Prologue

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Les vagues laissaient une fine couche d'écume le long de la plage. Derrière la dune, la forêt de pins faisait tinter ses aiguilles comme une douce mélodie, à laquelle se mêlait la caresse de la brise. Virevoltant dans le ciel, les mouettes offraient une chorégraphie spectaculaire à tous les baigneurs en contrebas. Si on tendait l'oreille, derrière les cris des oiseaux, on pouvait percevoir le clapotis de l'océan.

Le sable brûlant sous ses pieds, Lya soufflait les bougies de son septième anniversaire en ce 6 Juin 2089. Une centaine de parasols étaient plantés sur l'une des nombreuses plages qui bordaient les Landes, et parmi ceux-là, celui de la famille Harris. Ils étaient assis sur la nappe de pique-nique, riant à chaque coup de vent qui risquait de tout faire envoler. Mourant d'envie de déballer ses cadeaux, avec l'impatiente bien connue de l'enfant, Lya ne cessait de jeter des coups d'oeil aux paquets à côté d'elle. Heureusement, ses parents finirent par céder et elle se précipita pour déchirer chaque emballage : nouveau portable, nouvelle montre connectée, etc. La petite était aux anges. Elle avait tellement hâte de pouvoir porter un implant, comme tout le monde. Elle pourrait ainsi voyager dans ce Nouveau Monde dont on parlait tant : le eWorld. Seulement, elle devait encore attendre trois ans pour l'obtenir, c'était l'âge limite que le gouvernement international avait instauré.

Parmi ses autres cadeaux, son père lui avait offert une magnifique bague, dans laquelle était incrustée un saphir. Lya la fixa un long moment, ne sachant trop quoi en faire, levant un sourcil, intriguée. Elle n'avait jamais vraiment compris l'utilité de porter ces bijoux d'une autre époque.

— Dès que je l'ai vu à la bijouterie, j'ai pensé à toi, lui disait François Harris, son père. Tu as vu ? La pierre est de la même couleur que tes yeux.

Elle l'avait remarquée en effet. Ses yeux, il était impossible de compter le nombre de fois qu'on l'avait complimenté sur ce sujet. Ils étaient d'un bleu profond, envoûtants, qui nétaient pas sans rappeler les abysses des océans.

— Fais attention, ce n'est pas comme la technologie de notre temps, ce saphir ne possède pas de fonction « anti-casse », la prévint François. Si tu n'y prends pas soin, elle risque de se fissurer ou même de se briser, continuait-il tout en sachant pertinemment que sa fille n'écoutait déjà plus ses recommandations.

Lya hocha la tête avant d'enfiler la bague à l'annulaire de sa main droite. Le bras tendu, elle la contempla de longues secondes ; une lueur semblait briller au fond du saphir, hypnotisante. Malgré tout, Lya finit par détourner son attention de la bague, pour se concentrer sur ses parents. Tous deux la regardaient, attendris. Elle les remercia pour les cadeaux en étirant les lèvres, sans se préoccuper de la dent qu'elle avait perdu hier, qui avait dailleurs laissé un trou béant en plein milieu de son sourire.

— Pouvons-nous aller nous baigner maintenant ? lança soudainement Lya.

Sa mère, Anne, poussa un soupir, en affichant une mine désolée.

— C'est trop dangereux, rétorqua-t-elle. Nous sommes dans une zone qui n'est pas surveillée par les secouristes et l'océan est particulièrement agité aujourd'hui.

Les enfants s'insurgèrent, d'autant qu'il y avait foule dans l'eau en ce jour de canicule. La tante de Lya décida de venir à leur aide, et s'approcha de sa soeur.

— Allez, détendez-vous ! C'est l'anniversaire de Lya, laissez-les s'amuser, les défendit-elle. Si ça peut vous rassurer, je resterai au bord avec eux. Je les surveillerai.

Anne échangea un regard avec son mari. Elle n'avait pas vraiment confiance en sa soeur, qui n'était pas du genre responsable ; en vérité, elle se comportait toujours comme une adolescente insouciante. Mais devant le regard de Lya, ils cédèrent encore une fois.

LYA - Tome 1. Prise de conscienceWhere stories live. Discover now