𝟹𝟺 - 𝚜'𝚊𝚙𝚙𝚛𝚒𝚟𝚘𝚒𝚜𝚎𝚛.

2.2K 308 146
                                    

𝐑𝐨𝐬𝐞.

Paris, à mes pieds.

C'est dans ses rues que j'ai fait mes premiers pas, main dans la main avec mon +1. Sur ces avenues que j'ai déambulé jusqu'à ce que mes pieds ne puissent plus me porter. Dans ses jardins que j'ai flâné, le nez dans mes bouquins et la tête pleine de rêves. Sur ses pavés centenaires que j'ai décrété que le ciel ne pouvait pas être plus beau ailleurs. Pas même un jour de pluie. Et ce soir, après une journée encore un peu plus folle que les autres, j'observe le panorama de ma ville depuis le troisième étage de son plus célèbre monument. Lovée dans les bras de l'homme aux multiples facettes qui me fascine depuis ce qui me semble être une éternité, je réalise que nos yeux sont braqués dans la même direction. Comme un symbole.

— Tu as froid ? s'inquiète le titan dans mon dos après un frisson plus indiscret que les précédents. Tu veux rentrer ?

— Non non, je veux juste... rester là, je crois.

En réalité, aucune tempête ne saurait me faire quitter sa chaleur. Paris s'est parée de son habit crépusculaire depuis plus d'une heure, les températures ont chuté après s'être souvenu qu'on est en hiver, la brise nocturne a pris son envol en même temps que les lumières ont commencé à illuminer la ville qui ne dort jamais vraiment, mais moi, je me sens dans une saison qui n'appartient qu'à deux personnes : nous. Alors je reste là, écoute le rire étouffé de Titàn dans ma nuque, extirpe un soupir d'aise alors qu'il fait rouler ses lèvres sur ma peau tiraillée en frictionnant mes épaules pour me réchauffer, puis réprime un reniflement lorsque mes émotions menacent de déborder. Encore.

— Tu es difficile à suivre, Sawyer.

— C'est pour entretenir ta santé cérébrale et cardio-vasculaire, monsieur le meneur. Tu sais, ton âge, toussa toussa... Il te faut de l'exercice, des défis.

— Je crois t'avoir prouvé plus d'une fois que je tiens la route, que je ne suis pas vieux, que j'aime les défis et plus encore si tu es ma récompense. Et aussi que je compte bien ne plus te lâcher quelle que soit la complexité de nos incompréhensions.

Impossible d'empêcher un décollage de joyeux papillons dans mon bas-ventre ni le fourmillement de mes sentiments, partout.

— Tu m'as surtout prouvé que tu cours toujours aussi vite dans mes conneries !

Ses dents se plantent à l'endroit exact où sa bouche venait de m'embrasser. Il serre mais je n'ai pas mal, bien au contraire. Un feu d'artifice se met à crépiter en moi. Je ris et je me sens bien. Je ris et je me sens vivante tandis que mon esprit occupé occulte que dans quelques heures, je devrais retourner dans le noir. Seule.

◆◆◆

Titàn Quinn-Adamson n'est pas humain, je l'ai toujours revendiqué. Mon Tarzan-Popeye-Hulk demi-dieu, né de la cuisse de Jupiter un jour de colère – dans ma version des faits –, était déjà affublé d'une liste de qualificatifs longue comme celle des taxes en France.

« Romantique » ne faisait pas partie du listing jusqu'à maintenant.

Attentionné, imprévisible, impétueux, jaloux et impatient, oui.

Pas « romantique ».

Cet homme m'étonnera-t-il toujours ?

Après avoir courageusement fait la connaissance d'Aristo, prêté main forte aux garçons en retroussant ses manches et fait grimper la température de plusieurs degrés dans l'enceinte du Cosy Cat's, le farouche biker m'a lancé, d'une voix qui n'admettait aucune rébellion :

— C'est l'heure, Sawyer. Prends ton manteau, le taxi nous attend.

Intriguée et excitée, je me suis mordu la langue en le suivant docilement pour la première fois, sous les couinements aigus d'Iris et Marion. Je l'ai regardé sourire en coin, fier de l'effet qu'il me fait ; et probablement de ne pas avoir eu à lutter. J'ai gardé le silence dans la berline noire à l'intérieur crème, sans parvenir à me départir de ce truc niais qui étirait mes lèvres. C'est à peine si j'ai senti l'arôme vanille de Madagascar provenant du diffuseur électrique. Il n'y avait que son odeur si masculine à lui dans mes narines, comme si l'habitacle lui appartenait depuis toujours. J'avais de nouveau quinze ans, l'âge des premiers émois, cette période un peu ingrate où le corps est en proie à des réactions exacerbées.

SAUVAGES | En pause jusqu'au 6 octobre 2024Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz