Chapitre 21 : Les bois :

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Les deux adelphes se regardèrent les yeux emplis de colère mais ce fut Saule qui prit le premier une grande inspiration pour essayer de se calmer, ce qui marcha à peu prêt, car, une fois tout l'air chassé de ses poumons, un argument imparable lui vint en tête.

« Et quand il n'y aura plus de neige ?

-Il a neigé partout imbécile !

-Pas dans les bois ! Maman nous le dit tout le temps. En hiver les recherche sont compliquées dans les bois parce que le sol est trop dur, les empruntes ne laissent aucunes traces, et comme ya beaucoup d'arbres, la neige ne tombe pas jusqu'au sol ! Alors ? Tu vas faire comment hein ?

-Je... »

Monde sentit la panique montrer en elle tandis qu'elle balayait les sous-bois de sa lampe, uniquement pour constater que son frère disait vrai. Plus elle portait son regard au loin, moins elle voyait de neige, et le sol sous ses pieds avait la dureté d'un rocher. Dans quelques mètres, elle ne pourrait plus suivre la piste de sa sœur et du vieux Jean.

« On...on va rentrer, signa-t-elle du bout des doigts, pour dissimuler sa honte.

-Oui. Exactement.

-Mais Cl...

-On va appeler la police. Ou mieux, les collègues à maman. Jean travaille aussi avec. Il doit avoir les numéros. D'accord ? »

La fillette hocha piteusement la tête avant de saisir la main tendue de son frère et d'accepter de le suivre jusqu'à la lisière des bois. Encore une fois, ses rêves d'enquêtes palpitantes remplie de retournement de situation et de suspense venaient de se briser et, au fond d'elle, elle en était secrètement un peu soulagée.

Les quelques mètres dans les bois, sans son frère et juste accompagnés par la lueur de sa lampe, lui avait fichu une frousse qu'elle n'aurait avoué pour rien au monde, et, au final, elle fut très soulagée de voir enfin apparaître la maison, avec, sur le seuil de sa porte de derrière, une silhouette sombre.

Une silhouette sombre ?

Monde sentit la main de son frère écraser la sienne tandis qu'elle éteignit instinctivement sa lampe de poche, très vite suivi de Saule. Autour d'eux, l'obscurité d'une nuit nuageuse les enveloppa.

« Tu crois que c'est Jean, signa-t-elle à trois reprises, sans obtenir de réponse, avant de tirer violemment sur la manche de son frère.

-J'y vois rien Monde ! J'ai aucune idée de ce que tu signes ! Je rallume !

-Non ! »

La lumière de la lampe illumina le jardin avant qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit, et l'énorme loup qui s'y trouvait. L'animal, loin de sembler en chasse, avançait d'un pas tranquille et seul ses babines retroussaient sur des crocs longs comme un pouce permettait de comprendre le danger qui se cachait sous cette nonchalance.

En reculant d'un pas, Saule, jeta un regard derrière la bête, mais ne fut pas surpris de ne plus voir de silhouettes humanoïdes sous le porche. Elle était devenue le loup, il en aurait mis sa main à couper.

« A trois, on court, signa Monde du bout des doigts.

-Où ?? Il est devant la maison !

-Vers la route, à droite, répondit sa jumelle en dessinant un arc de cercle contournant la bête et les ramenant vers la maison.

-Ok. Un.

-Deux.
-Trois. »

Les deux adelphes s'élancèrent à travers les bois sans perdre du temps à regarder derrière eux pour savoir si le loup était à leur trousse. Car bien sûr qu'il le serait.

Les saints amants de la luneWhere stories live. Discover now