Chapitre XV:

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Il m'a toujours semblé qu'une pièce manquait à mon puzzle, que quelque chose ne répondait pas tout à fait à l'appel, qu'une absence me mutilait, bref, que je ne faisais que graviter à la périphérie du bonheur.
J'ai vécu le sentiment d'être amoureuse pour la première fois de ma vie en pensant jamais le connaître, l'amour pour moi se résumait à un néant de l'existence, le chaos. Je ne voulais jamais le connaître.
Aimer c'est savoir que le temps n'y changera tien, ni les tempêtes ni les hivers.
Aimer c'est donner à l'autre une place dans mon cœur pour qu'il y reste comme un père, une mère, un fils, un ami et savoir que dans son cœur à lui, il y a une place pour moi.

Je l'aime. Il est impératif que vous le sachiez. Vous ne pouvez pas mesurer combien ça me coute, combien j'ai honte de me dénuder devant vous, d'insister et de me battre pour un sentiment qui ne le frappe pas de plein fouet pendant qu'il m'anéantît, moi, mais je serais doublement malheureuse si je continuais à taire ce que mes yeux n'arrêtent pas de hurler : je l'aime, je l'aime, je l'aime. Je l'aime toutes les fois que je respire.

J'ai longtemps cru que je connaîtrais l'amour mais pas un amour comme celui-ci.
Je pensais et je pense toujours que l'amour, le grand, le véritable était déjà là, dans son regard, dans ses gestes, dans son impatience.
Je ne savais pas qu'il fallait le créer, le construire, comme si c'était une maison, une œuvre d'art. J'étais là et j'attendais que l'homme que j'ai choisi m'apportât la flamme pour éclairer mon âme. Quand il n'arrivait pas exactement comme je l'espérais, j'étais déçue et je devenais malheureuse.

Je voudrais recommencer ainsi pendant l'éternité, et chaque soir, je regrette la nuit qui va s'écouler sans lui, et chaque matin, j'en veux au soleil de briller, comme aujourd'hui, quand il n'est pas dans mes bras. Il est mon soleil, mon univers.

Chronique de Faïrouz : L'Amour au coeur du bitume.Место, где живут истории. Откройте их для себя