— Où est Liam ? lâchai-je pour revenir à ce qui m'intéressait. Il est ici aussi, pas vrai ?

— Oui et Asha aussi. Tu pourras les voir plus ta...

— Non, le coupai-je, je veux voir Liam immédiatement. Depuis combien de temps est-il avec vous ? Et est-ce qu'Asha va bien ? Vous ne lui avez rien fait ?

Si Asha est là aussi, alors ils ont vraiment abandonné Emma ? Il n'a rien dit à son sujet, elle serait parvenue à partir ? Aloys reprit le métamorphe, d'un air amusé, et le remit dans sa poche. Je sentais que mon esprit essayait de me faire comprendre quelque chose, mais il me fallait plus de temps pour me remettre de tous les événements et récupérer mes capacités de réflexion. Surtout à mesure que je me forçais à me remémorer les événements de la veille. Ainsi, l'évidence ne me parvint pas tout de suite.

— Ce n'était pas Liam que tu as vu hier, m'éclaira Aloys. C'était moi.

Il fit une courte pause, me laissant digérer l'information. Je me remémorais l'apparition de « Liam » et malgré tous mes efforts pour voir Aloys à sa place, je n'y parvenais pas. La ressemblance était tellement frappante, jusqu'au son de sa voix ! Le seul indice avait été son téléphone, rien d'autre ne m'avait interpellé. À présent, je savais que ça n'avait pas été le vrai Liam, qu'il ne nous avait pas trahi, mais je ne pouvais dissocier mon ami de ces propos. Il n'a rien fait, il n'était au courant de rien, me répétais-je dans l'espoir de me persuader.

— Comment avez-vous pu avoir autant d'informations sur lui, au point de lui ressembler comme deux gouttes d'eau ?

J'avais besoin de savoir. Aloys l'avait dit lui-même ; le métamorphe nécessitait des données précises, pas le peu qu'on pouvait trouver sur les réseaux. Plutôt que de répondre à ma question, Aloys sourit mystérieusement ; et je compris qu'il ne m'en dirait pas davantage sur ce sujet.

— Vous êtes ici parce... commença-t-il d'un air plus sérieux.

— Vous nous avez enlevés.

— Sauvés.

Attaqués, repris-je en insistant sur ce mot. Mais si vous considérez nous avoir sauvés, vous ne verrez pas d'inconvénients à ce qu'on rentre chez nous, à présent que nous sommes écartés de tout danger.

Aloys fronça les sourcils, en secouant la tête. La conversation qui, jusqu'ici s'était passée sans encombre, allait très certainement monter d'un ton. Emma doit se faire du souci pour nous, je ne sais même pas combien de temps on a disparu pour elle. Je ne sais pas non plus comment je me suis retrouvée dans ce pétrin, mais je compte bien en sortir.

— C'est trop tard, maintenant. Et puis nous avons besoin de vous.

— Trop tard ? répétai-je ahurie. Et qu'est-ce que vous attendez de nous, qui nous retienne ici aussi longtemps ?

— Je ne peux rien te dire pour l'instant, mais ça viendra. Il faudra juste être un peu patient.

Patient ? Je n'ai aucune information sur ma situation ni celle d'aucuns de mes amis. Je suis quasiment retenue prisonnière par des gens qui m'ont attaqué, ont failli détruire mon amitié avec Liam et il faudrait que je sois patiente ? Que j'attende sagement qu'on m'explique pourquoi on s'est fait soit disant sauvés ? 

Je me promis que, dès que j'aurai l'occasion de parler à mes amis, je mettrai immédiatement un plan en place. Il était hors de question que je me laisse faire ; personne ne savait où nous étions et avec leur drôle de technologie, je ne doutais pas de leur capacité à se sortir de toutes les situations. Il faut déjà qu'on me laisse la possibilité de voir mes amis. Si ce moment n'arrive jamais, j'ignore ce que je ferai. Aloys se leva, prit son livre sous son bras, et se dirigea vers la porte. Il se retourna une dernière fois, la main sur la poignée.

Dans l'Ombre d'un complotHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin