Les inquiétudes

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Dans sa chambre luxueuse, Mahidevran était en train d'exercer ses compétences dans le domaine d'écriture grec. Mais malgré toute sa meilleure volonté elle ne parvint pas totalement à se concentrer.
Non seulement, elle était anxieuse de savoir si Hubeh Hatun, dont l'accouchement venait à l'instant même de commencer, donnerait naissance à un garçon ou une fille, mais elle devait en plus gérer une possible visite de certains beys du Sultan Sélim pour s'assurer que son fils continuait toujours à ne pas s'intéresser à la politique, ou du moins qu'il ferait semblant de n'y comprendre peut-être dans ce domaine. Sa dernière campagne de guerre bien qu'une nouvelle fois victorieuse, s'est avérée plus longue que prévue et certains janissaires s'
Le Sultan Sélim.... Mahidevran éprouvait des sentiments contradictoires à son exigé tant, cet homme pouvait être paradoxale. Le Sultan pouvait être un homme cruel, car il ne tolérait aucun échec et punissait cette catégorie de personnes souvent par la peine de mort, mais il a été l'un des rares Sultan à avoir tenté de sauver son demi-frère Korkut du fratricide et ainsi de risquer le courroux des Oulémas bien qu'il ait fini par l'exécuter, lorsque le sehzade eu l'inconscience de répondre à une lettre qui était un piège destiné à vérifier sa fidélité vis à vis de son petit frère devenu le maître de l 'Empire ottoman.
Lorsque ce malheureux et inconscient sehzade fut mit à mort, le Sultan Sélim montra son chagrin à sa propre manière en se recueillant souvent devant sa tombe, ce qui n'était presque jamais vu auparavant. Mais dans le harem certaines personnes avaient prétendu que le Sultan cherchait un prétexte pour l'éliminer, car son titre ne devait plus être contesté pour s'assurer de diriger de la manière la plus efficace possible, et ce, en dépit des remords qu' c'est une ue.
Néanmoins, pour tout son mauvais caractère, il traitait de manière très respectueuse toutes ses concubines qui n'étaient pourtant pas des favorites. Sûrement, parce que sa mère Gulbahar, femme de la même, trempe de son fils, était souvent rabaissée par le Sultan Bayezid II.
Sélim Yavuz, homme colérique, était à la fois un homme de devoir et brillant. Un visionnaire qui s'est battu de manière ingénieuse et acharné pour sa survie et celle de son fils.
La jeune mère se souvenait du temps ou alors qu'elle n'avait pas encore été choisie comme gözde et que la guerre civile éclatait entre le Sultan Bayezid, le sehzade Ahmed d'un côté et celui du père de Suleiman de l'autre côté . Au départ, la plupart des filles tremblaient de peur à l'idée que Sélim Yavuz et son fils Suleiman seraient exécutées, car s'ils fournissaient à être mis à mort comme des traîtres, elles n'auraient même pas le droit à un bon mariage . Yasemin Hatun, mère du sehzade Mahmud tremblait davantage, car si le Sultan Bayezid triomphait, Mahmud payait de sa vie cette victoire.
Mais certaines personnes comme Mahidevran étaient confiantes, car Sélim Yavuz par sa façon de gérer sa province a eu un soutien non négligeable qui a souvent fait des hommes en Sultan : les janissaires.
Et la suite des événements lui a donné raison. Mais à présent, la pensée que le Sultan Sélim qu'elle admirait autant qu'elle craignait comme beaucoup de sujets de l'Empire Ottoman soit imprégné du désir de vérifier de nouveaux faits et gestes de son seul héritier la fit frissonner de peur.
Gulbahar repoussa délicatement sa plume avant de prendre son nourrisson dans ses bras qui se reposait dans son berceau. La jeune fille avait absolument refusé que Mustafa ait sa propre chambre, elle préférait le garder près de lui en toutes circonstances, sans que Hafsa Hatun ou la sehzade Suleiman n'y trouvèrent matière à s'y opposer.
