Il se leva et s'installa sur le canapé tout en pianotant sur son téléphone d'une froideur troublante. Il agissait comme s'il n'y avait pas un putain de mort au beau milieu de mon appartement, mais cela ne m'étonnait pas lui. Je savais qu'il était comme ça que j'avais croisé son regard lors de notre première rencontre.

- T'aurais pu appeler la police comme tout le monde, merde !

- La police ne doit pas se mêler de ça.

- C'était une putain de voleuse-

- Une voleuse qui voulais te kidnapper ? Ne soit pas si conne, me coupa-t-il froidement. Ce n'était pas une « putain de voleuse » comme tu le dis.

« Kidnapper »

Cette réalisation soudaine me frappa comme un électrochoc.

Mes yeux s'écarquillèrent, et ma colère se dissipa instantanément. Mes mains se serrèrent instinctivement, cherchant un soutien, mais elles tremblaient de manière incontrôlable. Mes lèvres s'entrouvrirent, mais aucun son n'en sortit, le choc paralysant ma voix.

Il avait raison.

Que se serait-il passé s'il n'était pas intervenu ? Les scénarios s'entremêlent dans mon esprit ne faisant qu'accentuer mon mal-être.

Pourquoi voulait-elle me faire une chose pareille ?

En fait, j'avais ma petite idée.

- Pourquoi est-ce qu'elle voulait me... kidnapper ? lui demandai-je la peur immiscée dans mes mots.

Seul le silence me répondit.

Il me regarda, de ses yeux qui perçaient l'âme de quiconque croisait son regard, comme s'ils étaient les portes d'un abîme sans fond. Ils étaient d'un noir profond, dépourvus de toute lueur de chaleur ou d'humanité.

- Je sais que c'est à cause de vous, osai-je poursuivre.

Il arqua un sourcil, les coins de sa bouche remontèrent imperceptiblement, trahissant une lueur d'amusement ou peut-être même de cruauté.

- Comment peux-tu en être si sûre ?

- Arrête de me prendre pour une idiote. J'en suis certaine.

- T'as donc réponse à ta question, pas la peine de me faire d'interrogatoire.

Il reporta son attention sur son portable comme si nous venions d'échanger sur un sujet de conversation futile, indigne d'avoir besoin de s'attarder dessus.

- Pourquoi vouloir me kidnapper moi ? me répétai-je, décidée d'avoir réponse à mes questions.

Quelqu'un apparût à l'entrée.

- J'ai éliminée les deux hommes qui attendaient dans le van, lança Suzan essoufflée, une arme à la main. On se tire d'ici avant que des renforts n'arrivent.

Le brun se leva alors pour suivre son amie.

- Et le corps ? demandai-je naturellement, eux qui semblaient l'avoir oublié comme une vulgaire chaussette.

- Quelqu'un viendra tout nettoyer tout à l'heure. Là, faut qu'on s'tire, me dit-elle.

- Comment ça « on » ? Je ne vais nul part moi, allez-y vous, lui dis-je alors.

Les suivre serait pour moi accepter d'être mêlée à eux pour de bon. Et je voulais tout sauf ça. Je voulais seulement me faire petite, retourner à mon quotidien ennuyant et être invisible aux yeux du monde. Je ne voulais pas de tout ça.

- Attends, tu ne crois quand même pas qu'on va te laisser ici ?

- On ne la laisse pas ici ? s'étonna également Isaac.

RENAISSANCEWhere stories live. Discover now