Moi : On fait un pari ? Le premier qui se détruit à perdu.

Khalid : Et qu'est-ce que je vais y gagner ?

Moi : Tout ce que tu veux.

Khalid : Tout ?

Moi : Tout.

Il m'observe un instant qui semble en durer mille. Je remets mes cheveux en place, voyant ses yeux devenir trop persistants.

Khalid : Marché conclu.

Il me tend sa main que je serre sans hésiter, ce qui semble l'amuser.

Khalid : Il y'a quelques heures j'aurais pensé être le seul à avoir ce privilège. Tu aimes me prendre pour un con, pas vrai ?

Je le regarde dans l'incompréhension totale de son allusion alors qu'il s'éloigne enfin de moi.

Khalid : Ne fais pas l'innocente sirena. Tu n'es pas très discrète. Je connais pas mal de monde dans cette ville, des personnes qui te connaissent tout autant maintenant. Peu importe les endroits où tu iras te faire baiser je le saurai. Et j'espère pour toi que personne d'autres ne l'a appris. Sinon pas le choix, tes mecs sombreront en terre. Et j'ai une réputation à tenir tu sais ? Ils ne seront donc pas traités de la manière la plus douce.

Mon regard me trahit sûrement lorsque je crois comprendre ses sous entendus. Des milliers de questions hantent ma tête mais seul deux s'en distinguent. Comment c'est possible ? De quoi est-il vraiment au courant ?

Il sort le téléphone de sa poche et y cherche quelque chose durant une longue minute.
Je ne peux m'empêcher de mordre violemment ma lèvre lorsque je vois ce qu'il y montre. Je suis sans voix, je voudrais effacer ça de sa mémoire, et de la mienne par la même occasion.

Mes yeux passent d'une image à une autre le temps d'assimiler.

Khalid : Attends attends ne dis rien, je parie que lui tu le connaissais vraiment pas quand on l'a rencontré à cette soirée mais vous avez parlé plus tard. Quoi ? La photo date d'avant ? C'est bizarre ça tiens, peut-être que tu m'as vraiment pris pour un con au final. Et lui tu ne l'as même pas touché c'est ça ? Tu ne le connais même pas en fait. Exactement, c'était que pour prendre une photo mais en vrai tu ne l'as même pas embrassé. Et tu as encore moins couché avec lui juste après bien sûr. Excuse-moi, j'ai mal interprété, tu n'es pas une pute en fait, juste une femme très généreuse,

Son ironie laisse apercevoir sa colère. Je le comprends, j'aurais réagi de la même façon.
Je tente de répondre mais aucun son ne veut sortir, mon regard est fixé sur le visage d'Aaron, ce visage pour lequel je n'ai jamais su quoi ressentir.

Je suis bloquée, mes pensées s'enchaînent sans s'arrêter. Je n'ai jamais voulu faire quelque chose de mal. Chaque fois que je me suis réfugiée vers lui pour me sentir mieux la conclusion fut sans appel, je suis encore plus sale qu'avant. C'est un cercle vicieux, celui dans lequel il m'a laissée m'engrener il y'a cinq ans.

Je voulais juste reprendre le contrôle au départ.
Puis ça ne pouvait plus s'arrêter. Il me donnait tout ce dont j'avais rêvé, de l'attention. Je n'avais pas le droit de lui refuser ce sacrifice.
S'il partait qui serait encore là pour m'aimer moi ?

Pauvre conne, personne ne peut t'aimer, la preuve.

Je lui ai laissé accès à moi, j'étais bien trop jeune et lui bien trop âgé. Ça n'aurait jamais dû arriver, jamais.

J'avais pensé qu'en décidant de ce que je faisais avec lui, le pouvoir sur mon corps me revenait. Je me suis trompée. De nombreux hommes après lui aurait dû l'effacer, ça n'a pas fonctionné. On ne peut pas effacer l'ineffaçable. Il est trop tard, depuis treize ans, il est trop tard. Aaron l'avait compris, il aurait pu me le dire. Il aurait dû peut-être ? Mais il n'a rien fait. Ni il y'a cinq ans ni il y'a une semaine. Je l'ai laissé profiter de moi comme je le fais toujours.

Cruel Princesa.Donde viven las historias. Descúbrelo ahora