10. Run or Die.

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" Si la vie est un livre, que quelqu'un réécrive tous les chapitres de mon adolescence. "

ɳƴӽ.


Londres, Campus d'Oxford.

L'ambiance parfaite pour mourir.

Un ciel rempli d'étoiles, un silence qui apaise, une brise fraîche qui se glissait entre les manches de mon pull, effleurant doucement ma peau. Assise en face de ma fenêtre, mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, j'écoutais "summertime sadness" de Lana Del Rey.

L'un des avantages de l'insomnie était la possibilité d'écouter mes chansons préférées pendant des heures. Cependant, je ne refuserais pas une bonne nuit de sommeil. Quel effet ça faisait de bien dormir ? sans faire de cauchemars. Juste dormir.

Malheureusement, mes cauchemars persistaient et ne semblaient pas prêts à me lâcher pour le moment.

Je les emmerdes.

Je poussai un profond soupir et repliais mes jambes contre ma poitrine, en les entourant de mes bras. Je posai ensuite ma tête sur mes genoux. La chaise sur laquelle j'étais assise était suffisamment solide pour supporter mon poids, qui n'était que de 52 kilos.

Depuis ma position, j'avais une vue dégagée sur l'ensemble du campus qui était baigné d'une faible lueur provenant des vieux lampadaires. Certains d'entre eux présentaient des ampoules défaillantes, créant ainsi un jeu d'ombres et de lumières éphémère.

Une pensée sombre et macabre me traversa soudainement l'esprit. Je m'étais mise à imaginer que l'étudiante retrouvée étranglée aurait pu être agressée près de ces lampadaires, puis traînée jusqu'à sa chambre.

Je scrutai attentivement notre chambre, qui était dépourvue de présence. Ava n'était pas là, elle passait la nuit avec Anna, comme elle le faisait chaque mercredi. Pendant ces moments, je me sentais submergé par la solitude, comme si j'étais
en train de m'enfoncer dans des sables mouvants.

J'éprouvais une certaine aversion envers elle, car sa présence ravivait des souvenirs que j'aimerais sincèrement oublier. Au moins j'était loin de Laura.

Alors que je me redressais pour regagner mon lit, l'idée de me promener sous le clair de lune me vint à l'esprit. Cependant, je réprimais immédiatement cette pensée, car lors de ma dernière sortie nocturne, je l'avais rencontré.

Jared de mes couilles.

J'augmentais le volume pour chasser ce personnage envahissant de mes pensées. Je m'effondrais sur mon matelas, enfouissant mon visage dans mon oreiller, consciente que je devrais retourner en cours avec cette envie de me volatiliser.

Cette envie de me réveiller dans le corps d'une autre personne, une jeune fille qui n'aurait pas à faire semblant de sourire, qui se sentirait bien dans son corps, qui serait accueillie au réveil par le sourire radieux de son père et l'étreinte chaleureuse de sa mère. Une fille qui n'avait pas été vendu comme une boîte de céréale qu'on achète au supermarché.

[...]

Après-midi. Salle de cours.

Le tic-tac régulier des aiguilles de l'horloge était le seul son qui emplissait la salle de classe. Tout le monde écoutait attentivement le professeur. Quant à moi, je me concentrais sur les mouvements de ses lèvres, mais j'entendais à peine ses paroles.

Mes mains étaient exténuées de soutenir mon menton. Heureusement, mes cheveux retombaient sur mon front, suffisamment pour dissimuler mon visage, car je me battais contre le sommeil depuis le début du cours.

ESCAPEWhere stories live. Discover now