– Que penses-tu de mon texte ? Je passe avant Lucas sur scène. Il m'a accordé cinq minutes en tout.

Il se permet aussi d'ajouter des textes des inconnus à notre travail pour pouvoir séduire les femmes ! Ce n'est pas du tout sérieux voyons ! Je dois lui faire connaître ses limites.

– Je ne sais pas. Nous devons en informer l'encadrante d'abord. Tu es dans quelle faculté ? sifflé-je en maudissant Lucas au fond de moi.

– Phillipe Department.

– A Paris ?

– Non, à Washington. Nous sommes dans la même classe de Miss Darla.

Ah ! C'est l'étudiante asiatique. Elle est arrivée finalement. Je baisse la garde et j'adoucis mon regard. Je lui réoffre un accueil digne d'une lauréate.

– Je suis vraiment désolé, dis-je en serrant ses mains. Viens que je te montre ton bloc.

Je la conduis vers le poste C.

– J'avais cru que ta participation serait virtuelle. Miss Darla n'est pas là, elle a quitté depuis le matin.

Quelques minutes après :

– Fredo, mi amigo ! Voilà la troisième thésarde de la miss, euh… je me tourne vers elle embarrassé, son nom m’est toujours inconnu.

– Saja Sakura Huang.

– Enchanté. Je veux que tu prennes soin d'elle ! Sa participation est enregistrée dans le document virtuel. On va la présenter en direct.

– Déjà fait depuis le matin.

Je les laisse régler leurs affaires et m'éclipse loin de leurs yeux. J'ouvre mon WhatsApp et rédige un message discrètement. Je suis le seul à avoir son numéro personnel ; le reste des étudiants ont un numéro professionnel, et c'est toujours Olivia qui leur répond. J'essaie donc d'être digne de sa confiance.

« L'étudiante asiatique est venue, elle veut présenter en direct. »                                                                                                                             « Je sais. »

Face à cette réponse froide, je marque une pause. Qu’attendais-je ? Qu'elle me réponde chaleureusement comme d'habitude après ce qui s'est passé ? J'ai ruiné ma place dans son cœur. Et dire qu’à un moment j'ai eu l'impression qu'elle avait envie de moi.

« Et votre réunion, ça avance ? »

                                       « Oui »                                                                       
Une réponse réservée qui me laisse brisé ; je verrouille mon téléphone et reprends le travail.

PDV de Darla :

– S'il vous plaît, j’ai un travail fou à achever !

La réceptionniste essaie de me calmer. Ça fait dix minutes que j'attends devant ma chambre. Ma carte magnétique est déchargée.  J'ai fait une réclamation il y a un quart d'heure. Jusqu'à maintenant personne n'est venu me donner la nouvelle carte chargée. J'ai dû descendre à la réception pour la récupérer moi-même.

Je ne peux plus tenir le coup. Ma tête tourne, les nausées n'ont pas cessé, ma vision est floue. Ça fait deux ou trois jours que je galère. Dans un état asthénique et anorexique. Ma bouche est sèche. Je ne peux plus me concentrer. Je ne veux plus m'adresser aux gens, même un simple bonjour m'épuise.
Il me reste encore quelques heures. Je préfère me reposer, en espérant que mon malaise passera avant la grande fête.
Mon téléphone personnel bipe depuis un moment. Je l'ignore pour dormir. Soudain l'appel vidéo de Messenger me tape sur les nerfs :

– Pansement !

– Pansement, le doux accueil ! Mais avoue que tu ne peux te passer de mes soins. J'étais sûre que tu ne vas pas résister la sonnerie de ton tel, dit-elle en imitant la voix de Anna Ostenn, ce qui me fait rigoler.

– Deux capotes ! Tu es malade ?

– J'aurais dû mettre plus ?

– C'est mon étudiant Ladona.

– Et alors ? Si j'étais à ta place, j'en profiterais.

– Tu couches avec tout ce qui bouge Ladona ; tu devrais consommer des médicaments qui bloquent un peu tes envies.

Ladona marque une pause. Je mords ma langue, je n'aurais pas dû la blesser. Ce sujet est très délicat.

– Que sais-tu à propos de ces médicaments ? As-tu des prescriptions ?

– Non, mais je vais t'adresser à un bon sexologue Ladona, ou plutôt MADONNA !

– J'imagine oui. Une femme comme Madonna doit profiter amplement de la vie même à son âge. C'est moi qui dois t'adresser à un bon psy.

– Je vais bien !

– Tu vas mal. Une femme qui couche avec son mari une fois par mois, qui ne cherche pas une aventure sans lendemain, qui ne se masturbe même pas !

– Arrête de considérer le sexe comme le centre d'intérêt des humains ! Il y a le travail, la famille, la joie.

– Darla ! Ecoute ton corps. Tu n'as pas remarqué que tu es frustrée tout le temps. J'essaie juste de t'aider mio dolce.

– M'aider en insérant deux capotes dans une enveloppe que tu confies à mon étudiant ? Tu libères mon corps en nuisant à ma réputation.

– Il n'a rien fait ton Andalou ?

– Bien sûr que non !

– Attends ! Vous avez passé neuf heures en vol dans une même cabine sans rien faire ? Rien ne s'est passé ?

– Non.

– Quel lâche ! Si c'était quelqu'un d'autre...

– Arrête Ladona...

– Même pas un câlin ?

– NON !

– Même pas un bisou !

– Euh non. Enfin, si. Ce n'est pas ce que tu penses, mais non ; écoute...

– Il t'a embrassée ?

– Euh

– Allez, crache le morceau !

– Il a embrassé mon cou mais il était ivre. En temps normal, il n'oserait jamais le faire.

– Il n'a pas osé parce qu'il a peur. Tu n'es pas douce Darla comme les femmes sont présumées l’être. Tu es complexée !

– Attends, tu m'encourages à tromper mon mari ?

– Comme s'il ne te trompait pas !

– Je ne peux pas me permettre un tel acte qui nuit à ma réputation.

– Seuls dans une cabine dans les cieux ! De qui as-tu peur ?

– Je t'ai dit que les aventures passagères ne m'intéressent pas, voyons.

– Fais toi un copain alors ! Je pense que cet Iram est fou de toi.

– N'importe quoi ! Allez, raccroche. Je dois dormir un peu.

Je dépose mon téléphone sur la table de nuit après avoir réglé mon alarme.
Je ferme les yeux cherchant le sommeil. Soudain je me rappelle cette scène. C’est la même scène qui tourne en boucle à chaque fois que je veux dormir. La tension me monte, mon bas ventre s'enflamme. Quelques crampes utérines aggravent la situation. Je ferme les yeux, la sensation de sa bouche sur ma peau me revient. Je frissonne sur place. Des papillons me hantent le ventre. Mon cœur s'emballe dans un rythme fou.

C'est pour la première fois que je me permets de libérer mes fantasmes. Je reprends la sensation de nouveau : il était lourd, incapable de se tenir debout. Il luttait contre la pesanteur. J'essayais de le guider vers sa chaise. Soudain il retrouva sa force, me bloqua contre le métal et m'embrassait. Mes mains étaient coincées contre son torse.

Mais ce n'est pas ça ce qui m’a marquée le plus. Quand j’ai tenté de le repousser loin de moi, il s’est comporté comme un homme alpha, me bloquant encore une fois et m'embrassant.
Mon cœur vibre en y pensant. L'envie me reprend. Je prends mon tel et ouvre mon WhatsApp.

Miss DarlaOnde histórias criam vida. Descubra agora