c h a p i t r e 19

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Après de longues minutes de contemplation, je reporte mon attention de l'autre côté de la voiture où se trouve Chase et je ne cache pas mon étonnement quand je le vois appuyé nonchalamment sur le flanc du capot, à me fixer d'une lueur éclatante dans les yeux que je ne lui connaissais pas. Je me rends compte à quel point, je ne connais aucune de ces facettes.

Comme s'il reprenait ses esprits, il passe une main dans ses cheveux bruns en bataille et je pense très fort au fait que moi aussi, j'aimerais y passer mes doigts. Mais je me reprends, parce que bordel, qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je fais tomber mes barrières et voilà que je deviens obsédé par mon ennemi ? Hors de question.

Soudainement, le brun monte sans difficulté sur le capot de sa voiture, sans broncher, alors que moi, j'en ai mal au cœur, parce qu'elle va avoir des traces et ce bijou ne mérite pas ce traitement. Puis avec toute la souplesse du monde, ses longues jambes escaladent l'avant de sa Ferrari pour atterrir sur le toit comme si tout était absolument normal.

Mais en même temps, est-ce que cette soirée est vraiment normale de toute façon ?

Je reste en bas comme une imbécile à le dévisager.

— Qu'est-ce que tu fous ? Tu comptes rester planté là comme une idiote indéfiniment où tu vas finir par me rejoindre, raille-t-il d'un ton moqueur.

— Pardonne-moi si je ne supporte pas l'idée de rayer un bijou comme un connard dans ton genre, répliqué-je en lui montrant mon majeur.

— Je l'emmène refaire sa carrosserie cette semaine alors je t'avoue que ce soir, j'en ai absolument rien à foutre.

Mes mains saisissent l'avant de la voiture pour me hisser sur le capot. Puis je m'empresse d'escalader par-dessus le pare-brise mais je glisse et je ne veux pas le rayer.

Une main ensanglantée, décorée d'une bague en argent, se tend sous mes yeux mais je refuse de la prendre, d'un parce que je suis une femme débrouillarde, et de deux parce que je vais lui faire mal. Alors, je trouve une autre solution et pousse sur mes jambes. Je parviens enfin à monter, m'asseyant à contrecœur à côté de lui et je peux le voir rouler des yeux face à mon refus.

Un silence s'installe entre nous, nos corps sont complètement immobiles, nos poitrines se soulèvent à peine et aucun de nous n'ose parler. On fixe l'horizon, hypnotisé par ce retour brutal face à notre réalité.

Je songe au fait que cela doit être à cause de l'adrénaline de nos petites engueulades qui s'est estompé, et qui a dû nous faire oublier, l'espace d'un court instant, ce que nous traversons, la dure réalité de nos combats silencieux.

Voulant briser ce mur de glace qui s'est de nouveau érigé devant nous, je tente une approche. Je me dis que tant qu'à faire, tant qu'on est là tous les deux, autant vider nos tourments. Foutu pour foutu comme on dit. Il m'a vue au plus bas, et je ne peux pas revenir en arrière, alors autant utiliser ce temps précieusement.

— Montre-moi tes mains, Chase, soufflé-je doucement.

— Laisse, Victoria, ce n'est pas la peine. Elles finiront par guérir toute seule.

— Guérir comme quoi ? Comme ce que tu caches au plus profond de toi ?

Il me lance un regard noir, mais il faut croire que ma piqure à vif à marcher puisqu'il finit par me les tendres.

Je m'empresse de sortir ce dont j'ai besoin de la trousse de secours pour pouvoir soigner ses mains et je remarque un bandage blanc dépassé de la manche gauche de son pull. Un flash de sa voiture complètement défoncé contre le mur me revient et je déglutis difficilement. J'ai beau le haïr et ne rien ressentir d'amical pour lui, lorsque j'ai découvert qu'il avait eu un accident, j'ai eu la peur de ma vie, j'ai senti ma cage thoracique me comprimé les poumons à ne plus pouvoir en respirer.

Race against a HeartbrokenWhere stories live. Discover now