Poème

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Si au départ, le mafieux avait cru que son ancien partenaire allait s'arrêter à deux trois appels, il n'en était rien. Il l'avait appelé une quinzaine de fois.

Chûya était d'ailleurs clairement exaspéré en voyant le nombre croissant d'appels manqués du châtain. La persistance de son ancien partenaire était irritante et chaque vibration de son téléphone le crispait un peu plus. Il ne comprenait pas pourquoi l'autre persistait à vouloir le contacter.Surtout avec le fiasco qu'avait été leur rencontre la veille..

Déterminé à ne pas accorder plus d'attention aux facéties de Dazai , Chûya mit finalement son téléphone en mode silencieux, mettant ainsi un terme aux incessantes sonneries et vibrations. Une part de lui savait que Dazai ne renoncerait probablement pas aussi facilement, mais il ne voulait pas y penser. Il avait une journée de libre et il avait bien l'intention d'en profiter !

Laissant son portable là où il était, le roux décida qu'il était temps d'aller s'habiller. Il retourna dans sa chambre et très rapidement, il opta pour une tenue plus ordinaire. Un jean, un t-shirt, un sweat. C'était vraiment une tenue passe partout.

Adieu le costume et ses tenues au prix bien trop élevé pour que cela ne soit pas indécent !

Malgré tout, un élément de sa tenue était resté. Son éternel choker. Même si son sweat cachait les numéros gravés sur sa nuque -cadeau du gouvernement-, il se sentait mieux avec le collier autour du cou. C'était devenu une partie de lui. Il se sentait vulnérable, s'il ne le portait pas.

Il contrôla une dernière fois sa tenue et en fut satisfait. Il pouvait donc sortir sans problème.

Revenant dans le salon, Chûya enfila par-dessus son sweat, un bomber noir en guise de manteau. Prenant le petit sac qui pendait sur son porte manteau, il ajouta à l'intérieur son téléphone, son portefeuille et ses clefs, avant de sortir de chez lui.

Marchant tranquillement dans les rues de sa ville, le roux se dirigeait vers un café qu'il affectionnait tout particulièrement. Situé dans une petite rue pavée, loin de l'agitation du centre-ville, cet endroit était son refuge, son sanctuaire, où il pouvait laisser libre cours à sa passion pour la poésie.

En entrant dans le café, il fut accueilli par l'odeur envoûtante du café fraîchement moulu et par l'ambiance feutrée qui régnait dans l'établissement. Les clients attablés semblaient plongés dans leurs pensées, absorbés par leurs lectures ou leurs conversations, tandis que les différents employés du lieu le saluaient avec le sourire. Il alla passer sa commande, puis comme à son habitude, Chûya alla s'asseoir à "sa" table, près de la fenêtre. La lumière du jour filtrée par les rideaux créait une atmosphère douce et apaisante. S'y installant confortablement, le roux sortit son carnet de poésie et son stylo de son sac, prêt à laisser libre cours à son inspiration.

Alors que les mots commençaient à danser dans son esprit, Chûya se laissa emporter par le flot de ses émotions, écrivant avec passion chaque vers, chaque ligne d'un nouveau poème. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête, s'entremêlant pour former des images poétiques, des rimes riches en émotion.

Entre deux vers et plusieurs gorgées de son thé, il levait parfois les yeux pour observer les différents clients du café. Ces derniers devenaient, sans le savoir, une source d'inspiration pour ses poèmes.

Après plusieurs boissons ainsi que plusieurs heures passées, Chûya referma son carnet de poésie, ressentant une douce satisfaction. Il avait, comme à chaque fois qu'il venait ici, passé un très bon moment, l'inspiration venant d'elle-même.

Replaçant délicatement son carnet ainsi que son stylo dans son sac, Chûya se leva de sa chaise avec légèreté, sentant les regards curieux des autres clients du café qui semblaient remarquer sa satisfaction épanouie. Il leur adressa un sourire discret, bien loin de son expression habituelle lorsqu'il travaillait, avant de se diriger vers le comptoir pour régler sa note. Le barista lui adressa un sourire chaleureux en prenant sa carte et une fois le paiement effectué, Chûya le remercia simplement d'un geste de la tête avant de quitter le café.

Dehors, l'air frais lui caressait le visage tandis qu'il repensait à tout ce qu'il avait écrit. Un poème en particulier lui revenait sans cesse en tête. Il l'avait nommé Chant du Matin.

Au plafond surgit une couleur rouge

Par la fente de la porte filtre la lumière,

Souvenirs rustiques de fanfare militaire

De mes deux mains que faire ? oh non rien à faire.

Des oiseaux on n'entend aucun chant

Le ciel aujourd'hui doit être d'un bleu pâle,

Contre un cœur humain qui s'écœure

Que dire ? oh non rien à dire.

Dans une odeur de résine le matin s'afflige

A jamais perdus tous ces rêves divers,

Les arbre serrés dans la forêt résonnent au vent!

Tandis que s'élargit sereinement l'azur,

Le long des berges s'en vont filant

Toujours si splendides tant de rêves divers!¹

Alors que Chûya se promenait désormais dans les rues animées, le poème qu'il avait écrit résonnait encore et encore dans son esprit.

Chaque vers répétés mentalement était comme une douce mélodie. Il se laissait bercer par le rythme des mots, savourant la façon dont ils illustraient une large palette d'émotions dans son esprit.

Ayant oublié son portable, qu'il avait jeté, négligemment, plus tôt, dans son sac, le roux était bien loin de se douter que le châtain n'avait pas abandonné l'idée de le contacter et que le nombre de sms et d'appels en absence ne faisait que grandir.


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¹ : Le poème présent dans ce chapitre est un vrai poème, écrit par le poète japonais, Chûya Nakahara.

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