Chapitre 31 : Quelque chose qui compte

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Il ne me faut pas plus de quinze minutes pour arriver à sa porte.

La petite glacière en mains, je toque une fois avant d'ouvrir la porte qui par bonheur n'est pas verrouillée. À pas discrets, je pénètre dans l'antre du Noyau en fermant derrière moi.

Une atmosphère sombre m'enveloppe dès que frôle le parquet du petit salon. La première fois que j'ai mis pied dans sa tanière, j'ai trouvé que l'endroit lui ressemblait peu, comme s'il n'était pas chez lui mais plutôt dans... dans un dortoir, quoi. Ok, c'est exactement ce que c'est, mais pour un lieu où tu passes tous tes jours pendant une année entière, il est plutôt neutre. Ma chambre à moi est déjà décorée de quelques photos de familles et des images des endroits que j'aimerais visiter après le lycée. Et aussi, il habite carrément une suite quoi ! À sa place je changerais la déco au moins dix fois par an ! Mais je jurerais qu'il a ces meubles standard depuis qu'il a hérité de la pièce en tant que membre de l'Élite et n'a jamais songé à modifier quoi que ce soit. Mis à part le bar qu'il remplit régulièrement de toutes sortes de spiritueux. Jettant un regard à ce dernier, je me remémore la stratégie qui nous a fait gagné le défi 2.

Les électrons rouges n'ont jamais su où se trouvait notre foulard. Je me demande s'il repose toujours au fond de la bouteille.

Mes pas me guident au fond du salon, près de la terrasse, là où une porte donne sur ce que j'imagine être sa chambre. Sans prévenir ma présence cette fois, j'entre dans son intimité, mon cœur faisant de petits bonds contre ma cage thoracique. Je suis immédiatement soumise à une odeur légère, fraîche et veloutée.

Son parfum à lui.

J'inspire à plein poumon en me disant que cette odeur pourrait bien devenir une drogue et Dieu sait combien je déteste les addictions. Prends garde, Jeanne.

Sans chercher à observer la déco, mes yeux tombent directement sur le lit où une forme humaine est enroulée dans des draps blancs plutôt épais, sa tête brune étant la seule partie de son corps à dépasser.

Il ressemble à un vers à soie.

Je glousse silencieusement et referme la porte derrière moi, et pour je ne sais quelle raison, je verrouille celle-ci en me plongeant dans l'obscurité légère de la pièce. Le comble serait que Amos débarque avec l'un de ces préservatifs à quinze centimes.

— Humm... je vais crever, Tommy ! grogne sa voix bourrue alors qu'il enfonce son visage dans l'oreiller.

Je souris en posant le bol sur une petite étagère près de la porte.

— De un, tu ne vas pas crever, et de deux, je ne suis pas Tommy.

Son corps s'immobilise un instant avant qu'il ne se retourne très très lentement, prenant soin de ne pas perdre sa couverture. Lorsqu'il se retrouve sur le dos, il plisse les yeux et m'offre un sourire adorable.

— Bébé.

Sa voix un peu plus rauque que d'habitude me fait fondre un instant avant que je ne me souvienne que ce n'est pas le moment. Je détaille le peu de lui que je peux voir en me rapprochant.

Ses cheveux partent dans tous les sens et il n'a toujours pas retrouvé des couleurs. Et n'importe qui pourrait constater qu'il a froid. Très froid. Car lorsqu'il se redresse en délaissant sa couverture à contrecoeur, je remarque qu'il porte un pull épais en-dessous. Lorsque j'atteins le lit, il s'assoit définitivement et me sourit de toutes ses dents blanches.

Il a l'air vraiment content de me voir.

J'aime qu'il soit content de me voir.

Je lui touche la joue pour jauger sa température, et putain, sa peau est glacée !

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