00.Un jour...

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Un jour comme tant d'autres...

Une habitude. Une routine imperturbable. La naïveté m'avait éloigné du rivage. Là, où j'étais, les cris silencieux faisaient mal.

L'effroi m'avait saisi et des milliers de pics de glace m'avaient été balancés en plein cœur.

Mes doigts tremblants sur ton message d'adieu. Je peine à déglutir. Je suffoque. Je réprime les perles cristallines qui me piquent les yeux. Je relis plusieurs fois. Je froisse le papier, malgré moi. Ma respiration est saccadée.

Je me sens dominé par des émotions contradictoires. Je vois flou. Je ferme les yeux. Je repense à nous. À tout ce que nous avons vécu ensemble. Je contiens un sanglot... puis, me crispe.

Je m'effondre mentalement. 

Je darde sur la télévision qui grésille et neige d'une démarche intempestive, un regard polaire insoupçonné... Tout droit sorti de mes entrailles les plus obscures.

Tu es partie sans te soucier du mal que tu allais engendrer.

Tu n'avais aucunement besoin de moi. L'information a été si bien transmise à mon cerveau, que mes dents grincent. Voilà, tu as amorcé ma descente...

Ta présence m'empêchait de tomber plus bas...

À présent, je me noie.

Je hurle dans l'eau du bain.

Mes doigts glissent sur la surface polie de la baignoire... Celle-ci maculée de ma colère viscérale, peinte d'un rouge sang.

Je jure que nous aurions un autre jour.

Je conserve ton reflet dans la psyché brisée.

Tu étais un ange à mes yeux.

Te sentir loin de moi me rend fou.

Je ne sais pas, j'ai la sensation d'avoir quelqu'un d'autre dans ma tête. Je t'en prie, ne me fais pas ça. Je n'ai pas envie de respirer le parfum des fleurs brûlées... la cendre me monte à la tête.

Suis-je en Enfer ?

Tu sais, tu m'as dit beaucoup de mensonges.

Je m'en souviens encore.

Je pensais qu'il y avait de l'amour entre nous... Et à ce jour, j'y aperçois la haine, dissimulée par le voile d'un déni prolongé. Pareil à un arrêt maladie.

Je souffre de l'intérieur. 

Je t'aimais Aylin.

Je ne tiens plus bon.

Je lâche prise.

J'évacue toute cette pression.

Je déraille. Et je me retrouve à nouveau sur ce lac gelé.

Me voilà pris dans les eaux troubles... et je sais que tu ne viendras pas me sauver, même si je crie à gorge déployée comme le parfait demeuré qui se reflète sur ta rétine.

Pourtant, ça sera la dernière fois... je te promets que je t'appellerais à l'aide.

Je sais... le cœur serré que ça ne sera plus un jour comme tant d'autres... Ce grand malheur.

Et si, entre deux rêves, j'avais aperçu la fin avant que nous ayons commencée...

Si j'avais reconnu ce fait, au lieu de faire abstraction de cette douleur lancinante qui étreignait mon cœur. Tout aurait été différent. Et cette éventualité me déplaît fortement.

Je connais tes peurs et toi les miennes.

Nous avions eu nos doutes, mais désormais, nous allons bien.

Enfin, je le croyais dur comme fer.

J'ignore comment je pourrais vivre sans toi...

Ça me met en rogne d'avoir l'obligation de concevoir cette facette désobligeante dans mon plateau de vie. Car, vois-tu, mon existence est similaire à une comédie, lorsqu'on daigne prendre un minimum de recul.

La preuve. Chacun de tes mots déguisés se raillent de ma p'tite gueule. Je frappe de toutes mes fortes contre le mur. J'ai une forte envie de clamser. P'tain !

| La fameuse lettre |

Quincy,

Désolée, je ne peux plus continuer ainsi. Je ressens le besoin de prendre un nouveau départ.

Je crois que ça sera plus sain pour nous deux, si nous emprunterions chacun une route différente.

J'éprouve la nécessité de reconstruire ma vie sur de bonnes bases... Ce qui me permettrait de m'accorder une chance de repartir de zéro.

L'avenir sera ainsi bien meilleur pour chacun.

Je suis persuadée que nous avons suffisamment d'intelligence, pour mettre notre cœur à l'ouvrage pour façonner un futur où nous pourrions guérir de nos blessures.

Cet éloignement me paraît primordial pour que nous puissions nous retrouver dans un futur proche. Notre relation ne sera que bien meilleure.

Au revoir.

Aylin

Ça sonne faux dans mon cerveau. Une surcharge d'informations dérèglement la prodigieuse machine ! Tu m'as rendu dépendant... dépressif. La rage se nourrit de mes souvenirs... de nos souvenirs... rrrggh.

J'ai trop misé d'espoir dans cette société. Mon résultat est lamentable. Je n'ai récolté que des regrets. Je n'ai engendré que de la colère, dissimulée habilement par de la frustration, pesant d'une tristesse qui décolle mon palpitant... Celui-ci se brise en mille morceaux, dans un écho qui arrête subitement le flot de larmes amères.

La distance avec ce bas monde se creuse... et même mon ombre m'abandonne dans les ténèbres. Je suis foutu...

Je me mets à ricaner... car, ce n'est vraiment pas un jour comme tant d'autres...

Bon sang !

À suivre ?

L'Ange dans le MiroirWhere stories live. Discover now