Chapitre 4 - Alba

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Lundi 8 janvier

Ce lit est tellement confortable que j'ai l'impression de ne pas réussir à le quitter chaque matin depuis que je suis arrivée ici. Je fais un effort pour me lever quand même et aller couper le réveil de mon téléphone. Je le mets toujours loin du lit avant de dormir pour me forcer à me lever pour l'éteindre. Et ça fonctionne, parce qu'ensuite je suis forcément réveillée. Ce matin ne déroge pas à la règle, mais le six heures du matin qu'affiche mon téléphone pique fort. J'étais en visio avec ma meilleure amie jusque tard hier soir, mais je devais absolument lui faire visiter l'espèce de château dans lequel je suis. Et évidemment, elle était tout aussi choquée que moi.

J'avais l'habitude de regarder la Star Academy quand j'étais petite avec ma mère et on a regardé la dernière saison en replay. Je crois que nous n'avons loupé aucun épisode. Ma mère est une grande fan de Operación Triunfo, la version espagnole de la Star Ac', et évidemment elle a voulu regarder la version française, qui soyons honnête est bien meilleure que chez moi.

J'enfile un jogging et un hoodie, prête à aller affronter le froid pour courir. J'ai toujours eu cette habitude depuis plusieurs années d'aller courir le matin avec ma voisine. Elle fait partie d'une équipe d'athlétisme et pour rire une fois je lui avais proposé de l'accompagner le matin, depuis c'est devenu une habitude. Et je n'ai pas l'intention de perdre cette habitude même si je suis dans la capitale française. Je me dis que je vais bien trouver un endroit sympa où courir même si j'ai un peu peur de me perdre. J'enfile mon brassard de course, démarre mon téléphone avec la géolocalisation et le suivi de ma progression. Ensuite je le glisse dans le brassard que je referme.

Je descends pour sortir, mais je suis plongée dans le noir complet. Tout le monde dort encore, ce qui n'est pas étonnant vue l'heure. Mais il règne un silence de mort et ça me ferait presque flipper d'être dans cette immense bâtisse sans bruit. Je descends les escaliers prudemment, mes baskets à la main pour ne réveiller personne.

Valeria m'a prévenue que je pouvais prendre ce que je voulais pour le petit-déjeuner, alors je pique une clémentine que je mange en vitesse avant de sortir.

J'enfile mes baskets et suis saisie par une bourrasque de vent glacial.

Bon OK, j'aurais peut-être dû m'habiller encore plus chaudement.

Un frisson me parcourt et une voix me fait sursauter :

— Déjà debout ? T'es bien matinale !

Je relève la tête et scrute à droite puis à gauche, à la recherche de la personne a qui appartient cette voix, même si j'ai ma petite idée.

— Mais tu m'as fait peur ! Ça va pas d'effrayer les gens dans le noir ?

— Alors quoi, tu as peur du noir ? Tu devrais peut-être pas aller courir toute seule de si bon matin par ici...

— Quoi ? m'écrié-je un peu trop fort. J'ai pas peur du noir ! Mais tu m'as effrayée, sérieux, je m'attendais pas à ce que tu sois réveillé, c'est tout.

— Ouais, mais ça n'empêche pas que tu devrais pas aller toute seule.

— Tu vas me dire que c'est dangereux et que je vais me faire enlever au prochain croisement, c'est ça ? Merci, mais je sais me défendre.

— Alba, je suis sérieux.

Je perçois ses yeux à travers la nuit et ils n'ont pas l'air de rigoler, en effet. Il me ferait presque froid dans le dos. Son ton dur et ses yeux cernés font peur à voir. Il porte un gros pull dans lequel il a l'air de flotter alors que je sais qu'il est musclé, et on dirait qu'il n'a pas dormi depuis dix jours. Ses tatouages sont cachés par son pull, si bien qu'on ne dirait pas qu'il est tatoué du tout.

Sans filtreWhere stories live. Discover now