Chapitre 3

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Je pousse un cri compris entre celui de la victoire et celui de la souffrance. La main tremblante, je repose mon stylet sur mon bureau et me frotte le visage. Un énorme mal de tête commence à arriver et je réalise que j'ai peut-être un peu trop abusé cette fois. Un bâillement réussit presque à me décrocher la mâchoire tandis que je me redresse.

Mes yeux s'écarquillent en découvrant qu'il fait déjà jour. Cela confirme que j'ai abusé. Je n'ai réellement pas fermé l'œil de la nuit. Je retire mes lunettes, me passe une main dans les cheveux puis étire mes bras au-dessus de ma tête. Comme toujours, après une séance de dessin, je suis courbaturé et toutes mes articulations craquent les unes après les autres.

Je sors de mon atelier et hésite entre me rendre dans ma chambre pour taper ma meilleure sieste ou aller me faire un maxi café. Je cache un bâillement bruyant derrière mon poing et finis par me diriger vers la cuisine. Immobile au milieu de la pièce, mon cerveau cherche à se souvenir quel placard renferme mes mugs préférés. Je m'apprête à tous les ouvrir les uns après les autres quand la sonnette retentit.

Sachant déjà qui se trouve derrière cette porte, je me traine jusqu'à elle et la déverrouille avec lenteur. Finalement, je vais peut-être choisir l'option sieste du siècle. Je tire le battant vers moi et découvre avec surprise le voisin de cette nuit.

La première chose que je remarque à cet instant, c'est qu'à la lumière du jour, il est toujours aussi canon. Mais son sourire est bien trop brillant pour moi après une nuit blanche. Je grimace, une paupière fermée comme s'il m'aveuglait réellement.

— Salut voisin, s'exclame-t-il.

Je me contente d'un grognement peu aimable mais là, mes capacités neuronales m'ont quitté.

— On dirait que tu as fait nuit blanche, dit-il sur un ton amusé.

Il n'a fallu que quelques heures pour que le vouvoiement s'envole laissant place à un tutoiement amical. En soi, je m'en fiche un peu et ne lui en fais donc pas la remarque. À la place, je tente de lui lancer un regard blasé pour qu'il comprenne que je n'avais pas envie de rire.

— J'peux faire quelque chose pour toi ? l'interrogé-je, la voix rauque.

Il lève à hauteur de nos visages sa main qui tient un gobelet. Il m'adresse un sourire et m'annonce, tout content :

— Un grand café pour me faire pardonner pour cette nuit.

Mon regard fixe la boisson. Tout mon être se sent soulagé d'avoir le Saint Graal juste à portée de main. Je n'aurais pas pu espérer mieux.

— Je sens que tu en as besoin.

Cette fois encore, un léger ton taquin s'entend mais je lui suis tellement reconnaissant de me l'avoir apporté que je préfère ne pas le relever. Je m'empare en soupirant un merci sincère. Je ne tarde pas à en boire une longue gorgée.

— Délicieux.

Son sourire ne le quitte pas alors que je me régale de son café.

— Heureux qu'il te plaise.

Je jette un coup d'œil au logo dessiné sur le gobelet. Le café Dantesque. Je fronce les sourcils avant de reporter mon regard sur lui.

— Le café Dantesque ?

— Oui.

— Un rapport avec Dante ?

— A priori, se moque-t-il.

Je lève les yeux au ciel.

— Je veux dire avec ton prénom ? Enfin avec toi ?

— Oui...

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