5. L'arrivée à la gare

36 3 0
                                    

Au moment de sortir du train, mon angoisse est sur le point d'exploser à l'intérieur de ma poitrine

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Au moment de sortir du train, mon angoisse est sur le point d'exploser à l'intérieur de ma poitrine. Sans cesse dans ma tête, je me répète que ce n'est rien, mais ma phobie des gares me rattrape par le cou de manière fulgurante. Mon corps tout entier brûle, je sue sous ma chemise et je me tourmente à cette idée. Il me semble que mon cœur va détoner d'une minute à l'autre au moment où je m'apprête à sortir. Tout est dans ma tête, j'ai l'impression d'être une tâche noire sur une feuille blanche et de gêner tout le monde. Mes jambes sont molles tant je m'affole pour m'extirper avec vitesse du wagon, mes bagages sous les bras. Il faut que je me dépêche : j'appréhende le temps et chaque secondes qui défilent, je crains la foule de monde et chaque roues de valises qui crissent sur le béton. Lors de mon hospitalisation, le psychiatre m'a parlé de l'agoraphobie. Cette peur de l'extérieur et de la foule, qui me presse et me pousse à réfléchir à cent à l'heure. Dans mon crâne, c'est un schéma à l'effet papillon. Je calcule tout, pour éviter d'être débordée d'informations. Si je décide d'une action, tout peu changer en fonction de ma décision et si ce choix vient à augmenter mon anxiété au lieu de la diminuer, c'est qu'il s'agissait d'une mauvaise idée. Dans ce genre de situation, je ne m'accorde pas le droit à l'erreur. L'erreur étant de dévier de mon organisation et de mes habitudes. C'est tout un circuit.

Je m'accorde une petite minute pour respirer. Tout va trop vite dans ma tête. C'est un carnage à l'intérieur de mes pensées. Mais je prends cette situation comme une épreuve, un défi. Je dois me reprendre en main. D'un pas rapide, je sors du wagon, ma valise sous le bras. Dans quelques minutes, je retrouve Danie et Louis, qui m'attende sur le parking de la gare. Je slalome entres toutes ces personnes qui cherchent et recherchent leurs proches, ou qui suivent un chemin bien tracé. Certains ont l'air d'avoir l'habitude. J'aimerais moi aussi ne plus avoir cette boule au ventre à chaque fois que je prends un train, ou n'importe quel autre moyen de transport d'ailleurs. Je remonte le quai pour rejoindre le hall de la gare. Il y a tellement de monde. C'est même carrément bourré de monde. Mon cœur palpite. Je suis angoissée à l'idée d'être ici, au beau milieu de tout ce monde, et en même temps stressée à l'idée de rencontrer les autres. J'ai hâte, mais une partie de moi ne peut s'empêcher d'imaginer mille scénarios.

La porte de la gare. Je la vois de mes petits yeux. Je file droit devant, ma valise à la main. J'ai l'impression que l'on entend que mes roulettes sur le béton, je me sens épiée de tous les côtés. Mais ce n'est pas grave, j'avance. Une fois arrivée à l'extérieur, je respire enfin. Une grande inspiration, puis une longue expiration et je retrouve un certain calme intérieur. Maintenant, il faut que je trouve le parking. Je ne sais pas si les garçons sont déjà arrivés. Je suppose que oui. Mais ils auraient tout de même pu m'attendre devant la gare. J'avance en direction du parking, le téléphone à la main.

De moi : Vous êtes où ?

Alors que je termine mon message, derrière moi une main vient se poser sur mon épaule. Je sursaute. Au même instant, je me retourne et je vois enfin le visage de Louis. Il est là, devant moi. En chair et en os. Ses cheveux ébouriffés noirs, ses yeux bruns, sa peau pâle, ses grandes cernes. Il est le même que dans les photos et vidéos. Sans aucune gêne, et pourtant je suis quelqu'un d'assez réservée, je lui saute au cou.

The Summer of the Stars [EN PAUSE]Where stories live. Discover now