En ouvrant la porte, le son devient dix fois plus intense, à tel point que j'ai peur de devenir sourd. Mais quand je vois l'état de Zian, je ne peux pas me permettre de faire marche arrière juste pour protéger mes oreilles.
Il va mal.
Ses muscles sont si tendus que je peux les voir se contracter sous sa peau. À force de jouer de la batterie, Zian a développé des biceps, des avant-bras et des mains impressionnantes. Je peux voir chacune de ses veines ressortir à cause de l'effort intense qu'il exerce. Ses sourcils sont froncés et son regard si concentré que je sais qu'il est en train de remuer toutes ses pensées dans sa tête. Je me pose contre l'encadrure de la porte, les mains dans les poches, attendant patiemment qu'il finisse de déverser sa colère. À chaque coup de baguette sur un tom, je sais que c'est une insulte envers son père. Et il s'acharne. Il s'acharne encore jusqu'à ce qu'il n'ait plus le souffle nécessaire pour continuer.
Je le laisse reprendre sa respiration. Une minute. Puis deux. Jusqu'à ce qu'il lève son regard marron vers moi. Son regard encore plein de haine.
— Si tu veux te défouler un peu plus, on peut aller à la salle de boxe, proposé-je en constatant qu'il n'a pas l'air d'être calmé.
— Ça va.
Sa voix est rêche, rauque. Il est dur à faire parler et n'aime pas qu'on le force à s'exprimer alors je vais devoir tâter le terrain pour ne pas le braquer. La dernière chose dont j'ai envie, c'est d'avoir un Zian froid comme la glace pour le reste de la soirée. Ça pourrait forcément mal tourner.
— Tu ne t'es toujours pas remis de la petite Eilyn ? demandé-je malicieusement en m'avançant dans la salle, lui lâchant un ricanement moqueur.
— C'est une sauvage c'te fille, dit-il sans me regarder, rangeant ses baguettes.
— Ouais, mais elle est canon.
— Je ne ferais aucun compliment sur cette nana. J'ai pas envie de parler d'elle.
— Dans ce cas, de quoi as-tu envie de parler ?
Il se met à soupirer en se levant de son tabouret et il sort une clope de son paquet pendant qu'il se déplace vers l'autre porte de la pièce. Je le suis et on se retrouve dans un genre de mini jardin dont on se sert beaucoup pour faire des pauses quand on est en mode répèt'.
Il coince sa cigarette entre ses lèvres, le regard loin dehors. Loin de tout. Complètement perdu dans ses pensées.
— Ma mère a appelé.
Cette révélation me donne un petit coup au cœur. Je comprends mieux pourquoi il est dans cet état.
— Ça faisait longtemps. T'as pu lui parler ? demandé-je en me plaçant à côté de lui alors qu'il fume sa clope.
— À peine cinq minutes parce que mon bâtard de père a perquisitionné notre appel pour me dire à quel point j'étais ingrat de ne pas venir voir ma mère.
— Huh. Culotté, fais-je dans un rictus agacé. Et je suppose que vous avez fini par vous disputer ?
— Je lui ai dit que si je ne venais pas, c'était à cause de mon débile de géniteur complètement obnubilé par l'argent plutôt que par sa femme malade et son fils, répond-il avec un sourire au coin des lèvres.
Je pouffe de rire avec Zian, appréciant de le voir se détendre simplement en me parlant. C'est quelqu'un qui monte assez vite dans les tours, mais il ne lui faut pas beaucoup de temps non plus pour redescendre s'il est accompagné de quelqu'un qui sait s'y prendre avec lui dans ces moments-là.
— Débile de géniteur ? Vraiment ? ris-je plus fortement.
— T'aurais préféré que je dise "gros connard infidèle et père de merde" ? rit-il à son tour.
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𝐓𝐇𝐄 𝐆𝐎𝐎𝐃 𝐁𝐎𝐘 ━ 𝐀𝐙𝐔𝐑.𝟏
RomanceAmora et Andrea étaient inséparables enfants. Jusqu'au jour où elle a quitté leur ville, le laissant derrière elle avec un cœur plein de "si seulement". Dix ans plus tard, elle est éditrice à Los Angeles. Lui est devenu guitariste dans un groupe nom...
「 𝟕 」
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