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On arrive au niveau du ponton en bois où tous les bateaux sont amarrés. Harry lance la corde à l'une des deux personnes qui nous ont accueillis tout à l'heure. Ils échangent des banalités, surtout pour savoir si tout s'est bien passé durant notre balade. Une fois la corde attachée au ponton, Harry sort du bateau pour rejoindre le ponton. Une fois qu'il est sur le ponton, il me sourit et me tend le bras. Je l'attrape, il me serre le bras, et me tire vers lui. Je suis à deux doigts de tomber, mais il me fait basculer entre ses bras pour amortir la chute, mais je l'entraîne en même temps que moi, et la seconde d'après, on est au sol. Je suis sur lui à terre, je le regarde, et j'ai l'impression de perdre tous mes moyens. Je sens que je rougis, mais je vois que lui aussi rougit au bout de dix secondes. Il me dit :

"Tu pourrais te relever, s'il te plaît. Ce n'est pas que je n'apprécie pas ta compagnie, mais les messieurs nous attendent." Il me le dit d'une voix tremblante.

"Oui, désolée." Je me relève, toujours aussi rouge, je suppose. J'ai tellement chaud que je pourrais faire fondre un glacier. Harry suit les deux personnes, sûrement pour régler la note. Au passage, il me regarde avec une expression dans son regard, que je décrirais comme de la timidité mêlée à de l'envie. J'ai l'impression d'avoir à nouveau 14 ans dans la cour du collège quand j'ai eu mon premier crush amoureux. C'était un des mecs populaires du collège. J'étais une fille assez réservée, mais ma meilleure amie de l'époque était une des filles populaires. Enfin, je pensais que c'était ma meilleure amie. Ce gars qui m'intéressait était son ami. Elle avait essayé de faire l'entremetteuse, mais ça n'avait pas marché. Il était intéressé par une autre fille qui, elle, était populaire. Mais ce n'est pas grave. Quand je vois ce que sont devenus les populaires du collège au lycée, je me dis que le destin avait bien fait les choses. Mais tout ça pour dire que je n'avais pas ressenti ça depuis le collège. Même si j'ai eu quelques relations entre-temps, ce sentiment n'était pas arrivé tout de suite. Il fallait que je le fasse naître et que je l'entretienne. Celui-là ne fait que grandir en quelques heures. Je n'ai plus envie de le quitter.

On arrive devant le comptoir. Harry sort sa carte avant même de connaître le montant.

"Ça vous fera un total de 2000 euros, pour la bouteille et la location du bateau, plus la taxe de nuit." Je regarde Harry pendant que le gars dit le montant, et son visage ne change pas d'expression. Il doit être habitué à entendre des montants pareils, mais pas moi. On repart de l'embarcadère à bateaux, et je ne peux pas m'empêcher d'en parler à Harry.

"Harry, t'es dingue, 2000 euros ! On aurait pu regarder la tour Eiffel depuis le quai."

"Non, t'inquiète pas. Pour ma sécurité, c'était mieux. Ça évitait qu'on se fasse déranger, et j'ai vraiment pu profiter de ce moment avec toi."

"J'espère que tu ne dis pas ça pour que je me sente moins coupable."

"Non, ne t'inquiète pas. Maintenant, trouvons une boulangerie ouverte. Je veux mon pain au chocolat parisien."

Après une vingtaine de minutes de marche, on trouve une boulangerie ouverte. On va sûrement être leurs premiers clients. On rentre dans la boulangerie, et une petite dame d'une soixantaine d'années nous accueille. Je lui parle en français, et Harry en anglais.

"Bonjour", je lui dis, et elle me répond .

"Hello", Harry lui dit, et elle lui répond en anglais cette fois.

Je demande à la dame : "Vous parlez anglais ?"

