My obsession

Chapitre dix

Parfois, il faut perdre quelque chose pour se rendre compte de sa valeur.

Point de vue de Ava.

Au bahut, les moqueries sont monnaies courantes et me passe souvent au-dessus de la tête mais depuis une semaine règne une ambiance palpable qui ne cesse de s'accroître en parlant de la famille Roth/Burkley. Mayson demeure sur toutes les lèvres sans que personne ne sache vraiment quoi que ce soit. Les questions et sous-entendus vont bon train et je paye déjà quotidiennement les frais de ma trahison mais j'ai la sensation que ça ne s'arrêtera pas pour autant maintenant qu'ils sont tous en proie a son retour.

— Tu veux qu'on passe a l'infirmerie ? Me demande Lina en touchant brièvement mon front. Tu es toute blanche.

Ma boisson est déjà froide en portant le verre a ma bouche. Aujourd'hui la cantine est calme, beaucoup plus qu'elle ne le devrait. Ça me rajoute inconsciemment une part de stress parce que je sais qu'ils ne me lâcheront pas.

— Non ça va, j'ai cours dans dix minutes.

Je tente un sourire en me relevant incertaine de ma chaise. Je baisse les yeux et ramène mon plateau encore intact au lavage avant de sortir de la salle beaucoup trop pleine a mon goût.

— Appelle-moi si tu ne te sens pas bien ok ?

— Oui t'inquiète.

Elle m'embrasse tendrement avant de disparaître rapidement de mon champ de vision. Inspire et expire putain. J'essuie mes mains moites sur mon pantalon en fixant un petit attroupement au loin. Je ne le vois pas pourtant mon cœur fait des salto douloureux dans ma poitrine en marchant en direction de ma salle de classe.

— Il est encore plus sexy que sur les photos.

— Et dangereux en plus de ça. Rappelle une fille a sa copine les yeux émerveillés. Eh Ava ! Est-ce que c'est un bon coup au lit ?

Vu ta tête tu risques de ne pas être en tête de liste ma vielle.

Je roule des yeux en jouant des coudes pour me frayer un chemin dans cette foule noire de monde qui s'agglutinent comme devant des animaux de cirque. Je baisse la tête en marchant et me retrouve soudainement prise au piège. Quelqu'un me pousse violemment en avant et mon corps le heurte de plein fouet avant de tomber a ses pieds contre le goudron. Les rires fusent et bourdonnent dans mes oreilles en croisant ses yeux sombres qui me scrutent avec attention.

— Tu rampes déjà a ses pieds Burkley ?

— Si elle croit que c'est comme ça qu'il va lui pardonner.

— BAISE LUI LES PIEDS !

Les mots des élèves tourbillonnent encore et encore en regardant une seconde cette esquisse de sourire sur ses lèvres avant de faire tomber sa cigarette a un millimètre de mes vêtements. Les larmes menacent de couler en me relevant rapidement avant de partir sans un regard pour qui que ce soit. Je traverse les couloirs en trottinant et sursaute en sentant une main sur mon avant bras qui m'arrête dans ma course.

— Qu'est-ce qu'ils t'on fait ?

Simon me retient durement en me tirant dans un endroit plus calme.

— Rien.

— C'est May c'est ça ? Me demande-t-il en regardant le sang sur mon pantalon. Arrête de me mentir Ava, tu veux que je lui parle ?

Je secoue la tête presque en implorant mon frère de ne rien dire ni rien faire. Simon soupire mais me relâche finalement en passant doucement une main sur ma mâchoire comme dans une caresse.

— Il est en colère, ne t'approche plus de lui en attendant que cette histoire se tasse.

— Il me hait, Simon.

Les larmes me submergent en sentant encore son parfum sur moi de la semaine dernière. Je me souviens de tout comme ses bras qui m'avait serré forts, mon visage dans sa nuque et ce sentiment de tristesse et culpabilité qui ne m'avait pas quitté.

— Qui doit se retrouver, se retrouvera. Me dit-il en passant une main dans mes cheveux. Ne le brusque pas mini moi, il est intelligent, il comprendra.

Je retourne en cours en priant pour que les paroles de mon frère soit vraies. Perdre ma relation avec Mayson a été la chose la plus compliquée a faire de toute mon existence. Je ne voulais faire de choix et mon père enfin cet homme qui achète notre amour depuis notre enfance ressent ce besoin de se servir de nous comme des pantins.

— Monsieur Roth, vous êtes en retard.

Je me rembrunie sur mon siège en posant mon sac sur une place disponible a ma droite. Mayson rentre nonchalamment dans l'amphithéâtre en examinant les possibilités qui s'offre a lui. Je cache mon visage dans mes bras et patiente sous les martèlements incessants dans ma poitrine en attendant qu'il ne trouve une place libre.

— Tu peux venir te mettre a côté de moi.
Dit soudainement une fille tout sourire. J'aime bien donner des cours particuliers.

— Tu suces ?

Les rires fusent dans la salle.
Je ferme les yeux, dégoûtée.

— Elle est grosse ?
Lui demande-t-elle en ricanant.

— Beaucoup trop pour une si petite bouche.

Un haut le cœur me submerge en gardant la tête dans mes bras croisés. Je retiens ma respiration en sentant un court instant son corps dans mon dos pour se mettre a côté de mon frère. Ne me touche pas espèce de connard. Je suis en colère contre lui même si tout dans son comportement indique qu'il est autant blessé que je ne le suis. Je tente de me convaincre que nous pourrions peut-être trouver un terrain d'entente dans un futur proche mais May a bien changé autant physiquement que mentalement.

— Bien reprenons la suite des cours, veuillez prendre votre livre page cinquante huit.

Je somnole une bonne partie de l'heure consciente des boulettes de papiers que je me reçois dans la tête venant des élèves derrière mon dos.

— Je veux des noms de binômes a la fin de la semaine. Dit soudainement le prof de français en crissant la craie sur le tableau. Cette note comptera double pour la fin du semestre.

Mon cœur cesse de battre en croisant les iris sombres de Mayson.

— On se met ensemble Burkley ?

Je reste de marbre en laissant Finn me mettre des petits coups de coude mais toute mon attention se porte sur mon meilleur ennemi qui nous consacre un réel intérêt. J'ai un petit pincement au cœur en sachant que nous avions toujours l'habitude de faire ce genre d'exercice ensemble.

— Avec plaisir.