CHAPITRE 3

0 0 0
                                    

J'arrivai en courant devant le lycée, tout sourire. Aujourd'hui, c'était l'instant de vérité. Ma théorie de la cabane allait, ou non, se réaliser. Liam et Emma étaient déjà là, Emma sourit en me voyant arriver. Elle était pâle, comme toujours ces derniers temps, mais je ne lui fis aucune remarque. Liam me salua, à son air ailleurs, je me dis qu'il l'avait remarqué aussi.

— Au fait, Laïna, c'est quoi déjà le nom de ces ruines où vous alliez, enfants ? demanda soudainement Liam.

— Hein ? Tu parles d'Aynor ?

— Oui, voilà. Aynor. C'est quand la dernière fois que vous y êtes allées ?

— Je crois, répondit Emma d'une voix blanche, que nous avions dix ans.

Liam hocha la tête, mais ne dit rien de plus.

Il n'était que 8 h, mais je ne pouvais m'empêcher de surveiller de près les actualités. Je ne savais pas si j'y croyais vraiment à cette théorie, ou si j'étais persuadée qu'il s'agissait d'un rêve prémonitoire. Emma me regardait faire mes aller-retour sur la page d'information, je l'entendis soupirer, sans lui en demander la cause ; je la savais déjà.

Au bout de plusieurs minutes, je me décidais à arrêter cet acharnement. Non pas par prise de conscience, j'espérais plutôt qu'en ignorant les informations quelque temps, le décès apparaîtrait sur ma page. C'est complètement stupide comme raisonnement, me dis-je. Je posais mon téléphone pour de bon, et vis Emma compter sur ses doigts.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je compte combien de temps tu tiendras sans aller sur Internet, m'expliqua-t-elle un sourire aux lèvres.

— On parie quoi ? souris-je à mon tour.

— Que tu ne tiendras pas toute l'heure.

— Très bien. Pari tenu.

On se serra la main. Contrairement à ce que je pensais, Emma ne prit pas mon téléphone. Probablement, pour que sa simple vue m'empêche de résister, et ainsi me faire échouer. Mais je n'y comptais pas ; je ne perdais jamais mes paris. L'inconvénient était que je n'avais pas grand-chose pour m'occuper. Mes devoirs étaient terminés, du moins pour la plupart, et je ne pouvais pas utiliser ma tablette pour dessiner.

— Déjà en galère ? se moqua Emma, en me regardant fouiller mon sac.

— Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler. J'ai énormément de choses à faire. Je n'ai pas besoin d'aller sur mon téléphone.

— Ben voyons.

Il était hors de question de lui avouer que je m'ennuyais. Je sortis une pochette cartonnée de mon sac, et cherchais n'importe quoi qui pourrait m'occuper. Le bazar qui s'y trouvait m'agaçait. Il y avait des clés USB, des contrôles à scanner pour obtenir la correction, des écrits sans fin, ma tablette, etc. Tout au fond, et à mon plus grand plaisir, il y avait un vieux carnet de rêve. Il datait probablement d'il y a deux ou trois ans, mais il ferait l'affaire. Au moins, je serai avancée pour mes prochaines théories. J'ouvrai mon carnet, sous le regard curieux d'Emma. L'usage du papier était devenu rare, généralement réservé aux livres, la plupart du temps tout était sauvegardé sur un appareil électronique quelconque. Tout excepté mes rêves, je refusais qu'un bug technique soit le responsable d'une importante suppression de données. Même si un bug de mon cerveau pouvait aussi me faire perdre l'emplacement du précieux carnet, ce qui me serait fatal. Ainsi, j'avais acheté mon premier carnet à l'âge de 6 ans.

Emma détourna les yeux, et prit son téléphone, me narguant d'une grimace, à laquelle je ne répondis pas. Je n'ai pas besoin de cet appareil, après tout, il y a bien eu une époque où ces technologies n'existaient pas. Lorsque je tournais les pages, je le faisais toujours avec une délicatesse démesurée. Je ne me permettrai jamais d'abîmer mes années de recherches et d'études sur l'onirologie. Tout cela était bien trop important pour moi.

Dans l'Ombre d'un complotΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα