Chapitre trois

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La vie est courte. Transgressez les règles, pardonnez rapidement, embrassez lentement, aimez véritablement, riez sans contrôle et ne regrettez jamais quelque chose qui vous a fait sourire.

Point de vue d'Ava.

Deux chaises, une table au centre et un homme.
Les portes se referment bruyamment et s'ensuivent d'un silence de plomb dans la pièce. Je relève lentement les yeux de ma jupe noire en me noyant a cet instant même dans les deux abîmes sombres qui me fixent depuis leur place.
Cet adolescent de la veille, celui qui arbore chaque soir mes rêves les plus fous et maintenant un homme qui m'assassine a chaque pas incertain dans sa direction.

— Ne t'approche pas.

Nos regards se rencontrent mais ne s'apprivoisent pas.

— Sinon quoi ?

— Je vais te faire regretter d'être venue.

Un noeud de la taille d'une boule de bowling se forme dans mon estomac en restant a bonne distance de celui qui me hait autant que mes sentiments sont fort pour notre ancienne relation. Comment pourrait-il en être autrement ?

— S'il te plaît, May il faut qu'on discute.

Cet esquisse de sourire qui lui vient soudainement est une arme de destruction massive a mes yeux.

— J'en ai rien a foutre de ce que tu as envie.
Me dit-il en serrant d'une main la bordure de la table. J'ai rêvé chaque seconde de te faire brûler vive depuis mon arrestation.

Je retiens durement un sanglot dans ma gorge en passant au crible cette expression presque robotique sur ses traits. Immobile comme une statue de cire, je baisse les yeux sur une tâche de vieillesse du carrelage en priant pour disparaître de la surface de la terre.

— Barre-toi maintenant.

Je ferme les yeux en entendant le bruit de la chaise se reculer de sa place initiale. Je ne le vois pas pourtant Mayson est partout autour de moi. Mes sens sont en alerte et une larme coule a toute vitesse sur ma joue en le sentant fendre cette barrière de mon espace vitale.

— Ouvre les yeux, Ava.

J'obtempère a contre-cœur en sentant son souffle brûlant caressant ma bouche a peine ouverte. Lentement, sa main repose sur ma joue en essuyant du revers de son pouce cette unique larme encore en suspension sur ma peau glacée. La douceur de son geste me ramène a des souvenirs que nous ne pourrons jamais oubliés.
Yeux dans les yeux, sa main suit une ligne imaginaire doucement contre ma gorge.

— Pardonne-moi, May..

Ses deux doigts se pressent contre ma carotide.
Plusieurs secondes s'ensuivent ou mon oxygène s'amenuise et augmente davantage mon angoisse en tentant de le faire lâcher prise.

— Je te met une dernière fois en garde ma jolie.
Me dit-il calmement en relâchant légèrement son emprise. Prie seulement pour que je ne sorte jamais de derrière ses murs, tu es morte a mes yeux.

Je tombe a même le carrelage en tenant d'une main ma gorge encore douloureuse. Le gardien qui attendait patiemment derrière la porte la fin de notre entrevue me rejoint a toute vitesse en s'assurant de ma santé.

— Je vais bien, c'est bon merci Dawton.

Je le repousse plus brutalement que ma volonté et me relève en sortant en trombe de la salle. Je ne cours pas mais mes pieds avancent au pas de course a travers ses longs couloirs où certains membres du personnels me regarde curieux.

— ATTENDEZ MADEMOISELLE BURKLEY !

Je me retourne un instant au moment ou sa main vient a la rencontre de mon avant-bras. Je me raidis automatiquement encore sous le coup du choc priant pour ne pas avoir besoin de hurler comme une malade sortie de psychiatrie pour qu'il me relâche.

— Est-ce que vous allez bien ? Me demande-t-il en me relâchant rapidement en comprenant ma gêne. Vous pouvez être certaine que je veillerai personnellement a une lourde sanction pour son comportement.

— Je suis la seule responsable alors faites-moi plaisir et laissez le tranquille.

Je tente un petite sourire rassurant qui sonne faux avant de reprendre mon chemin en direction du parking ou ma sœur patiente encore. Lina sort de la voiture et vient me prendre dans ses bras au moment où j'en ai le plus besoin. Je demeure immobile et silencieuse mais les soubresauts de mon corps encore sous le choc de cet affront ne font que trahir mes sentiments.

— Raconte-moi tout, Ava. Me murmure-t-elle en frictionnant mes bras menus. Qu'est-ce qu'il a dit ? 

Nous rentrons dans la voiture et toute ma tristesse vient se confondre entre mes larmes. Je raconte tout a ma sœur en pensant que dire les choses a voix haute me feront oublier plus facilement ses dix dernières minutes.

— N'abandonne pas maintenant s'il te plaît.

— A quoi bon ? Lâchai-je en me mettant en boule sur le siège. Il me hait, comme il a dit je suis morte a ses yeux.

Morte, morte, morte.

— Moi ça ne me choque pas, ça fait quatre ans qu'il est enfermé a cause de nous certes mais aussi de notre père.

Je me rembrunie plus mollement encore sur mon siège en me demandant si le mieux ne serait pas de renoncer pour de bon a me faire pardonner.

— Il y a une annonce depuis des jours sur internet comme femme d'entretien en prison.

— Les rêves sont la nuit, Lina.
Dis-je en m'agaçant soudainement. Tu veux ma mort sur la conscience ?

La voiture s'immobilise devant la maison.
Elle pivote vers moi de façon a être suffisamment proche en glissant sa main dans la mienne d'un geste rassurant.

— Non je ne veux pas ta mort au contraire c'est toi qui est en train de le faire toute seule en te rongeant le crâne avec ses remords.

— Il a dit qu'il ne voulait plus me voir si tu te souviens bien.

Et c'est bien mon plus gros problème.
Il ne veut plus de moi dans sa vie.

— Moi je n'avais pas envie d'une petite emmerdeuse de soeur et pourtant te voilà. Me dit-elle en souriant avec espièglerie. On ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie.

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