Marc : Alors, qu'est ce que tu penses de Strasbourg ? Me demanda-t-il.
Moi : Je connaissais pas du tout et franchement c'est une belle surprise. En plus d'être une belle ville j'ai l'impression que tout le monde est gentil ici, dis-je en rigolant.
Marc : Ah bah c'est sûr que c'est pas Paris ! C'est vraiment pas une légende hein, les parisiens sont connus pour être désagréables. Pas vrai Naëlle ? Ajouta-t-il, s'adressant à une collègue.
Naëlle : Ah oui oui je confirme ! S'exclama-t-elle. Moi j'ai vécu toute ma vie à Paris et j'peux te dire qu'ici ça n'a rien à voir. C'est là que tu te rends compte qu'à Paris on est vraiment aigris, ajouta-t-elle en rigolant.
Moi : Bon je vais pas cracher sur Paris non plus hein, mais c'est vrai qu'ici c'est agréable quand même..
Marc : Tu te projettes un peu ?
Moi : C'est encore difficile à dire, repose moi la question vendredi, dis-je en souriant.

Deux heures plus tard, j'étais enfin de retour à l'hôtel. Naëlle s'était proposée de me déposer et au vu du froid qu'il faisait, j'avais accepté. Il était 22h lorsque j'entrai enfin dans ma chambre. J'accrochai mon manteau, jetai mon sac sur le lit et filai sous la douche. J'étais tellement gelée que même l'eau tiède me brûlait la peau. Je sortis de la douche un quart d'heure plus tard, enfilai un jogging et un t-shirt et me posai enfin. J'attrapai mon téléphone et fis le tour de mes applications. Amine n'avait pas tenté de me joindre.

Ce constat réveilla soudain la colère et la déception que j'avais emmagasinée en moi ces derniers semaines. Au delà de la peine qu'il m'avait causée, désormais je lui en voulais. Je lui en voulais de m'avoir laissée et je détestais que son absence me pourrisse la vie jour après jour. J'avais tout essayé mais rien n'y faisait. Je n'allais pas mieux. Tandis que des larmes de frustrations coulaient sur mes joues, j'éteignis la seule lumière encore allumée et me forçai à m'endormir.

*jeudi 19 janvier*

La journée s'était assez bien déroulée même si la fatigue commençait à se faire ressentir. Malgré moi, j'avais gardé les yeux rivés sur mon téléphone toute la journée, espérant naïvement que ce jour-ci serait différent des autres. Il était maintenant 18h30 et j'avais décidé de rentrer directement à l'hôtel afin de me retrouver un peu seule. En rentrant dans la chambre, j'avais pris une douche puis m'étais glissée sous les draps, bien décidée à fermer les yeux sur une réalité qui était sur le point de me frapper de plein fouet.

Il était presque 21h lorsque je fus tirée de mon sommeil par la vibration de mon téléphone. À moitié éblouie, j'ouvrai un oeil et regardai l'écran. Sanaa. Bizarre. Je décrochai.

Moi : Allô ?
Sanaa : Ouais allô ?
Moi : Ouais ?
Sanaa : Tu dormais ou quoi ?
Moi : Ouais pourquoi ?
Sanaa : T'abuses il est 21h même pas ! Allez réveille-toi là y'a le live qui va commencer
Moi : Mais je t'ai dis que j'allais pas regarder !
Sanaa : Bon comme tu veux, mais réveille toi par contre
Moi : Ouais ouais vas-y bisous
Sanaa : Vas-y bisous

Je raccrochai. Alors que je m'apprêtai à me rendormir, une notification fit vibrer mon téléphone, dont l'écran éclaira la pièce.

Twitch : « aminematue est live ! »

Je mis mon téléphone sous l'oreiller et me retournai de l'autre côté. Au bout d'une quinzaine de minutes, je poussais un soupire, allumai la lumière, me levai du lit et branchai mon ordinateur à la télé. Quelques instants plus tard, alors que je bataillais encore avec les câbles sous le bureau, la voix d'Amine se mit à résonner dans la pièce.

Amine : Weeeesh comment ça va tout le monde ? Ça va ou quoi ? Vous allez bien ?

Je relevai la tête et regardai l'écran. Mon coeur se serra. Habillé en noir et les cheveux tirés en arrière, Amine était là, souriant et plus beau que jamais. Après quelques instants, je me relevai et me glissai à nouveau sous la couverture.

Plus le live avançait, plus la sensation de lourdeur dans ma poitrine grandissait. Contrairement à ce que Mickaël m'avait décrit la veille, Amine était souriant et ne semblait aucunement atteint par quoi que ce soit. Les épreuves s'étaient enchaînées les unes après les autres et, après un combat acharné, les rappeurs avaient fini par remporter la victoire.

Je m'apprêtai à éteindre le live lorsque soudain, l'éclairage du plateau vira au violet, tandis que les premières notes de Placebo retentissaient dans la chambre. Ma gorge se noua. Le temps d'un instant, je me demandai si le choix de musique venait de lui et si lui aussi pensait à moi en ce moment-même, mais chassai rapidement cette pensée de mon esprit. Tout avait changé depuis. J'étais à Strasbourg, seule, et lui n'était plus là. Le coeur lourd, je décidai de couper le live et d'aller me coucher.

Une demi-heure plus tard, je fus tirée de mon demi sommeil par des vibrations provenant de sous ma tête. Je glissai mon bras sous l'oreiller et tâtonnais afin de mettre la main dessus. La luminosité étant trop forte, je plissai les yeux, peinant à lire l'écran. Soudain, je sentis mon coeur s'arrêter. Amine.

Au bout de quelques secondes, je décrochai.

Moi : Allô ?
Amine : Ouais allô..

QUAND LES ÉTOILES S'ALIGNENT - AmineMaTueWhere stories live. Discover now