Chapitre 1

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          Romulée adorait Harry. Plus que tout au monde. Vraiment, si elle devait choisir entre sauver l'humanité tout entière ou son jumeau, sa décision serait aussi facile que de respirer, aussi évidente que de répondre "bleu" quand quelqu'un pose la question "de quelle couleur est le ciel ?". Non pas que les gens posant cette question soient courants. Mais elle avait beau tenir à lui comme à la prunelle de ses yeux, à cet instant précis, elle ne pouvait nier avoir la furieuse envie d'attraper sa lampe torche et sa plume, de les jeter par la fenêtre (dont les barreaux n'avaient pas été remplacés), et de l'étouffer jusqu'à ce qu'il s'endorme. Bien qu'elle lui tourne le dos, elle apercevait tout de même la lumière qu'il projetait sur son livre dont il tournait les pages dans un bruissement lui semblant terriblement bruyant dans le silence. Quand la pointe de sa plume grattait son parchemin, elle grinçait des dents et elle devait retenir une remarque chaque fois qu'elle l'entendait claquer la langue ou soupirer.

          Il n'avait pas le choix, se disait-elle. Les Dursley n'avaient même pas la décence de le laisser faire ses devoirs dans la journée. Elle lui avait bien proposé de les emmener au manoir et d'étudier là-bas, mais il craignait de dévoiler l'existence des sorciers à des Moldus, ignorant que Monsieur Cooper était parfaitement au courant et qu'il s'assurerait qu'aucune personne qui ne soit pas dans le secret ne tombe sur l'un de ses livres ou devoirs. Harry avait refusé si fermement qu'elle n'avait pas beaucoup insisté et avait laissé tomber le sujet, ignorant alors que l'unique alternative allait tant la déranger. L'important était qu'il travaille. Au moins, il avait réussi à récupérer ses affaires, et il n'avait même pas eu besoin d'elle. Romulée avait même été impressionnée lorsque son frère était remonté dans leur chambre avec son matériel, arborant un sourire mi-malicieux, mi-victorieux en lui expliquant qu'il était allé crocheter la serrure du placard sous l'escalier pour récupérer ses affaires. Un petit tour que les jumeaux Weasley lui avaient appris, a-t-il expliqué. Elle s'était gardée de lui demander dans quel bourbier il allait se fourrer avec ces jumeaux et dont il ne lui parlait pas dans ses lettres, mais l'avait scruté de ses yeux plissés jusqu'à le faire se balader d'un pied sur l'autre.

          Un profond soupir lui fit enfouir son visage dans la fourrure de Tunra qui se recroquevilla un peu plus contre elle par réflexe. Plongé dans un profond sommeil, il se fichait bien de l'agitation des deux humains avec qui il partageait un lit. Son esprit était serein, lent et discret, une simple sensation dans un coin de la tête de Romulée plutôt que la présence constante à laquelle elle s'était habituée. Habituellement, il lui suffisait de se concentrer sur cette douce compagnie pour se laisser glisser lentement dans les bras de Morphée, mais cela devenait de plus en plus difficile. C'est dans des instants comme celui-ci qu'elle regrettait sa chambre chez les Mearah.

          Enfin, il referma son livre et éteignit sa lumière. Romulée sentit un sourire étirer ses lèvres en pensant qu'il allait s'endormir. A la place, il se redressa et se leva, poussant au passage leur drap en laissant son dos découvert. Cela n'aurait pas été trop gênant s'il n'avait pas décidé d'ouvrir la fenêtre, et certes, ils étaient en été, mais la nuit était fraîche et l'air qui vint caresser son dos dénudé par son t-shirt remonté la fit frissonner.

- Harry, grogna-t-elle d'un air menaçant.

- Désolé. Je t'ai réveillé ?

          Elle faillit lui faire remarquer qu'elle aurait dû être endormie pour qu'il puisse la réveiller, mais s'abstint de peur de le faire se sentir coupable. Elle se tourna vers lui en rabattant les draps dans le même mouvement pour observer sa silhouette appuyée sur le bord de leur fenêtre. Il regardait vers le ciel, cherchant probablement Hedwige qui n'était pas revenue depuis deux jours. Ses paupières commençaient déjà à s'alourdir, maintenant que le silence était revenu, lorsque son jumeau prit une inspiration surprise avant de l'appeler discrètement.

Romulée Potter : OmoisWhere stories live. Discover now