Le commencement

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Mahidevran de son autre nom Gulbahar n'était plus capable de penser. Elle voulait surtout désespérément que la douleur s'arrête. La jeune fille n'entendait même pas les kalfas qui essayaient de la rassurer.

Par deux fois, elle manqua de s'évanouir. Il a fallu qu'on la tapote plusieurs fois sur les joues pour la tenir réveillée.

Alors qu'après des heures de souffrances elle était près d'abandonner, une des kalfas lui expliqua avec grande insistance que c'était presque terminé, mais qu'il fallait pousser.

Mahidevran était presque à bout et voulait abandonner. Mais la pensée que pour le bien de son futur enfant, elle se devait de fournir des derniers efforts surtout si c'était un fils. Après tout, un fils très tôt orphelin de mère dans cette position verrait ses chances de survie baissait drastiquement.

Mahidevran puisa ses dernières forces dans cet acte et se surpris à découvrir qu'elle pouvait de nouveau crier.

C'est alors que son enfant sortit enfin. Au départ, il ne poussa pas un cri ce qui inquiéta sa jeune mère.

«Est ce que mon enfant va bien ? Dit-elle, anxieusement à voix basse. Est-ce un sehzade ou une Sultana ? ».

Une des kalfas pris l'enfant en ne faisant pas attention à Gulbahar. De toute façon, la jeune mère venait de parler si doucement au point que cela aurait tenu du miracle si quelqu'un l'avait entendu.

Toutefois, ses craintes furent en partie dissipées quand son enfant commença à pousser son premier cri. La kalfa lui rendit son enfant après avoir couvert ce nouveau né.

« Félicitations Mahidevran Hatun , fit-elle en souriant, vous venez de mettre au monde un sehzade qui a tout l'air d'être en bonne santé » .

La jeune mère était à la fois rassurée que son fils était bien portant et anxieuse de son avenir. Il n'était pas le premier-né du sehzade Suleiman et il partait avec un certain désavantage. Gulbahar était prise dans des sentiments contradictoires entre la fierté d'avoir remplit son devoir vis à vis de la dynastie et de l'Empire en leur donnant un nouveau sehzade et l'inquiétude grandissante pour son fils. Mais un autre sentiment commençait à émerger et plus fort que les deux autres alors que le nouveau-né commençait à jouer avec les cheveux blonds en sueurs de sa mère. C'était de l'amour.

A ce moment là Gulbahar se promit de faire tout ce qu'elle pouvait pour aider son fils à devenir un sehzade respecté et lui faire échapper au sort funeste de tout ce que ni pouvaient pas être Sultan.

Perdue dans ses pensées et par la fatigue, elle n'entendit pas une des kalfa qui annonçait l'arrivée Ayse Hafsa mère du sehzade Suleiman.

Prise de honte Mahidevran tenta de s'en excuser, mais Hafsa l'en dissuada en levant simplement sa main.

« Ce n'est rien Mahidevran, dit-elle rayonnante. J'aimerais voir mon nouveau sehzade ».

Hafsa était une femme de paix, qui ne favorisait aucune concubine de son fils, mais aussi très intelligente. Elle avait réussit comme exploit à devenir la favorite du Sultan Selim ce qui n'était pas une chose aisée au vu de son caractère. Son avenir semblait presque réussit si ce n'est que Selim se méfiait de son fils Suleiman bien qu'il fût son fils favori surtout au vu de certains événements.

Alors que Hafsa s'émerveillait et était heureuse d'avoir un second petit-fils, elle avertit Mahidevran que Suleiman serait là d'ici quelques heures pour nommer leurs fils.

Suleiman... Mahidevran le respectait, mais n'avait aucun amour pour lui. Et c'était la même chose pour lui. Ils n'avaient rien en commun.

Mahidevran a été réduite en esclavage quand elle était enfant, mais elle n'en avait aucun souvenir. Il était probable qu'elle a été dans une famille chrétienne avant sa capture. Par la suite, elle fut envoyée au harem à Manisa où pendant des années elle a été éduquée selon les principes de cet environnement. Elle s'imaginait que dans le meilleur des cas elle serait mariée à un bey ou un pacha, mais un autre destin l'attendait. Elle a été jugée apte à donner à la dynastie un héritier. C'était une grande responsabilité à la fois effrayante, attrayante et honorifique qu'elle avait acceptée.

Toutefois, lorsqu'elle a enfin rencontré, aucune affection ne s'est développée envers l'un ou l'autre. Non pas que ça la dérangeait, mais par moment elle se demandait ce qu'elle ferait de sa vie si elle avait été avec quelqu'un qui l'aimait et qu'elle aimait.

S'ils laissèrent Mahidevran se reposer pendant environ une heure, ils la sortirent de son sommeil à son grand désespoir. Elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle s'était endormi tant elle était épuisée.

Les kalfas l'aidèrent à s'habiller, mais Mahidevran ne pouvait pas tenir debout, ce qui n'étonnait personne, mais ce qui compliquait la tâche. Après seulement s'être préparée elle fut autorisée à se rallonger sur le lit.

Après quelques temps d'attente Sehzade Suleiman et sa mère firent l'apparition dans la chambre. Hafsa prit dans ses bras le nouveau-né et le donna à Suleiman afin qu'il lui donne un prénom.

Bien qu'il hésitait, il le prit dans ses bras et chuchota trois fois son nom à l'oreille qu'il serait nommé Mustafa.

Mahidevran savait que ce moment devait être touchant. Mais quelque chose en elle l'alertait sans qu'elle sache pourquoi dans cette scéne Suleiman rendit l'enfant à sa grand-mère tout en souriant à Hafsa et Mustafa avant de partir. Ces temps çi il était plus heureux depuis qu'il avait rencontré Ibrahim qui était un cadeau de Iskender Pacha.

Mahidevran, eut pour ordre de se reposer. Elle savait maintenant qu'elle comptait comme ennemi Yasemin mère du sehzade Mahmoud et premier né de Suleiman ainsi qu'une autre concubine enceinte Hubeh qui avait déjà donnait naissance à Raziye Sultan. Comme elle n'avait pas encore donné naissance à un garçon, elle avait été autorisée à concevoir un autre enfant avec Suleiman.

Elle le savait, ça serait une lutte à mort entre les sehzades à la mort de leur père. Même si un des sehzades le voulait, il ne pourrait pas épargner ses demi-frères sans mettre en colère les Oulémas, support essentiel pour devenir Sultan, et ce, depuis que Mehmed II a légalisé le fratricide en le faisant valoir comme un devoir.

Néanmoins ce que ne savait pas Mahidevran à ce moment-là, c'est qu'elle allait rencontrer un destin des plus cruels imposé par un homme de plus en plus cruel et paranoïaque. 

L'incroyable et tragique destin de MahidevranWhere stories live. Discover now