Prologue

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Andrée

Soudain, l'environnement autour de moi prend des couleurs plus agréables. C'est comme si un magnifique kaléidoscope avait remplacé mes deux yeux verts. Dans ma poitrine, je ressens de plus en plus mon cœur. Il bat bien plus vite. Ses palpitations deviennent de plus en plus fortes et elles sonnent dans mes oreilles comme une cloche étouffée par du coton. Déstabilisée, mon regard s'attarde sur mes mains. Lorsque je les fais virevolter face à moi, c'est comme si une brise de vent me frappait les tympans. Mes paupières peinent à rester entrouvertes et je perds brusquement l'équilibre. Ma tête tourne. Encore à moitié consciente, je tente de me rattraper au meuble-lavabo. Une fois ma stabilité approximativement retrouvée, mon regard à moitié paranoïaque croise mon reflet dans le miroir.

La jeune fille que j'affronte devant moi me paraît complètement défoncée. Ses cheveux bruns lui arrivent légèrement au-dessus des épaules, son visage pâle est certainement encore plus terne à cause des substances qu'elle a consommé. Sans parler des cernes violacées qui, pour une fois, ne sont pas camouflés par l'anti-cernes de maman. Mes lèvres échappent un rire qui me paraît lointain lorsque j'arrive à réaliser qu'il s'agit bien de moi. Soudainement, mes jambes s'effondrent, comme si le monde à mes pieds s'écroulait. C'est irréel. Dans ma chute, en tentant de m'agripper à la vasque froide, des tas de produits de beauté de Clara et deux boîtes, pleines de comprimés, m'accompagnent dans ma descente.

Le poids de mon corps qui s'écrase contre le carrelage de la salle de bain provoque un vacarme d'enfer. À présent, une étrange concentration s'installe à l'intérieur de mon esprit. Mes pensées me semblent si légères et pourtant : je suis certaine d'avoir commis une nouvelle bêtise ingérable et totalement hors contrôle. Jonchée sur le sol, la sensation d'un point dans mon dos se fait ressentir, et je ne saurais dire s'il me fait mal ou s'il est plaisant. Les sensations qui grouillent à travers mon corps me paraissent aussi fabuleuses que confuses. C'est comme un rêve, rien ne semble pouvoir m'atteindre.

Tout à coup, j'ai comme l'impression que mon corps se met à quitter le sol, comme si je volais ; ce que j'ai toujours voulu. Le poids que je ressentais en moi devient nettement moins lourd et je laisse échapper quelques rires faibles et lointains. À vrai dire, je crois que des ailes poussent dans le creux de mon dos et je souris bêtement rien que d'y songer.

Mes paupières s'écarquillent avec faiblesse, afin d'observer à nouveau ces couleurs et formes qui animent l'atmosphère de la salle de bain. Dans cette pièce à la profondeur qui se révèle différente, ma vue oscille, les nuances jaillissent et les objets semblent éprit d'une agitation intérieure. Un tressaillement parcourt mon être l'espace d'un instant - je crois que j'aime ce sentiment. Mon cœur bat toujours, j'en suis sûre. Après tout, c'est ce que j'ai toujours voulu.

Soudain, tout devient plus flou, tout devient plus sombre. L'air est lourd et il devient difficile pour moi de répéter les gestes instinctifs de respiration. Une voix extrêmement lointaine hurle. Une forme imprécise flotte devant ma vision avant que mes paupières ne se referment, bien trop impuissantes face à la quantité d'anxiolytiques ingérés. Alors, des sortes de chatouilles me titillent la joue, ou bien des gifles. Je ne sais pas trop, et puis cette voix semble encore crier, mais je n'arrive plus à comprendre. Après tout, je ne cherche pas à comprendre quoi que ce soit.

Cette fois-ci, j'ai comme l'impression de sentir mon corps se détacher du sol. Maintenant, j'aimerais ouvrir les yeux, mais je ne peux pas. La petite voix dans ma tête me signale qu'il est l'heure de m'endormir. Alors, ma raison me quitte petit à petit, me coupant de la réalité, en m'invitant à somnoler un peu. À l'heure actuelle, c'est un autre monde que j'ai en moi, c'est une délivrance temporaire. Après tout, je me réveillerais bientôt.

Puis, en une fraction de seconde, tout devient noir, beaucoup trop noir pour que je sois toujours capable de penser ou réfléchir. Des milliers de femmes me hurlent aux oreilles, elles m'appellent à l'aide. Ma gorge se serre et l'air autour de moi me paraît étouffant. Et puis, ce vide.

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Bénédicte

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The Summer of the Stars [EN PAUSE]Where stories live. Discover now