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2 jours plus tard - Point de vue de Mehdi

J'étais en train d'attendre Malika, comme d'habitude. On se marie dans deux jours et étrangement, il n'y a pas plus de stress que ça autour de ce mariage. Malika n'est pas plus stressée que pour l'organisation de la petite soirée de la semaine dernière du coup moi non plus. Si elle est sereine, je suis serein. C'est Soumaya qui est bien moins sereine. Elle qui semblait si calme il y a deux jours. Du coup je ne voulais pas la stresser encore plus en étant en retard. Elle était déjà gentille de tout organiser pour nous et de prendre tout ce stress sur ses épaules.

-"Malikaaaa ! T'es sérieuse toi ?! T'es en train de te changer encore ?"

Malika : "J'aimais pas du tout comment l'autre jean m'allait."

-"Mais on s'en fout ! On s'en branle Royal ! On va chez tes parents Malika. Ta mère attend et toi tu fais des chichis sur un jean ? Grouille s'il te plait. Tu vas nous la faire stresser pour rien. Elle a pas que ça à faire."

Malika : "Je suis pas ton enfant Mehdi. Change de ton quand tu t'adresse à moi. Et puis ma mère, t'inquiète pas pour elle, elle vit pour ce moment. C'est pas moi qui vais la stresser."

Je n'ai plus rien à dire, je lève les yeux au ciel et sors du dressing. J'avais nourri tous les animaux qu'on s'apprêtait à laisser là et Yuna était toute prête pour venir avec nous, donc j'attendais. J'attendais et je pensais, mes pensées tournaient en rond dans ma tête avant d'aller vers ma mère et vers mon père que je ne savais plus si je devais détester ou non.

L'idée de me marier sans famille est d'une telle violence que je n'en dors plus la nuit. Je revois l'image de ma mère si enragée que je ne la reconnais même pas foncer sur Malika qui l'a regarde terrifiée avec ses grands yeux ouverts et brillant de larmes, je revois Soumaya gifler ma mère, je revois Bashir se tenir si grand, si droit, si fière devant mon père recroquevillé sur lui-même, hagard, la haine sur le visage en bavant presque.

Malika : "Mehdi ?! Chaton ? Ça va ?"

-"Hein ?! Mhm. Oui ça va."

Heureusement que je l'ai. Quand je regarde son visage, je me dis que tout ça en vaut la peine. Je ne peux pas dire que c'est facile, que ce n'est pas douloureux, mais je suis prêt à supporter le triple si c'est pour la garder près de moi.

Malika : "On dirait que t'es possédé, qu'est ce qui t'arrive ?!"

-"Rien, je pensais c'est tout. Ne t'en fais pas. Allons-y."

Je me lève et je me dirige vers la porte d'entrée, Malika me suit, me rattrape. À mon niveau elle attrape ma main dans la sienne et la caresse doucement. Elle sait.

Notre trajet en voiture s'est fait dans le silence. Chacun de nous était plongé dans ses pensées. J'ai eu l'impression que ce trajet n'avait duré qu'une minute.

Comme si Dieu nous envoyait un dernier test, quand nous sommes arrivés aux roseaux et descendus de la voiture, mon père est la première personne que nous avons croisée. Quels étaient les probabilités ? Cet homme est toujours en Algérie ou alors fourré chez sa troisième femme à Paris. Comment se fait il qu'il traine aux roseaux ces derniers jours ?
Nos regards se croisent, il s'approche de moi, me regarde droit dans les yeux. Il crache. Je le vois faire mais je ne réalise pas tout de suite, c'est lorsque je vois le crachat atterrir entre mes deux pieds que je comprends ce qui vient de se passer. Le temps que je réalise pour le crachat, mon père me met une gifle. Sa main rejoint ensuite le long de son corps et nous nous regardons dans les yeux.

Mon père : "Il parait qu'on a pas le droit de la toucher la kehloucha. C'est toi qui prend alors. Ould haram, comment as-tu pu laisser qui que ce soit gifler ta mère, sous tes yeux sans gifler cette personne en retour ?"

Le monde est à nousDove le storie prendono vita. Scoprilo ora