| Chapitre 19 |

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La colère stagne à l'intérieur de mon être. Elle est là, silencieuse et pourtant mordante. Tant que je ne me serai pas éloigné d'Aleksander, de mon imposteur, elle restera. Pire encore, si je ne fais rien, elle pourrait me pousser à commettre l'irréparable. L'une comme l'autre tentation ne doivent pas être envisageables : je ne peux ni mordre Lincoln ni prendre la vie de cet enfoiré pour porter la marque de mon âme sœur.

En cet instant, mon loup, tout autant que moi, penche pour la seconde option. De part la discussion échangée avec Aila, ce rappel désagréable et affligeant de leur façon de me voir, de voir Apollyon, ma frustration n'a fait que de s'accentuer. Entremêlée à la colère, je sais que cela ne peut qu'être dangereux.

Pour eux, et non pour moi.

Il suffirait d'une seule perte de contrôle, rien de plus...

— Tu peux te calmer. Il est inutile de t'agiter.

— Ferme ta putain de gueule, Lincoln.

Je réagis, piqué au vif.

Loin de le prendre pour soi, l'alpha de Neptune se contente de prendre place auprès de moi. Appuyé contre le mur de la chambre, son épaule frôle sciemment la mienne.

Et si habituellement ce contact m'aurait apporté un semblant de paix, après ce qui s'est passé, c'en est l'exact opposé.

— Regarde-le.

Mon loup claque des mâchoires dans une menace évidente.

Je hausse les sourcils et tourne la tête vers ce bâtard de merde.

— Que je regarde qui ?

— Regarde-le, réitère-t-il, conscient du fait que j'ai parfaitement bien compris.

— Je n'ai rien dit dans le parking, je n'ai rien fait non plus. Alors merde, ne me tente pas parce que je suis à deux doigts de te faire rejoindre tes ancêtres.

Une lueur amusée passe dans les yeux onyx. Ceux-là se limitent simplement à fixer la porte de la salle de bain où se sont enfermé les têtes à claques et mini moi pour trancher de mon futur auprès d'eux.

J'ai une chance sur deux d'être refusé comme l'a été Lincoln. Autant dire que je ne peux me le permettre, quand bien même cela m'aurait fait ni chaud ni froid il y a peu.

Seul, je me dirige vers une mort certaine.

— Lorsqu'il sortira de la pièce, regarde-le.

Prêt à l'envoyer chier, je n'en fais rien à l'ouverture de la porte de la salle d'eau. Naturellement, mon regard s'oriente sur le clan sans que mon loup ne daigne désirer offrir de son attention un seul instant à cet homme. Puis finalement, que je le veuille ou non, je dérive mon intérêt vers Alek en dépit de ma colère agitée.

— Passe au-dessus de ton ressentiment, et regarde.

Mes iris survolent les griffes violemment marquées sur le visage du blond. Fraîches et profondes, elles hurlent la douleur qu'elles ont causée sur leur passage. Si cela ne fait qu'intensifier mon état intérieur au lieu de savourer l'idée de la souffrance reçue, le tout disparaît dans la seconde dès lors que je réalise mon erreur. Comme un souffle, tout retombe et me laisse un goût amer en bouche pour ma stupidité affligeante.

Mes lèvres se pincent. Je me force cependant à les délier afin de pouvoir reprendre la parole.

Bordel, quelle gêne...

— Tu ne l'as pas marqué.

— C'est fascinant comme la pression que tu mets dans tes griffes peut faire toute la différence. Un peu moins et comme toi, il n'aurait eu plus rien dans l'heure. Un peu plus, juste un peu, au point de frôler le marquage, et ça en fait une simple et basique cicatrice.

Cœur Obscur [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant