Chapitre 13

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J'ai à peine le temps d'ouvrir la porte que Dante entre dans mon entrée en me saluant joyeusement. Un sac dans une main, il retire ses baskets à la va-vite et continue son chemin jusqu'au salon. Il se lance dans un monologue dont lui seul a le secret :

— La journée a été horrible. Mon fournisseur de gobelets en carton nous a fait faux bond. Il ne sait pas quand il pourra nous livrer, tu le crois toi ? C'est irresponsable, pas professionnel. Surtout qu'il ne nous donne aucune excuse à ce retard.

Je referme en soupirant. Je marche jusqu'à la pièce principale et le retrouve en train de vider son sac qui se trouve être une commande chez le japonais du bas de la rue. Après ne s'être pas vus de la semaine et ne pas avoir eu une seule nouvelle de lui, il arrive ici, fait comme chez lui et agit comme si notre dernière conversation datait de ce matin. Il ne manque pas d'air.

— Une heure ! Pendant une heure, j'ai dû négocier pour obtenir le remboursement de ma commande. Je ne sais pas à qui ils croyaient avoir à faire mais...

Tout en parlant, il relève les yeux. Enfin. Il me voit immobile à côté du comptoir. Il fronce les sourcils et m'interroge :

— Tu n'as pas faim ?

— Tu n'as pas pensé une minute qu'à plus de vingt-une heures, j'avais peut-être déjà mangé ? Et que j'étais déjà en plein travail ?

Il fait une petite moue en jetant un coup d'œil à tous les plats – nos préférés – qu'il a achetés en rentrant du boulot. Je ne travaillais pas, je n'avais même pas la moindre pensée dirigée vers mes dessins, je n'ai toujours pas mangé, j'ai la dalle et surtout j'adore ce jap. Mais malgré tout ça, c'est plus fort que moi. Je me sens obligé de lui faire remarquer qu'il n'a pas à rentrer chez moi comme dans un moulin. Ma vie ne tourne pas autour de lui.

— Oh, je... d'habitude, tu manges tard alors... je sais pas.

Il se redresse, abandonnant notre dîner à moitié sorti du sac. Il me semble mal à l'aise.

— Est-ce que tu t'es au moins posé la question que peut-être j'avais quelque chose de prévu ? insisté-je.

— Non, m'avoue-t-il.

— Sympa...

Je viens m'asseoir sur le canapé et regarde les boîtes de makis déjà sorties. Je repère aussitôt ceux que je préfère. Il a une bonne mémoire.

— Mais tu ne sors jamais.

— Ça va peut-être changer, me contenté-je de dire en attrapant mes spécialités asiatiques.

Dante se laisse tomber à ma droite et m'interroge :

— Comment ça ?

— Je me dis que j'irais bien faire un tour dans ton café.

Je m'empare de baguettes dans le sac tandis que le visage de mon voisin s'illumine à mon annonce.

— C'est vrai ? Tu viendrais ?

Je hoche la tête et enfourne un maki. Mes paupières se ferment et un soupir de bonheur m'échappe aussitôt.

— Ça me ferait trop plaisir que tu viennes voir mon café, s'enthousiasme Dante en finissant de déballer le repas. Qu'est-ce qui t'a décidé ?

Je hausse les épaules.

— C'est Céleste qui t'a convaincu ?

— Pourquoi elle ?

— Elle est passé un soir, je me disais juste qu'elle t'en avait peut-être parlé et donné envie.

Pendant un instant, je tente de me remémorer tout ce que Céleste a pu me dire ces derniers jours. Il est vrai que parfois, je ne l'écoute que d'une oreille très distraite. Surtout quand je viens de me réveiller ou quand je dessine. D'un mouvement régulier, je tapote les baguettes sur la table basse.

In the starsWhere stories live. Discover now