IV. Des vers pour la Muse

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Les faibles rayons du Soleil se prélassaient contre le bois du plan de travail. La fin de l'hiver approchait à grand pas et permettait à l'étoile de se montrer avec moins de timidité. L'air se réchauffait aussi, les parisiens osaient sortir un peu plus bien au fur et à mesure que la nuit prenait du temps à venir.

Dans la cuisine, Jeanne se préoccupait du repas de ce midi. Il ne lui restait plus qu'à finir la préparation de la pâte avant de pouvoir la mettre à cuire. Une fois faite, elle versa celle-ci dans un plat à tarte et ajouta délicatement les fines lamelles de poireaux qui avaient été découpées juste avant. Lorsqu'elle finit la recette, ses mains s'occupèrent tout de suite de la vaisselle utilisée. Ses pensées en profitèrent pour vagabonder dehors au travers de ses pupilles qui admiraient la pluie soudaine recouvrant les rues par des gouttes effilées.

Il y avait quelque chose de relaxant à sentir l'eau ruisseler sur ses doigts alors que son regard en admirait une autre forme. C'était un état de méditation agréable.

La vieille femme ferma un instant les yeux et soupira. Le froid faisant frissonner son épiderme empressa son envie de se sécher les mains, avant de sortir d'un tiroir deux jeux de couverts. Elle les installa sur la table qui demeurait au milieu de la pièce et plaça par la même occasion deux verres ainsi que deux assiettes. Cette dernière attrapa aussi un pichet en verre qu'elle remplit d'eau et se saisit d'une bouteille de vin rouge pour la poser à côté de l'un des deux verres.

Une trentaine de minutes plus tard, la porte de la cuisine s'ouvrit, laissant sortir une odeur délicieuse qui se baladait dans tout l'appartement.

Des pas se firent entendre depuis le bureau avant qu'apparaisse Jeanne, dont l'attention venait de se poser sur son époux. Tout de suite, ses lèvres esquissèrent un petit sourire en l'examinant. Le concerné se trouvait dos à elle, avancé contre la table alors que sa main accompagnait le stylo plume dansant sur le papier. Elle s'avança jusqu'à être juste derrière lui avant de poser, de son éternelle douceur, sa main droite sur ses cheveux blancs.

« Léonard Albert Poirier, vous êtes prié de bien vouloir venir déguster ma merveilleuse tarte aux poireaux, déclara Jeanne d'un ton posé.

— J'arrive dans cinq petites minutes, ma douce. »

La voix du poète se perdit dans la pièce et croisa les yeux de son épouse absorbés par l'encre écrite du papier. Cette dernière pouvait distinguer les nouveaux vers qu'il avait rédigés ce matin.

A la première lecture, son cœur se mit à courir dans sa poitrine. Puis ses lèvres redessinèrent une esquisse. Elle s'éclaircit la gorge avant de lire à voix haute.

« Et tu dessinais sur mes yeux

le miroir de ton cœur amoureux

il donnait un ton carmin à mes joues

puis il surprenait mon cœur fou

avec les initiatives de tes lèvres

qui me causait de la fièvre.

Alors il n'y avait que ton sourire charmeur

pour calmer et soigner mes douleurs. »

Léonard releva la tête, un sentiment de bénédiction apparut dans ses entrailles lorsque la voix de Jeanne atteignit ses oreilles. Tous ses mots furent embellis, comme s'ils leur avaient manqué une touche sucrée, ajoutant de la douceur aux paroles usées par la passion éternelle.

Et c'était justement celle-ci qui devrait prendre le cœur de la vieille femme pour l'empêcher de ressentir et apprécier, pour une énième fois, la satisfaction d'être aimée.

Son visage, d'habitude endurcis, s'était soudainement adouci.

« Mon sourire charmeur ? L'interrogea-t-elle, le sourcil droit levé.

— Votre sourire est la personnification du charme madame.

— Et je charme votre cœur fou.

— Toujours.

— Bon Dieu, vous finirez fou.

— Poète fou de l'amour, je peux mourir en paix. »

L'épiderme de Jeanne effleurait tendrement l'encre sèche qui marquait le papier torturé par les mots du poète. L'habitude n'avait pas supprimé les réactions de son corps que Léonard avait le don de provoquer.

Cette dernière n'attendit qu'une bonne minute avant de le voir arriver avec son éternel air espiègle.

« Asseyez-vous donc ma douce Jeanne, déclara-t-il avec enthousiasme, je vais vous servir ! »

Un sourire esquissait ses lèvres alors qu'elle s'asseyait à table. Léonard n'attendit pas et lui servit une part de tarte aux poireaux, avant d'en prendre une pour lui dans son assiette. Puis le couple commença à manger en silence, les rayons du Soleil réchauffant la tarte posée au milieu de la table. Les cœurs pouvaient à nouveau respirer.

« Que faites-vous cet après-midi ?

— Je n'ai rien de prévu pour l'instant, répondit Jeanne après avoir avalé sa première bouchée, mais je pensais finir mon livre en fin d'après-midi.

— Seriez-vous d'accord pour que l'on fasse ensemble votre recette de tarte aux pommes ?

Le regard de la vieille femme s'attendrit, elle aimait lorsqu'il proposait ces activités pâtisseries.

— Vous n'avez pas du travail pour votre recueil ?

— J'en ai, mais j'ai toujours du temps à dégager pour vous, Jeanne. »

Cette dernière acquiesça enjouée, ces moments avec Léonard demeuraient toujours précieux et l'étaient encore davantage lorsqu'il prenait l'initiative de demander. 




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Le chapitre d'aujourd'hui est plus tôt puisque je travaille cet après-midi, il est donc disponible plus tôt ! ;)

Alors qu'avez-vous pensé de cette scène ?

J'espère que vous avez profité... *tousse* 

N'hésitez pas à me laisser votre avis, je lis avec grand plaisir !

A la prochaine ! <3

Lauren

Lauren

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La muse ou le vaniteux papillonWhere stories live. Discover now