Chapitre 11 : Un but

700 52 8
                                    

*Helena en média*

PDV de Marie-Jeanne

Mon regard vole l'heure à ma montre : 18h25. Je m'apprête à quitter la chambre pour rejoindre les autres. Je devrais le faire. Mais au lieu de cela, je referme la porte pour m'y adosser, avisant une fois encore la silhouette défaite de Helena. La nuit n'a pas suffit à faire passer sa frustration dont je me reconnais coupable.

Notre récente amitié est encore fragile et briser sa confiance dès nos premiers pas est la pire chose que je pouvais faire.

Elle lève un regard vide vers moi avant de retourner dans la contemplation des pages de son livre qu'elle ne lit pas.

- Je suis désolée, Léna.

Si j'espérais que l'usage de ce petit surnom l'attendrirait, je me suis trompée lourdement. Toujours cette indifférence froide.

Agacée, je vais m'asseoir sur le lit, près d'elle.

- Je... Je ne voyais pas comment te le dire. Je te jure qu'on a rien fait, les photos semblent montrer autre chose mais...

Son rire sans joie me stoppe dans mon déballeterage.

- Parce que tu penses que c'est cette photo qui me met en rogne ? Sérieux ? Ok, tu m'as menti et ça, c'est pas rien mais... Jeanne, participer à la Récolte ?! As-tu réellement conscience de ce dans quoi tu t'impliques ?

Je souffle. C'était donc ça. Ses iris verts se voilent d'une vague d'inquiétude et je préfère cela à sa colère. Mais même si j'en meurs d'envie, je ne peux pas la contredire. Autant être claire dès le début.

- Je vais jouer, Helena.

Je sers sa main dans la mienne dans une vaine tentative de la rassurer.

- Écoute, je peux gagner...

- Et tu peux perdre !

Sa peau se mu en une pâleur que je ne lui ai jamais vu. De plus en plus nerveuse, elle se relève, arrachant sa main à la mienne.

- Tu. Peux. Perdre ! insiste-t-elle. Tu peux devenir comme moi... Un Anion. C'est ce que tu veux ? J'ai l'impression que tu n'es pas si informée que ça, finalement. As-tu une idée de ce que c'est que d'être un Anion ?

- Helena calme t...

- 04h ! C'est l'heure à laquelle nous nous réveillons chaque jour, pour que les salles de l'établissement soient rutilantes ; pour que serviettes et papier Q ne manquent à vos salles de bains ; pour que vos chambres soient rangées, nettoyées et embaumées pendant que vous vous douchez ; Nous faisons votre lessive, nous frottons le sol que vous foulez. Merde, il nous arrive même de tirer la chasse après vous ! Nous déposons à vos tables petit déjeuner, déjeuner et dîner avant même de songer à nous nourrir nous même. Le soir venu, quand vous vous reposez de votre si fatiguante journée dans les lits que NOUS avons faits, nous rangeons les salles de classe pour que les professeurs la retrouvent le lendemain comme ils les ont laissées la veille.

Elle inspire profondément.

- Nous. Sommes. Vos. Putain de domestiques à chaque seconde de nos vies ! Alors permets moi de te reposer la question, Marie-Jeanne Zenha : as-tu réellement conscience de ce dans quoi tu t'impliques ?

Merde.

Je me ratatine sur le lit, perdant de ma superbe.

Chaque mot qui sort de sa bouche me fait visualiser une existence dont je ne m'étais contentée que d'esquisser les traits jusque là. En fait... Je n'ai jamais véritablement ouvert les yeux sur elle.

Atome Where stories live. Discover now