4. Le départ

33 4 0
                                    

Nous sommes mardi

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

Nous sommes mardi. Cela fait plusieurs jours que j'attends ce moment. Dans les escaliers, papa descend ma valise tant bien que mal. Elle est plus lourde que ce que je pensais. Je pars pour au moins trois semaines, alors j'ai essayé d'entasser mes affaires du mieux que je pouvais. Aujourd'hui, j'ai rapidement bouclé mes cheveux noirs, et puis je me suis maquillée pour l'occasion. Je me trouve jolie. Par contre, je porte mon jean le plus large et mon t-shirt blanc oversize, parce que je vais devoir prendre le train ce matin. Mon confort à moi, c'est les vêtements larges quand j'angoisse. Je me sens moins à nue. Parce que oui, aujourd'hui je prends le train, mais j'ai une phobie terrible des gares. J'angoisse jusqu'à ce que j'arrive à destination. J'ai peur de rater mon train, peur de ne pas avoir de place, peur de me faire voler ma valise, peur de gêner quelqu'un à côté de moi, peur des changements de gare. En gros, tant que je ne suis pas bien arrivée à destination, je flippe.

« Andrée aide moi à la prendre par en bas s'teuplait, s'exclame mon père en parlant de la valise.

Je me précipite vers lui pour la lui prendre. Les escaliers sont étroits, c'est pas simple. Une fois la valise sur le sol de l'entrée, mon père descend les dernières marches en frottant ses mains.

Il me jette un regard. Ses yeux sont doux. Dans un moment d'émotion, son regard s'emplit de larmes. Il ne veut pas pleurer, il ne le fera pas. Mais il est ému et c'est rare. C'est rare qu'il me le montre. Je l'observe de la même manière et il me fait signe de venir dans ses bras. Mon petit corps se met contre le sien. Mon papa à moi. Sans savoir pourquoi, j'ai cette nouvelle vision qui me revient. Celle du soir de mon overdose, quand il m'a retrouvé presque morte sur le sol. Aucun père ne veut voir une chose pareille dans sa vie. Je ressens un sentiment de honte et d'ingratitude. J'ai l'impression d'être la mauvaise fille, celle qui dévie du chemin que ses parents avaient prévu pour elle. Je suis celle qui souffre et fait souffrir par sa souffrance.

« Je tiens à toi marmotte, murmure mon père.

— Moi aussi, papa. Moi aussi.

— Je sais que tout ira bien, et même si ça vient à ne pas aller, tu m'appelles. D'accord ? Tu as le droit de m'appeler à n'importe quelle heure, parce que je suis là. Je serais toujours là pour toi, le temps qu'il faudra.

— Je sais papa, continué-je.

— On n'est peut-être pas les meilleurs parents du monde avec ta mère, mais on fait de notre mieux. On ne t'abandonnera pas marmotte. Je veux que tu profites de tes vacances, tu es grande. Tu sauras faire les bonnes choses, j'en suis certain, poursuit-il.

Sur ces dernières paroles, il me serre un peu plus fort dans ses bras. Depuis le salon, Élisabeth hurle.

— Et moi, mon câlin !

Elle accoure jusqu'à nous avant d'enrouler ses bras autour de nous. Nous sommes tous les trois et c'est la première fois depuis au moins dix ans que ce geste n'est pas arrivé.

The Summer of the Stars [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant