CHAPITRE 6

0 0 0
                                    

Je me réveillai dans un sursaut de panique, en sueur, alors que les quelques fragments de rêve qui me restaient se dissipaient de ma mémoire. Je me redressai violemment, me causant un mal de crâne atroce. Comme si un pivert s'y était bloqué et frappait de son bec pour se libérer. En secouant énergiquement la tête, espérant bêtement que la douleur allait disparaître aussi soudainement qu'elle était arrivée, je remarquai que j'ignorais où je me trouvais. Qu'est-ce que je fais ici ? Et comment y suis-je arrivée ? Une partie de mes souvenirs de la veille s'était envolée avec mon rêve. J'étais certaine de m'être pris un coup qui m'avait plongé dans l'ombre et j'ignorais tout de ce qui avait suivi.

Je pris le temps d'observer mon environnement ; j'étais sur un lit, juste en face, il y avait une porte. Sur ma gauche une table de chevet d'un blanc éclatant, et sur ma droite, et à mon plus grand désarroi, Aloys. Il était assis sur une chaise, les bras croisés, plongé dans un livre et ne portait aucune trace de blessures. Il ne sembla remarquer ma présence que lorsque je me redressai, il posa alors son livre au sol.

— Tout va bien ? s'enquit-il en voyant mon air perturbé.

— Vous... Je vous ai vu à terre... Blessé, balbutiais-je perdue.

Les mots étaient sortis tous seuls, mon incompréhension avait dépassé ma pensée. Aloys haussa les sourcils, il semblait tout aussi surpris que moi. Je me dis que ce n'était probablement qu'un faux souvenir. Il s'apprêtait à me répondre, puis semblant comprendre quelque chose, m'expliqua :

— Ce n'est pas moi que tu as vu.

Je le fixais sans broncher ; il se moquait de moi ? Si c'était vrai, alors comment pouvait-il dire que ce n'était pas lui ? Je suis certaine de ce que j'ai vu.

— En fait, reprit Aloys, quelqu'un a pris mon apparence pour t'approcher.

J'étais encore incrédule, incapable de comprendre comment on pouvait prendre l'apparence d'autrui. Et pourquoi il s'entêtait à me donner des informations aussi surréalistes. Quand bien même ce serait la vérité, il est en train de me dire qu'il y avait encore d'autres personnes à Aynor ? Et l'une d'elles serait quoi, un traître ? Pour appuyer ses propos, Aloys sortit une drôle de petite boîte de sa poche, et me la tendit. Je la pris avec prudence, elle tenait dans la paume de ma main, était toute lisse, et paraissait inoffensive. Il y avait comme une sorte de bouton sur le sommet, mais sur lequel je n'osais appuyer.

— C'est un métamorphe ou métamorphe de Zeus. Avant son utilisation, on enregistre des données très précises à l'intérieur, qui permettront de définir l'apparence que toutes les personnes autour de nous verront dans un certain rayon. Elle impacte aussi la voix de son utilisateur. Le défaut, est qu'on ne peut en enregistrer qu'une personne par métamorphe.

Un métamorphe ? On peut faire tout ça avec cette petite boîte ? Je tournais le métamorphe dans tous les sens, l'examinant minutieusement. Je n'en avais jamais vu, et j'étais prête à me laisser convaincre par l'explication d'Aloys. Son utilisation pouvait se révéler utile. Du moins, à condition d'en posséder un.

— Et... Où est-ce qu'on trouve ce genre de gadget ? demandai-je pour satisfaire ma curiosité.

— C'est l'une des rares technologies que seules quelques organisations peuvent acquérir, sous certaines conditions.

Certaines organisations ? Dans ce cas, il l'aurait volé ? Une multitude de pensées m'assaillit soudainement, avec quelques minutes de retard. S'il n'était pas le Aloys qui m'avait sauvé, cela signifiait qu'il faisait partie de ceux qui m'avaient attaqué ! Et Liam où était-il ? Les paroles de celui qui était mon ami ne pouvaient sortir de ma tête, je devais régler mes comptes avec lui.

Dans l'Ombre d'un complotWhere stories live. Discover now