Chapitre 1.2 : Sacha

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— Franchement, je fais pitié !

— En effet.

— Super, merci papa !

— Tu souhaites que je te parle avec sincérité ou tu préfères que je tapote ton bras en marmonnant que tout va bien ?

— Balance. De toute façon, tu ne sauras pas te retenir.

— C'est juste, ricane Arturo. Écoute, mon fils : ton amour pour elle est trop évident. Elle n'a aucun effort à fournir : tu es là. Elle t'envoie paître : tu souris. Elle veut quitter le Sweetenstein : tu lui offres des chocolats.

— Bah c'est normal, non ? Elle allait se retrouver seule à des milliers de kilomètres, bougonné-je en regardant loin devant moi.

— Clara venait de foutre le bordel dans le pays ! Elle avait vendu des données sensibles à des pirates informatiques, elle t'insultait chaque fois que vous vous croisiez et elle a fini par aller vers des expériences nocives. Réveille-toi, bon sang ! N'as-tu jamais ressenti de colère ?

— J'avais trop peur de la perdre...

— Tu ne l'as jamais possédée, mon fils. Pas un seul instant. Vous étiez des camarades, c'est tout.

— C'est dur.

— Mais c'est vrai, je me trompe ?

— Non. J'ai tout imaginé. Tout vient de ma tête...

— Je ne le crois pas. Tu es lucide, tu n'aurais jamais inventé une affection sincère entre vous.

— Comme tu le soulignes, ça n'était sûrement que de la camaraderie...

— J'en reviens donc à ma conclusion de tout à l'heure : tu abandonnes maintenant qu'elle a enfin grandi et qu'elle se trouve à quelques kilomètres de toi ?

— Comment veux-tu que je m'y prenne ?

— Si je résume bien, le Sacha qu'elle connaît ne lui convient pas. Par ailleurs, tu m'expliquais que tu agissais ainsi par peur de la perdre.

— Oui, et alors ?

— Maintenant que tu as compris que tu ne l'avais jamais acquise, la peur de la perdre n'a plus lieu d'exister.

— Dis ça à mon cerveau...

— Tu es arrivé ici en étant convaincu que tes efforts n'avaient mené à rien. Puisque tu pars du néant, quel risque prends-tu ?

— Des risques pour quoi ?

— Pour la conquérir, pardi ! N'est-ce pas ce que tu souhaites ardemment ?

— Bien sûr, mais mes tentatives s'avèrent sans résultat ! Elles ne l'ont poussée qu'à s'éloigner.

— Cesse d'essayer dans ce cas.

— Je croyais que tu me conseillais de ne pas abandonner ?

— J'ai surtout précisé que tes manigances étaient trop visibles. Dès que tu parles d'elle, un sourire niais s'affiche sur ton visage. Masque tes sentiments, deviens inaccessible !

— Et c'est comme ça que Luisa pensait que Zaccaria ne l'aimait pas et vice versa, ironisé-je.

— Ce qui les a conduits à faire preuve d'attention l'un envers l'autre. Puisqu'ils ne se comprenaient pas, ils étaient aux aguets. Clara te connaît trop, elle n'a même plus besoin de te regarder pour deviner ton état d'esprit.

— Tu me suggères de tricher ? De lui faire croire qu'elle m'indiffère, par exemple ?

— Appelle cela comme tu veux, mais tout me porte à conclure que tu es trop transparent pour elle.

Bienvenue au Sweetenstein - Tome 3 [Éditée]Where stories live. Discover now