Nous étions là, face à face dans ce couloir. Le temps semblait suspendu, mon regard planté dans le sien. À présent, ses yeux avaient repris leurs teintes habituelles, mais contre toute attente, ceux que j'avais devant moi me faisaient plus frissonner que ceux du loup.

Il commença à marcher vers moi et, instinctivement, je fis quelques pas en arrière, ce qui ne sembla pas lui plaire car il s'immobilisa en me regardant, les sourcils froncés.

Je ne sais pas ce qui m'a prise de reculer, mais lorsque je le vis avancer, je me rappelai soudainement comment son corps s'était arqué hier lors de sa transformation.

Léandros

Ce matin, j'ai eu énormément de mal à quitter mon lit après les événements d'hier.

Mon Dieu, comment avais-je pu laisser ce satané loup prendre le dessus sur moi ? Je ne sais pas ce que j'aurais pu faire. J'ai presque failli tuer mon meilleur ami.

Cet imbécile, qu'est-ce qui lui avait aussi pris de rester là, sachant que lorsqu'Hélios était aux commandes, toute raison et toute humanité lui font défaut ? Rien, ni personne ne pouvait le raisonner, enfin, personne à part elle.

Si elle n'avait pas été là hier, je ne sais pas ce qu'il serait advenu d'Ulys et de la meute ; j'aurais absolument tout détruit sur mon passage. Mais dès que mes yeux se posèrent sur elle, recroquevillée là, par terre, Hélios revint immédiatement à la raison, et toute envie de tuer et de verser du sang disparut. Tout ce qui comptait, c'était qu'elle soit en sécurité et qu'elle aille bien.

Au début, elle semblait terrifiée, mais je fus surpris de la voir se détendre en présence de mon loup. Lorsqu'elle posa sa main sur notre front à Hélios et moi, je crus devenir fou car, physiquement, nous ne faisions qu'un ; j'avais ressenti chaque caresse, chaque souffle chaud.

Jamais de toute mon existence je n'avais ressenti pareilles émotions, ses doigts parcourant mon visage.

Lorsqu'elle parla de Skaï, tout mon être se raidit, et je me maudis de lui infliger cette tristesse.

Je n'arrivais pas à croire qu'elle semblait autant apprécier mon loup, je n'arrivais pas à comprendre non plus comment en quelques minutes elle s'était tant prise d'affection pour lui. Ne le détestait-elle pas jusqu'à la dernière nouvelle ?

Je ne comprenais vraiment rien. Je veux dire, elle me connaît depuis plus longtemps, et jamais je ne l'ai vue m'adresser ne serait-ce qu'un sourire, et là, elle se retrouve endormie dans mes bras, ou du moins, dans les pattes de mon loup.

Perdu dans mes pensées, je ne m'étais pas rendu compte du temps qui passait. Je revins à moi lorsque je reçus un message télépathique d'Ulys me donnant de ces nouvelles et me demandant si tout allait bien parce que que les autres membres de la meute s'inquiétaient pour elle, notamment Gaia.

Je le rassurai en lui disant qu'elle allait bien, qu'elle s'était endormie et que la meute pouvait rejoindre la villa.

J'ai honte d'avoir ainsi perdu le contrôle, par jalousie. J'aurais pu tous les blesser, j'avais mis ma meute en danger parce que j'étais jaloux ?

C'est insensé !

Mais lorsque je l'entendis respirer à mes côtés, enfin à notre côté, mon cœur s'échauffa et je ne pus m'empêcher d'humer encore et encore son odeur.En fin de compte ce n'est plus si insensé que ça, c'est officiel, je perds littéralement la tête.

Séléné, prends pitié, ce bout de femme me rend vraiment fou.

-Il faut que je récupère mon corps, elle doit être dans un lit. Dis je à hélios

"Hélios : tu veux dire notre corps, l'humain. Et non, elle est bien ici."

-Si tu veux, mais non, elle n'est pas bien ici. Elle doit être en train de dormir dans son lit, et non sur un plancher.

Hélios voulut protester, mais je ne lui laissai pas le choix et repris, le plus doucement que je pouvais, ma forme humaine.

Heureusement, je ne l'avais pas réveillée ; elle semblait encore endormie, sa tête posée contre mon épaule. Je me redressai délicatement et rapprochai son corps du mien, en posant sa tête sur mon torse. Des milliers de particules électriques me traversèrent le corps.

J'inclinai légèrement ma tête dans son cou pour humer son odeur. Cette odeur qui me rendait fou, cette odeur qui me faisait tellement perdre pied.

Je me relevai doucement et la pris délicatement dans mes bras. Ciel, qu'elle était belle ; son visage ainsi découvert semblait idyllique, presque angélique. Une onde d'électricité me frappa à nouveau le ventre. Pourquoi réagissais-je comme un adolescent amoureux ? C'est insensé.

Je m'avançai vers les escaliers et, lorsque mon pied se posa sur une marche, je la sentis se blottir contre moi, et une de ses mains se posa sur mon torse, juste au niveau de mon cœur. Mon sang fit un tour dans mes veines ; cette simple sensation créa un tourbillon d'émotions en moi. Mon cœur tambourinait si fort dans ma cage thoracique. Il fallait que j'essaie de calmer mon rythme cardiaque, sinon cela risquait de la réveiller.

Les pieds lourds, comme s'ils étaient remplis de béton, je parvins à sa chambre et la déposai délicatement sur son lit. Au lieu de quitter immédiatement sa chambre, je me surpris à me pencher au niveau de son lit et à m'approcher d'elle.

Je lui remis une mèche de cheveux derrière l'oreille.

-Qu'est-ce que tu es en train de me faire ? Pourquoi t'incrustes-tu de force dans ma tête et dans mes pensées ? lui demandai-je dans un murmure.

"Hélios : Pourquoi continues-tu à te mentir à toi-même ? Tu connais parfaitement la réponse."

Je décidai de l'ignorer.

"Hélios : M'ignorer n'est pas ce qui fera taire ces sentiments."

-Par pitié, ferme-la, Hélios. Je ne suis pas d'humeur à entendre tes racontars. Tu sembles oublier qui est cette femme et à quel point elle nous méprise.

Hélios : Elle ne nous méprise aucunement, bon sang, l'humain, es-tu aussi aveugle que ça ? Ne vois-tu pas qu'elle souffre de ton rejet ? C'est notre âme sœur, celle qui a été choisie par la lune pour nous.

-Le fait qu'elle ait été choisie par la lune ne veut pas forcément dire que je dois l'aimer et baisser ma garde. Comment peux-tu oublier tout ce qui s'est passé, comment peux-tu encore faire confiance à son genre ?

"Hélios : Azelia est différente."

Azelia est différente ! Cette phrase n'arrêtait pas de passer en boucle dans ma tête.

La meute d'arcadÿs🌗: Un mariage presque arrangéWhere stories live. Discover now