Chapitre 38 : Dans les affres de la jalousie...

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Ils l'ont mise en cloque.

Ils ont profité de l'école d'hiver, du Trident, de la tentation et... ils lui ont filé un bébé, merde !

Oui, ils ! Parce que d'après ce que mes amies m'ont expliqué, elle a cédé aussi bien à l'un qu'à l'autre. Elle s'appelait Luciana, une légende à Atome. Et pour cause, Luciana, avant d'être membre de l'Élite, était tout d'abord un Anion.

Un. Putain. D'Anion.

À quel moment un Anion arrive à passer de ça, à la classe la plus élevée des Cations ? C'est tellement dingue, d'autant plus que tout le procédé demeure un mystère total jusqu'à ce jour.

Helena et Maddie se goinfrent du gâteau d'anniversaire devant une télé-realité coréenne, notre conversation déjà loin derrière elles alors que je campe là, à essayer de me jouer le scénario en tête.

Le moment où ils se sont mis d'accord pour la séduire.

Le moment où elle a résisté.

Celui-là où elle a cédé.

Les scènes à trois..., les nuits interminables et leur air mesquin alors qu'ils la prenaient ensemble.

Le jour où elle a compris qu'elle était enceinte sans en connaître le père.

Et ce moment où ils se sont moqué d'elle. La menaçant de tout dévoiler à ses parents si elle ne quittait le jeu. Et c'était une sacrée menace parce que Luciana est la fille d'un couple de pasteurs évangélistes. Des pasteurs évangélistes très strictes et très croyants. Le genre à publier dans les annonces du jour que leur fille est d'une virginité pure et à lui prévoir un mariage respectable, dans des conditions respectables, avec un mec respectable. Autant dire qu'il était évident dans l'esprit de tout le monde que dès l'instant où ses parents apprendraient la vérité, au mieux elle serait bannie de chez elle, sans nulle part où aller. Au pire, ils en finiraient avec sa vie, et tant pis s'ils devaient croupir en prison pour ça.

Pour s'assurer d'avoir une preuve, il paraît que les salauds avaient filmés leurs ébats, histoire de faire davantage pression sur elle. Et ça a marché. Luciana a déclaré forfait et nul ne sait ce qu'il est advenu d'elle ou de son bébé. D'après certains, les garçons l'auraient aidé à avorter. Pour d'autres, la grossesse a réussi à être cachée jusqu'à son accouchement dans un hôpital où elle a abandonné le bébé. Impossible de savoir.

Une sonnerie derrière moi coupe court à mes pensées. Je suis vautrée au sol, et Maddie couchée sur le sofa, est obligée d'enjamber mes mollets pour passer.

- Appel vidéo ! chantonne -t-elle.

Inutile de demander de qui.

Helena et moi nous lançons un bref regard avant qu'elle ne retourne à ses coréens, et moi à mon plafond.

Putain, je n'ai jamais pensé que la Récolte puisse prendre des allures aussi..., sadique. Et ma tête rejoue encore et encore, en boucle, l'histoire de cette fille qui a quitté le bas de l'échelle pour rejoindre les strass et les paillettes de la popularité avant de tomber en chute libre dans les tréfonds de l'enfer. Je la rejoue tellement, cette histoire, qu'au bout de quelques minutes je ressens l'envie de rendre tout ce que j'ai avalé.

- Toilettes, je demande à Léna en me redressant.

Sans quitter l'écran des yeux, elle me montre un couloir après la chambre de Tommy délimitée par les murs en vitre.

Je n'ai même pas le cœur à admirer le fait que même les toilettes de son Altesse sont grave chic, putain.

Je vide mon bouleversement, mon choc et l'appréhension terrible que j'ai soudain pour le Trident, dans le lavabo en me promettant de laisser tout ça derrière moi pour le reste de la soirée. Après m'être brossé les dents et avoir nettoyé, je m'apprête à retourner au salon quand la voix chuchotante de Maddie s'infiltre dans la salle par une porte que je n'avais pas remarquée. Les toilettes doivent être attenante à la chambre d'amis où elle s'est réfugiée pour plus d'intimité.

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