Chapitre neuf

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Les âmes vides essaieront de te vider de ton enthousiasme, apprends à les reconnaître et cours.

Point de vue de Mayson.

Je suis physiquement assis devant ce vieux pupitre mais mentalement absent. Ma mère me lorgne impuissante depuis son siège, alors je me concentre sur le discours de mon avocate en priant pour qu'elle ne soit pas aussi bonne qu'ils le disent. Je ne veux pas sortir de Corcoran, dehors derrière cette putain de fenêtre sans barreaux la vie est injuste.

— Monsieur Roth ?

Les beuglements dans mon dos se font entendre.
Ils me haïssent sans connaître la vraie raison de mon acharnement sur lui et concrètement je m'en tape.

— Avez-vous quelque chose a dire avant que nous rendions notre verdict ? Me demande la juge en tapant son marteau contre la table pour revenir au silence. Si vous voulez prendre la parole c'est maintenant.

— Non tout est clair.

Les jeux sont faits.
Je sors en dernière position avec Victoria Roth a ma suite comme une mère kangourou et son petit dans la poche. En la retrouvant après aussi longtemps ses yeux se sont soudainement embrumés puis elle a fondue en larmes en tentant de me prendre dans ses bras. Je n'en avais pas envie mais j'ai fais un effort en me disant que ça serait la première et la dernière fois. Deux fois dans la même semaine a été une erreur surtout avec Ava.

— J'espère que le juge va être de notre côté. Soupire ma mère en m'accompagnant fumer. Bon dieu j'ai lutté toute ma vie pour que tu ne fumes pas et regarde-toi maintenant.

— Les choses changent visiblement.

Je ne me sens pas encore suffisamment a l'aise en sa compagnie, c'est vrai quoi, quatre ans c'est long. Victoria affiche une petite mine boudeuse avant de s'assoir et me tendre son briquet rose girly. Je m'en empare et fait redescendre la pression en crachant tout ce que contient mes poumons.

— Cette fille, Ava. Commence-t-elle en prenant des pincettes. Pourquoi elle est venue te rendre visite ?

Je la regarde durement mais elle baisse les yeux certainement gênée de s'immiscer autant.

— Tu fouines maintenant ?

— Non elle est inscrite dans le registre. Me dit-elle simplement en s'allumant une cigarette a son tour. Je suis ta mère et tu m'as interdite toutes mes visites alors je me pose des questions c'est tout.

Dans mon langage, elle est un putain de poison.
Des flashs de notre enfance me reviennent en tête en plongeant dans mes souvenirs. Cette fille a été un coup de foudre, un poupon qui absorbe vos craintes et les remplacent par de la joie. Les lèvres de ma mère bougent mais le son ne m'atteint pas. Je me souviens de nos nuits devant des films de merde, nos conversations dans une cabane faite avec des couvertures pendant que nos parents se disputaient.

— Mayson ?

Ses yeux en larmes en voyant Paddy dans une boîte sous le sapin. Est-ce qu'elle va bien ? Un petit sourire se dessine sur mes lèvres, chose qui apparemment tracasse ma mère qui porte soudainement une main sur mon front.

— Est-ce que tout va bien ?

Je me retire de son contact au moment même ou elle me touche.

— Monsieur Roth ? Nous reprenons, veuillez retourner dans la salle d'audience.

Je me relève rapidement et sans attendre deux policiers m'escortent dans la salle. Les regards se tournent dans ma direction mais tout ce qui m'importe et le verdict de la juge qui sort un bon nombre de papiers d'une malette.

— En me basant sur les preuves que chacun des avocats nous a présenté et non pas sur des impressions personnelles, je déclare Monsieur Mayson Roth non coupable et lui donne le droit de bénéficier d'une remise de liberté conditionnelle.

Un bon coup de massue dans la gueule.

— La séance est levée.

Mon cœur se soulève comme dans une descente en chute libre, preuve que j'en possède bien un finalement. Ma cravate me comprime la gorge en tirant dessus pour reprendre un maigre filet d'air en constatant la pièce maintenant complètement vide. Dawton vient me rejoindre sur le banc mais je ne trouve pas la force de relever les yeux.

— Comment tu te sens ? Me demande-t-il en passant un bras autour de moi. Je sais que ce n'est pas ce que tu voulais entendre mais ça reste une bonne nouvelle.

— Une bonne nouvelle ? Rappelle-moi de ne plus jamais prendre cette avocate.

Il rit dans sa barbe en allongeant ses jambes de tout son long.

— Une chance s'offre a toi, saisit là Roth.

Les regards insistants se posent sur moi en sortant de la salle sans menotte aux poignets. Ma mère me fait la promesse de m'attendre a la sortie de prison et c'est comme ça que je me retrouve a faire mes affaires en attendant que Riley revienne de sa promenade. Je laisse derrière moi des années de ma vie, dure certes mais pleines de souvenirs bons comme mauvais. Les draps qui grattent, la crasse des douches communes, la combinaison orange qui commençait a me plaire finalement et ravive ma nostalgie.

— Je suis content pour toi, gamin.

Riley vient me tendre son poing en souriant de ses dents noires et son haleine poisseuse.

— Tu peux faire quelque chose pour moi ? Me demande-t-il en m'aidant a faire ma valise. Je veux que tu veilles sur ma femme et mes enfants juste en attendant que je rentre a la maison.

— Alors la oublie moi, demande a quelqu'un d'autre.

Même si je le voudrais, lui rendre ce service n'est pas de mon ressort.

— Juste ce service May, s'il te plaît. M'implore-t-il les larmes aux yeux. Je veux juste être certain qu'ils se portent bien.

— Une fois seulement.

Je ne ressens rien en regardant silencieux les larmes maculaient le dessous de ses yeux. A ce moment-là Dawton surgit dans la cellule comme pour clore cette discussion malaisante et vient nous prendre dans ses bras. Pardon ? Mon corps vient se tendre violemment en tentant de mettre de la distance.

— Putain mais cassez-vous bande de gays.

La bouche sèche en proie a une crise de panique, je pousse plus fort encore en reprenant enfin mon espace.  Les deux se marrent sous ma colère avant de mettre ma valise devant la porte.

— N'oublie pas de me dire comment ils se portent. Murmure joyeusement Riley en frappant son poing dans ma main comme signe d'au revoir.

— Tu as de la place dans ton appareil photo ?

— Oui pourquoi ?

Une esquisse de sourire me vient en laissant Dawton ouvrir la porte.

— Parce qu'il va m'en falloir beaucoup pour prendre sous tout les angles ta femme et moi dans ton lit mon vieux.

La porte se referme brusquement et c'est de cette manière que je quitte Corcoran sous la pluie de coups de poings contre la porte de mon ancienne maison.

— ROTH REVIENT ICI, ESPÈCE DE CONNARD !

My obsession Where stories live. Discover now