croire que j'y ai cru, clés, lampe, téléphone...même un couteau les accompagnait dans leur périple hors de chez moi, me dépêchant vers ce taureau d'acier, ronronnant légèrement ses assauts dès que la porte m'enferma dans cette bête

« Ils ont payé l'hôtel pour notre sécurité » m'expliqua le chevaucheur du diable, entre deux cris de cette machine avant de l'arrêter sec dans un désert de bitume et d'asphalte « Le temps qu'ils trouvent qui c'est... » sortîmes de cette prison mécanique d'arc métalliques « ...Ils le trouveront... » Continua-t-il, tremblant en vérifiant que j'allais bien, tremblant autant que cette cabine montant...

Et montant...

Et montant jusqu'aux cieux même avant de s'arrêter avec un sifflement

« Chambre 47 » M'emmena-t-il vers cette porte, vieille relique de bois ornée de subtils détails d'un miroitant bronze nouveau, qu'il déverrouilla d'un simple mouvement du poignet

« Pourquoi tu répondais pas ?! s'inquiéta ma mère en furie

-On peut répondre sous la douche ? » Ironisais-je ses propos, avant de poser ma veste sur cet arbre de métal qui surveillait la porte de ses longs bras, concluant la discussion en lui montrant qu'il n'y avait aucune inquiétude à avoir

La soirée passa, attendant que le reste de la famille arrive,

Au rythme des

Ploc...

Ploc...

Ploc...

Des gouttes d'eau du robinet,

Ploc...

Ploc...

Ploc...

Des gouttes rouges de ses vêtements

Ploc...

Ploc...

Ploc...

Tintés d'un lourd écroulement, étouffant le message apparaissant sur cet écran numérique

« Madame...le tueur, c'est votre fils »

[HO]-Nuits d'insomnie <FR>Where stories live. Discover now