Chapitre 9

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- Fanny n'a pas arrêté de geindre depuis que sa série s'est terminée. Mais qu'est-ce que j'y peux, hein ? Ce n'est pas comme si je pouvais contacter les producteurs et leur dire de se dépêcher !

          Romulée voulut grogner son accord mais le son qui sortit de sa bouche manifestait très clairement sa douleur alors que la brosse de Wulf se prenait dans un gros nœud, lui tirant la tête en arrière par la même occasion.

- Oops, désolé.

- Sans le sourire, je pourrai presque te croire.

          Elle n'avait plus l'habitude d'avoir les cheveux emmêlés, mais puisqu'ils avaient bien poussé durant l'été, il arrivait de plus en plus régulièrement de trouver des mèches en fouillis. Elle aurait dû demander à son ami de les couper directement plutôt que de s'embêter et de la faire souffrir en même temps.

- Elle est tellement déçue de ne plus voir son héroïne qu'elle ne veut même plus que je lui fasse sa coiffure.

- Oh, donc tu n'as plus besoin de t'exercer sur moi ?

- Ah si, si, comme je t'ai dit, je ne dois pas perdre la main.

          Heureusement, il ne lui fallut pas longtemps pour tout démêler. Après cela, il lui coupa ses cheveux selon ses instructions et observa le résultat d'un air peu convaincu. Puis il croisa son regard dans le miroir et haussa un sourcil.

- Tu es sûre de toi ? Ca te donne l'air bancale.

          Il lui avait laissé la mèche avec laquelle elle faisait sa tresse, mais également celle qui avait commencé à pousser à droite de son visage. Elle était en revanche bien plus courte, n'atteignant que le milieu de sa joue. Elle comprenait qu'il la trouve stupide, mais elle avait une idée en tête et il fallait passer par-là. Quand elle lui confirma sa décision, il haussa les épaules. Lorsqu'il récupéra le crocodile d'argent, toutefois, la jeune fille l'arrêta.

- Attends, il faut me teindre les cheveux avant !

- Ah, oui, j'avais oublié. En plus, comme je ne savais pas ce que tu voulais, j'ai pris plusieurs couleurs. J'ai même des paillettes. Fanny adore les paillettes.

          Tout en se plaignant du nettoyage que ces dernières impliquaient, il aligna les bouteilles de teintures les unes à côté des autres, du jaune, du rose, du bleu, du vert, de rouge, du mauve, de tout ! Plusieurs firent de l'œil à Romulée qui désigna finalement la bouteille rouge d'un air décidé. La teinte était peut-être un peu agressive, mais elle voulait qu'elle se démarque bien sur ses cheveux noirs.

- Je teins tout ?

- Non, juste les pointes de mes mèches.

- Je te préviens, c'est que la deuxième fois que je fais ça. Ne viens pas te plaindre du résultat.

          Appliquer la teinture ne fut pas très long, bien que les gestes du garçon soient lents, précautionneux et incertains. Puis vint le temps de pause. Allongés sur le lit, lui sur le dos, elle sur le ventre, ils échangeaient de temps en temps quelques mots sans grands intérêts, mais le gros de leur attention était porté sur la télé qui passait un film terrien avec des vaisseaux spatiaux et des sabres lumineux. Romulée en avait déjà entendu parler mais n'avait jamais eu l'occasion de les voir.

- J'aimerai bien aller dans l'espace, dit-elle.

- Mouais. Il y a déjà bien assez à voir sur AutreMonde.

- AutreMonde est une planète. Il y a des milliards d'autres ! Eh, ça se trouve, il y a des griffons sur l'une d'elle !

- Ca faisait longtemps que tu m'avais pas parlé de ces piafs, tiens, marmonna Wulf en levant les yeux au ciel. Il y en a peut-être encore ici.

Romulée Potter : OmoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant