Les Princes de Valdor - Tome 1 : Le retour du Prince

Chapitre 4 - Le départ

     Dans la cour, quelques chevaux hennirent et des chariots se mirent en branle. Jhen fut réveillé par le bruit et grimaça. Il ouvrit les yeux et se redressa. C'était déjà le jour et l'heure à laquelle il se levait habituellement. Mais là, il avait très peu dormi. Pas assez en tout cas. Il fit quand même l'effort de se lever, puisque c'était le jour de son départ pour Valdor.

     Une fois debout, il se mit à gémir. Ses courbatures n'allaient pas le quitter de si tôt ! Il repensa aux événements de la veille ; la nuit des cérémonies, l'adoubement, le tournoi, les joutes, Jenna... Tout cela lui permit de démarrer sa journée de très bonne humeur, malgré sa fatigue et ses membres endoloris. Surtout qu'un autre rêve allait devenir bientôt réalité ; il allait repartir pour Valdor !

     Il fit une rapide toilette et, se tenant debout devant le miroir, il se contempla en souriant.

— Bonjour chevalier ! fit-il en riant. Aujourd'hui, on rentre au pays !

    Il rassembla ses affaires et prépara un sac pour le voyage. Puis il se rendit aux cuisines du palais pour prendre un déjeuner. Il prit aussi un peu de nourriture pour la route. Il salua alors ceux des serviteurs pour qui il avait de l'affection, et qui l'avaient vu grandir tout au long des dernières années. L'affection était réciproque et les adieux furent émouvants.

    Il rejoignit ensuite la salle des banquets pour saluer le Duc Julian qui y prenait son déjeuner lui aussi. Il lui présenta ses respects, à lui et aux nobles présents à sa table, et lui dit qu'il était sur le point de partir. Julian se leva et s'avança jusqu'à lui pour lui serrer la main.

— Alors je te souhaite une bonne route, mon jeune ami ! Et lorsque tu seras de retour à Valdor, salue bien ton père de ma part. Le Duc Hugo était un grand ami du roi Osric le quatrième, mon père, et j'ai moi-même beaucoup de respect pour lui... Sache que le palais de Montfort te sera toujours ouvert, et que j'aurai toujours plaisir à te revoir.

— Je vous remercie monseigneur. Et merci encore pour toutes ces années passées chez vous. C'est grâce à tous vos encouragements que nous sommes devenus ce que nous sommes aujourd'hui.

— Oh ! A vrai dire, ce que tu es aujourd'hui, tu le dois surtout à tes efforts, et à ton acharnement à toujours vouloir être le meilleur ! J'ai rarement vu quelqu'un d'aussi déterminé que toi. Ne perds surtout pas cette qualité, et garde toujours à l'esprit l'idéal que tu as appris à suivre. C'est ainsi que tu deviendras un chevalier de grande valeur !

     Jhen baissa la tête une seconde en guise de révérence et exprima une dernière fois sa reconnaissance au Duc Julian. Celui-ci le salua et se tourna vers son siège. Mais Jhen l'interpella.

— Monseigneur ?

— Oui, mon garçon ?

— Je souhaiterais saluer la princesse Jenna, avant mon départ, si vous m'y autorisez ?

Le Duc Julian resta silencieux un instant, puis répondit sans sourire, et en baissant singulièrement la voix.

— Oui, bien entendu... Tu trouveras Jenna dans ses jardins, en compagnie du Mage Karalïn.

     Jhen fut assez surpris du manque de chaleur dans le ton du Duc, et ne sut qu'en penser. Néanmoins, il le remercia en souriant. Le Duc lui rendit son sourire, hocha la tête et partit rejoindre ses invités. Jhen quitta la salle, sans voir le dernier regard soucieux que lui lançait le Duc. Puis il sortit du palais et marcha en direction des jardins.

     Le Mage Karalïn était un magicien très respecté à la cour du Roi Duncan. Comme Jenna avait manifesté dès son plus jeune âge quelques dons surnaturels, et une aptitude à la magie, le Mage avait été chargé de son éducation dans ce domaine.