Bien que son lionceau n'était pas ce que l'on pouvait appeler, un enfant paisible, le simple fait qu'il était la plupart du temps bruyant la rassurait. Cela serait un signe que son fils serait bien portant et pourrait être énergique pour qu'il puisse gagner des soutiens de poids.
S'il était autorisé à vivre selon la volonté de son grand-père. Après une longue période à contempler et serrer dans ses bras son fils, sa kalfa Aylin entra dans sa pièce après s'être assuré avoir eu l'autorisation de la maîtresse des lieux.
« Mahidevran Hatun, dit Aylin en inclinant la tête, pour l'heure Hubeh Hatun n'est pas encore mis au monde son enfant. Mais Hafsa Hatun vous convie à déjeuner en compagnie de Beyhan Sultan, Yasemin Hatun, le sehzade Mahmud et Raziye Sultan après la prière ».
- La prière, rétorqua Mahidevran. Je pense que nous en aurons tous besoin au vu de tous ces événements indésirables.
À ces mots, Aylin se permet de se rapprocher d'elle et essaie de sourire pour la rassurer.
- Ne nous inquiétons pas trop vite, du moins sur un problème, précisément, répondit-elle doucement en prenant garde à ce que ses mots ne soient pas entendus par un espion. Si le Sultan Sélim devait éliminer le seul héritier et ses sehzades, il y aurait un risque de guerre civile. Il n'oserait pas faire un geste aussi insensé, et même dans un geste dû à une grave suspicion. Qui plus est le sehzade Suleiman n'est pas inconscient au point de s'intéresser à la politique avec son père encore de ce monde.
- Encore et toujours de la politique, soupira Mahidevran. C'est à la fois une conception qui m'est à la fois très excitante et repoussante. Je me joindrais à l'invitation de Hafsa Hatun. Va le lui dire.
- Très bien Mahidevran Hatun, répond Aylin.
Au moment où sa kalfa s'apprête à quitter la pièce, Mahidevran l'interpella d'un ton beaucoup plus doux :
« Je tiens toutefois à te demander de supporter aussi bien mon mauvais caractère ».
- Mahidevran Hatun, c'est avant tout par conviction et en souvenirs de nos années ensemble passés dans le harem que je vous sers, sourit Aylin. Je ne sais que trop bien les désarrois de votre position et il est choisi courante que vous soyez par moment dans cet état-là.
Les deux jeunes filles se regardèrent en souriant alors qu'elles repensaient aux années d'insouciance. Elles avaient été éduquées ensemble bien qu'Aylin était un peu plus âgée qu'elle.
Néanmoins, Mahidevran avait été la meilleure que toutes les autres dans la plupart des domaines qui constituaient l'apprentissage des cariyes bien que son amie était tout de même douée. C'est pour cela qu'elle a été la troisième fille sélectionnée pour devenir Gozde puis mère d'un sehzade.
Mais Aylin qui lui a toujours été proche bien que légèrement frustrée de ne pas pu y avoir accédé à cette position ne lui en a jamais tenu rigueur. Bien qu'elle était une fidèle kalfa envers Mahidevran avant tout, Aylin était aussi pragmatique et ambitieuse comme beaucoup de personnes au sein de ce palais. Elle espère qu'à défaut de ne pas pouvoir faire partie de la dynastie, elle occuperait une haute place dans le harem.
Après s'être préparée et fait une prière avec ses kalfas, elle se joint à Hafsa Hatun qui l'accueilli avec un grand sourire puis prit Mustafa dans ses bras.
Mahidevran Hatun s'inclina devant elle ainsi que pour sa fille Beyhan Sultan qui était en visite, le sehzade Mahmud et enfin envers la petite Raziye Sultan qui avec sa mine soucieuse affichait sa grande inquiétude envers sa mère Hubeh Hatun, avant de se contenter de faire un signe de tête envers son ennemi. Néanmoins, il y avait également une quatrième femme qu'elle n'avait pas vue. Comme si elle lisait dans ses pensées, Hafsa Hatun lui expliquait qu'il s'agissait de Mihrişah Hatun fille du gouverneur Iskender Pacha.