"Oui, bien sûr. À Paris, c'est important." Je lui demande des pains au chocolat, et je ne sais pas comment la conversation entre elle et Harry dérive, mais il lui dit qu'il a déjà travaillé dans une boulangerie, qu'il servait les gens, et maintenant, il sert les gens avec des chansons. Il apporte toujours du réconfort aux personnes, mais plus sous forme de nourriture. Les mots qu'il utilise sont très beaux. Je ne pense pas que la boulangère sache vraiment qui est Harry. Elle lui demande même ce qu'il chante, et il lui fait écouter quelques extraits. Il lui dit que si elle veut, ils peuvent prendre une photo tous les deux pour la poster sur Instagram en anonyme. Comme ça, leur boulangerie deviendrait un lieu touristique, au moins le temps d'une journée, puisque les fans essaieront de retracer sa trace. Elle accepte, et Harry lui dit qu'il postera la photo sur son compte anonyme dans quelques heures, le temps qu'il soit assez loin. Je ne sais pas si elle comprend vraiment l'impact que cette photo va avoir, et Harry fait vraiment ça de bon cœur, sans attendre rien en retour. Je ne sais même pas si elle pense qu'il va vraiment le faire, même moi, je ne sais pas. Après ça, on repart de la boulangerie avec nos deux pains au chocolat et deux chocolats chauds.

"Tu habites loin d'ici ?", Harry me demande entre deux gorgées de chocolat.

"Environ à trente minutes de marche, je dirais à vue d'œil."

"Bien, ce sera nos trente dernières minutes ensemble, si je comprends bien, du moins pour aujourd'hui."

"Oui, je t'aurais bien dit de venir te reposer un peu chez moi, mais mon meilleur ami dort dans mon lit, sinon il faudra se serrer."

"Non, ne t'inquiète pas. J'ai le sentiment qu'on se reverra assez vite, du moins je l'espère."

"Je l'espère aussi, Harry. Mais tu vas rentrer comment ?"

"Je vais appeler un Uber une fois devant chez toi."

"D'accord, et comment je suis censée te recontacter après ?"

"Je t'aurais bien donné mon numéro, mais j'ai un numéro britannique, et pas sûr que ça passe tout le temps. Sinon, j'ai WhatsApp, vous avez ça en France ?"

Je me mets à rigoler.

"Pourquoi tu ris ?", Harry s'interroge.

"Bien sûr qu'on a WhatsApp. Désolée, il est tard, je ne voulais pas me moquer." Mais mon fou rire continue pour si peu, mais il a l'air d'être contagieux, puisque Harry commence à rire aussi.

Plusieurs minutes après, on arrive dans ma rue. Je sens que l'atmosphère devient pesante pour moi et pour lui, car on sait que ce sont nos dernières minutes ensemble. Je donne mon adresse à Harry pour qu'il commence à commander un Uber. Il tape l'adresse de son hôtel et mon adresse. L'application met cinq minutes d'attente. On arrive devant la porte de mon immeuble. Harry me regarde, et je le regarde en retour. Je ne sais pas quoi dire, et lui non plus. Après une minute à se regarder, Harry commence à me regarder. Il bouge les lèvres, mais aucun mot ne sort. Ses yeux font des allers-retours entre les miens et mes lèvres. Je hoche la tête comme pour approuver les mots qu'il n'arrive pas à prononcer, et il a remarqué que j'étais d'accord. Il fait un pas vers moi, et j'en fais deux. Il entoure ses bras autour de moi, et les miens autour de lui. Il commence à m'embrasser, et je lui rends son baiser. Ça dure une dizaine de secondes, mais j'ai l'impression que c'était plus long que ça. On se fait interrompre par son Uber.

"Louise, je peux t'offrir un poste de stagiaire en photographie jusqu'à la fin de ma tournée, si tu veux. Ne réponds pas maintenant, réfléchis. On part pour Amsterdam à 13 heures. Rejoins-moi devant mon hôtel si tu es d'accord."

"Harry..." Il monte dans son Uber, et la porte se ferme. Dans tous les cas, il sait ce qu'il fait. Il ne me dit pas au revoir pour que je vienne à 13 heures, peu importe ma réponse. Il sait très bien qu'on ne peut pas se quitter comme ça. Mais qu'est-ce que je vais faire en attendant ? Je dois remonter dans mon appartement.

Ma rencontre avec une star ...حيث تعيش القصص. اكتشف الآن