Alexandra Karpanger
Trouver une solution pour la Miss Cohen est bien plus difficile que ce que j'imaginais. Comment aider cette pauvre fille alors que seul les pics émotionnels le peuvent ? En soit son manque de concentration en classe n'est pas un problème pour ses notes puisqu'elle décroche toujours les meilleures.
Mais j'ai une furieuse envie de l'aider.
Non Alex, tu veux te la sauter c'est différent.
Elle est si belle, si intelligente, si humble et aussi discrète qu'il lui est possible de l'être. Comment ne pas tomber sous son charme dévastateur ?
La sonnerie du lycée retentit et marque la fin de mon cours avec cette véritable création du diable : façonnée pour nous pousser à la corruption avec pour récompense le délicieux contact de sa peau qui, j'en suis certaine, doit être terriblement douce.
Les élèves quittent peu à peu la salle de classe ne laissant que cette beauté et ses amies. Enfin, j'ose espérer que Max à côté d'elle n'est qu'une simple amie et rien de plus. Cette belle rousse est lesbienne de ce qu'elle chante sur tout les toits avec une fierté étonnante.
Moi même, bien plus discrète et pudique, n'ose même pas faire mon coming out auprès de mes proches à qui je n'ai jamais présenté personne.
Elle s'approche doucement de mon bureau avec un immense sourire rieur. Son charisme me donne chaud et je sens que tenir face à elle va être un véritable défi, enfin ne l'avais-je pas déjà fait ? Mais là c'est différent, c'est elle qui viens vers moi.
- Madame j'ai une question par rapport au cour, demande subitement une de ses amies, Samantha il me semble.
- Oui, qu'y a-t-il ? demandais-je en détournant mon regard vers la brunette.
- Enfaite, je ne comprends vraiment pas ce que sont les correspondances, balance Samantha, donc je ne comprends rien au texte de Baudelaire et Julia a beau essayer de m'expliquer je ne pipe rien.
- Oh et bien, on les appelle aussi les synesthésies, les Correspondances, ou les synesthésies, désignent les rapports entre le monde matériel et le monde spirituel. Selon Baudelaire, seuls les poètes savent déchiffrer le sens caché des choses ce qui permet de passer du monde des perceptions à celui des idées, à son époque c'est le but ultime, répondis-je n'en sachant pas vraiment comment faire plus simple.
- C'est exactement ce que je me tue a lui expliquer mais quand c'est moi c'est comme de l'air ça passe sans but, râle Julia les bras croisés.
- T'explique mal toi, t'utilise tout un langage super compliqué d'analogies chelou, réplique Samantha, merci madame c'est déjà plus clair.
- C'est toi qui n'es pas claire Sam, siffle la rousse visiblement vexée.
- J'ai une petite question moi aussi, comme ça, vous avez une idée de votre futur métier ? demandais-je.
- Libraire, répond aussitôt Samantha.
J'hoche la tête et regarde Julia qui fronce les sourcils préoccupée.
- J'aime beaucoup transmettre ce que je sais, commence-t-elle, et j'adore la littérature mais je déteste les gosses et je suis doté d'une patience égale à zéro, enfin c'est même un chiffre négatif à ce niveau, sans compter mon incapacité à me concentrer plus d'une demie-seconde.
- Le professorat ne t'intéresse pas ? demandais-je, tu sais une fois lancée je pense qu'on peut te tenir canalisée sur un seul et même sujet, j'ai eu des collègues comme toi qui s'en sortent, ensuite tu n'es pas obligé de travailler avec des gosses qui parlent à peine, tu peux peut-être enseigner au niveau lycée ou collège voir pourquoi pas à la fac.
- Je ne sais pas, passer ma vie dans les établissements scolaires ne me fait pas vraiment rêvée, répond-elle, enfin j'admire les gens qui le font hein, je ne critique pas !
- Ah ton âge je disais la même chose et regarde, je suis ici, face à toi, répondis-je en riant presque à sa mine effarée.
- Peut-être alors, sourit-elle en retour.
