Chapitre 2 : Nouvelles personnes

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— Qu'est-ce qui se passe entre vous finalement ? me demande Nikolas.

Nous sommes en pause pour une bonne heure, en attendant notre prochain cours. Nous sommes dans le jardin de l'université, sur un banc, nos gardes du corps encerclant l'endroit où nous sommes. On est à découvert, ils sont tendus, une fois de plus, plus que d'habitude. Nikolas n'a pas l'air de s'en préoccuper mais je le remarque, ils ne sont pas comme d'habitude, ils sont bien plus stressés. Trop stressé.

— Je ne sais pas Niko, depuis ma tournée royale il a changé... dis-je en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

— Ta tournée à fait décoller ta cote de popularité alors que la sienne stagne, tu es de plus en plus populaire. Le peuple t'aime alors qu'il le tolère juste lui.

— Le peuple aime Alexandre ! dis-je en haussant un peu trop la voix.

— Pas assez pour un héritier, pas autant que toi, dit-il en renchérissant.

— Qu'est-ce que je peux faire ? Arrêter de sortir ? Snober la presse ? Ne plus faire d'engagements ? Je n'y peux strictement rien si je suis populaire, je n'y peux rien si je suis aimée, je n'y peux rien si je suis franche, je n'y peux rien si je suis moi ! m'emportais-je.

— C'est bien ça le problème, c'est que tu es toi. Alexandre joue un rôle, en tout temps même en privé. Il n'est pas lui-même, il n'a jamais été lui-même. Tu n'as jamais voulu jouer un rôle, même quand tes parents ont essayés de te l'imposer, c'est ça le problème, m'explique Nikolas, enfin son ressenti.

— Qu'est-ce que je peux faire ? dis-je alors que les larmes me montent aux yeux.

La situation me touche plus que je ne puisse l'admettre, j'aime mon frère. J'ai beau faire la jeune femme forte, sûre d'elle et j'en passe : ce que je suis. J'aime mon frère et cette situation m'affecte. Je voudrais retrouver notre complicité, nos moments à nous mais j'ai l'impression que cette époque c'est évaporé.

— Rien Vic, tu ne peux rien faire. C'est à lui de t'accepter comme tu es, c'est à lui de faire les efforts. Tu n'as pas a changé pour qu'il t'accepte, c'est à lui de t'accepter comme tu es, dit Nikolas en se mettant plus à côté de moi, me prenant dans ces bras.

J'essuie discrètement les larmes qui perlent au coin de mes yeux. Nikolas resserre son étreinte autour de moi, m'embrassant le crâne. Nous restons un moment comme ça tous les deux, des personnes nous observent au loin mais nous ne nous en préoccupons pas. Je me remet de mes émotions, je les met de côté plutôt.

— Bon, et toi comment tu vas ? finis-je par demander en me redressant et lui faisant face sur le banc, pivotant légèrement de côté.

Nikolas me dévisage, un peu trop longtemps à mon goût. Qu'est-ce qu'il me cache ?

— Nikolas ? dis-je un peu perdu.

— Le gouvernement met la pression à mes parents pour que je retourne en Russie. Je n'ai pas envie, je ne suis pas encore près. Déjà que j'ai dû passer six mois là-bas pendant ta tournée, j'ai besoin de me préparer. J'ai besoin... J'ai besoin, enfin tu as compris, dit-il en déviant le regard.

— Tu as besoin de te préparer à ta fonction, tu as besoin de comprendre ton rôle et tu as besoin de comprendre ta sexualité, dis-je marquant une pause. N'est-ce pas ?

Un blanc s'installe entre nous, Nikolas ne dit pas un mot. Il ne me regarde même pas, ses épaules bougent légèrement me faisant comprendre qu'il se retient du mieux qu'il peut pour ne pas imploser en public.

— Nous ne sommes pas obligé d'en parler Nikolas, sache que je serais toujours là pour toi, que tu peux m'en parler à n'importe quel moment, je serais toujours à ton écoute, tu le sais ? dis-je en posant ma main sur son avant-bras.

VICTORIA - Tome 1 : La princesse royale du royaume d'Angleterre Where stories live. Discover now