« Je suis heureuse de faire votre connaissance, dit Mahidevran à Mihrisah, la sehzade Suleiman ne pense que du bien envers votre famille ainsi que de votre protégé Ibrahim ».
- Je vous remercie du compliment, répondit Mihrisah. Cela me touche beaucoup étant donné que c'est moi qui ai éduqué Ibrahim.
Beyhan Sultan, elle rebondit sur cette remarque.
-Il est vrai qu'Ibrahim est de très grandes qualités et un bel avenir devant lui. Mais malgré tout le grand respect que j'ai pour votre famille et pour vous, je le trouve beaucoup trop arrogant pour son bien par moment.
Mahidevran Hatun et Yasemin Hatun approuvèrent en silence. Bien qu'il n'était pas vu comme combien de fois, il y avait des échos à ce sujet, notamment le fait qu'Ibrahim expliquait de manière condescendante à des personnes de même rang que lui que son amitié envers le Sultan bien qu' 'authentique et loyal, le rendait supérieur à eux.
Mais Gulbahar remarque que Yasemin Hatun était un peu plus affecté par cette relation qu'elle. Il est vrai que Suleiman ne passa pas beaucoup de temps avec elles, mais depuis qu'Ibrahim est venu, il n'en avait plus du tout. Il passait de temps à autre saluer ses enfants et c'était tout. Pour Mahidevran qui n'avait aucun sentiment envers lui, cela ne lui posait pas de problèmes. Mais pour Yasemin Hatun qui en éprouvait au moins quelque peu, car elle avait accepté de devenir mère de son enfant à une époque ou la situation de Suleiman était incertaine, c'était une autre situation bien qu'elle maîtrisait parfaitement son tempérament comme il lui incombait.
Au moment où Mihrisah Hatun allait répondre, Raziye Sultan demanda à sa grand-mère si elle pouvait aller voir Yahya Effendi ou Nisa pour faire un poème.
Il était vrai que Yahya Effendi fils de la nourrice de Suleiman et considéré comme frère de lait par le Sehzade considéré Raziye comme sa fille. En revanche, il préférait ne pas trop s'attacher aux autres sehzades pour ne pas être dévasté par leurs pertes. Il était cependant à noter qu'il était le contraire d'Ibrahim tant qu'il était humble. Nisa, elle était une très bonne poésie qui correspondait régulièrement avec Suleiman. En effet, il avait plus d'affinités en poème qu'avec ses trois autres concubines bien qu'elles aient été douées dans cette matière.
« Tu peux aller voir Yahya Effendi, mais tu devras revenir dans peu de temps, sourit Hafsa ».
- Merci beaucoup, grand-mère, répondu joyeusement la petite fille.
Pourtant au moment où elle s'apprêtait à partir d'un eunuque entra dans la pièce et annoncé à Hafsa qu'elle avait de nouveau un petit-fils en bonne santé.
En un instant Hubeh Hatun, était également devenu un ennemi pour Mahidevran et Yasemin Hatun.
Une inquiétude de plus est venue s'ajouter à leurs problèmes sérieux.

*Je me permets d'avancer la date de naissance du troisième fils de Suleiman pour les besoins de l'histoire.

Ensuite en dehors de la kalfa Aylin que j'ai du inventer car nous n'avons pas hélas les noms précis des kalfas de Mahidevran, tous les personnages de ce chapitre sont réels. Yasemin Hatun et Hubeh Hatun ont également réellement existés et il y a une forte probabilité qu'elles s'appellent comme ça , même si ce n'est pas totalement sure. 

La poétesse du nom ou du moins du pseudonyme de Nisa a existé , certaines sources disent qu'elle a fait partie du harem et qu'elle connaissait Suleiman depuis son enfance ou du moins quand il était sehzade à Manisa. Pour les besoins de mon histoire, j'ai pris en compte cette version.

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⏰ Last updated: Apr 01, 2023 ⏰

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L'incroyable et tragique destin de MahidevranWhere stories live. Discover now