26. Enfin chez soi

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- On est où, là ? demande Amelia

- Chut, parle moins, on risque de se faire prendre, ordonne Adrien.

Ils étaient arrivés dans une cuisine assez vieille, aux murs jaunes couverts de petites marguerites. Les placards et plans de travail étaient faits en bois usé. La gazinière manquait d'exploser, le frigidaire – sans doute blanc d'origine – était beige, couvert de magnets inutiles, de photos et d'un calendrier datant de 2017. Et l'odeur, elle était tout simplement insupportable. C'est à ce moment que Millie réalisa :

- Les gens qui vivaient ici sont morts ! s'exclama Amelia.

- (En lui jetant un regard noir) Mais tais-toi ! Et puis non... enfin... je ne vois pas ce qui peut te faire penser à ça.

- Le calendrier.

- Ecoute, les gens ici ne sont pas morts. Et même s'ils sont vraiment sourds, ce n'est pas une raison pour crier et tester à quel point ils le sont !

Il avait dit cette dernière phrase sur un ton très désagréable. Ce ton que les gens prennent quand une chose leur parait évidente, et sont fermés à toutes sortes d'autres idées émises. C'est alors que la jeune fille manqua de s'évanouir, en voyant la porte du frigidaire s'ouvrir, et qu'une tête rousse en sorti.

- Rory, murmura Amelia, malgré son étonnement.

- Mais qu'est-ce que tu trafiques avec lui ?

- (En balançant son regard sur les deux filles, avant de jeter des yeux menaçant sur Rory) ça ne te regarde en rien. De plus, tu n'as rien à faire ici.

- Maintenant qu'elle est là, elle peut rester, proposa Amelia.

Adrien leva les yeux au ciel, et Rory le regardait mal. Ces deux-là n'avaient pas l'air de bien s'entendre. Adrien indiqua d'un léger balancement de sa tête qu'il s'apprêter à sortir. Il leur fit ensuite comprendre qu'elles ne devaient pas faire de bruit. Il ouvrit délicatement la porte en bois, et passa sa tête à travers l'encadrement de la porte, aux aguets. Il posa ensuite la pointe de son pied sur une des lattes du plancher, qui, grinça (peu étonnant). Il continua malgré tout à avancer dans un couloir dont les photos remplissaient les murs. Rory et Millie se mirent donc à le suivre. Ils étaient en bas des escaliers quand une lumière à l'étage s'alluma et qu'une voix cassée et rauque dit : « Je suis certain qu'un des jeunes du quartier a réussi à entrer dans not' baraque ! »

Adrien se retourna et se mit à courir vers le salon et ouvrit une des fenêtres avant de se jeter de celle-ci. Le filles qui le suivaient eurent un mouvement de recul, avant que Rory se sauter elle aussi. Amelia, contrainte, dut sauter à son tour. Rory ouvrit le portillon et puis tous trois se mirent à courir dans la rue. Ils ralentirent au fur et à mesure leur allure. Amelia ne réalisait pas vraiment qu'elle était de retour dans son monde.

- C'est quoi le plan maintenant ? lança Adrien

- On rentre chez moi, lui assura Millie.

Une maison anormaleWhere stories live. Discover now