La perruche

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Pendant le trajet, nous avions parlé un peu de nos semaines respectives et Amine s'était improvisé critique musical de ma playlist. Nous roulions depuis 20 bonnes minutes lorsque je commençais à reconnaître les lieux.

Moi : Eh mais on est pas à Saint Laz là ?
Amine : Ouais si c'est ça
Moi : Ah bah en plus on est presque arrivés
Amine : Comment tu sais ?
Moi : Y'a écrit 2min sur le GPS
Amine : Ah .. bah ouais du coup.. Bon ! On va se garer là parce que ça sera impossible de trouver de la place juste à côté.
Moi : Pourquoi impossible ?
Amine : Y'a jamais de place dans cette rue, je sais même pas si y'a des places carrément
Moi : Mais wsh tu m'emmène où ..
Amine : Tu vas voir, tu vas voir.. Mais en vrai je pense que ça va tu vas kiffer.
Moi : T'y es déjà allé ?
Amine : Nan jamais, mais j'ai un pote qui m'en avait parlé
Moi : Ah d'accord

Il entra dans un parking qui se trouvait juste à côté de l'adresse puis gara la voiture.

Amine : Bon on est pas pile pile à l'adresse mais c'est à moins de 500m. T'as des talons ? J'ai pas vu
Moi : Ouais mais tranquille ils sont confortables. Par contre je crois que je vais laisser la rose dans la voiture pour pas encombrer la table
Amine : Ouais t'inquiète vas-y passe, dit-il en la saisissant pour la poser sur la banquette arrière.

Il sortit de la voiture et je fis de même. Je l'observai quelques instants. Il portait un pull noir, un pantalon cargo beige et des baskets.

Amine : Qu'est ce qu'il y a pourquoi tu me regardes comme ça ? Dit-il en baissant les yeux pour vérifier que rien ne clochait.
Moi : J'ai pas le droit de te regarder ?
Amine : Bah si mais j'ai cru que j'avais une tâche ou un truc comme ça
Moi : Ah nan nan t'es juste beau
Amine : Allez ça commence la cheb
Moi : Eh mais toi le jour où tu réagiras normalement à un compliment..

Il se mit à rire.

Amine : C'est bon c'est bon merci. Toi aussi t'es belle
Moi : Ah bah merci c'est gentil.. dis-je en esquissant un sourire gêné. En fait t'as raison c'est dur de répondre normalement à un compliment, ajoutai-je en rigolant.
Amine : Ah tu vois ! S'exclama-t-il. Merci enfin quelqu'un d'honnête, dit-il en me serrant la main.

Nous étions sortis du parking et marchions depuis quelques minutes lorsqu'il s'arrêta devant un bâtiment. Je levai les yeux et le reconnu. Nous étions devant l'entrée du Printemps Haussmann, un grand magasin très connu à Paris.

Moi : On va au Printemps ?
Amine : Ouais
Moi : Mais y'a pas de restaurant ici si ?
Amine : Ah nan nan on va juste faire les boutiques à 20h.
Moi : T'es trop chiant, dis-je en rigolant. Bon vas-y j'arrête de poser des questions.

Amine entra dans le magasin et de dirigea vers les ascenseurs. Il appuya uniquement sur le bouton de l'ascenseur de droite. Je m'apprêtai à appuyer également sur celui de gauche mais il m'arrêta.

Amine : Nan appuie pas, y'a que l'ascenseur de droite qui y va
Moi : Wsh mais on va a Poudlard ou quoi

Il explosa de rire. L'ascenseur arriva au même moment.

Amine : Ouah la ref de fou, dit-il en riant. Bon vas-y monte.

Je montai dans l'ascenseur et il me suivit, puis appuya sur le 9e étage. Je regardai ce à quoi correspondait celui-ci. À côté du numéro était inscrit « La perruche, restaurant et terrasse.». Je me tournai vers Amine.

Moi : La perruche ? Je savais même pas qu'il y avait un restaurant sur le toit du Printemps
Amine : Sah je savais pas non plus, dit-il en rigolant.

L'ascenseur arriva à l'étage. Amine descendit et je lui emboitai le pas. En face de nous se trouvait une arche qui donnait sur une allée entourée de petits arbustes. Au bout de celle-ci se trouvait l'entrée du restaurant. Une hôtesse d'accueil fit son apparition, vérifia la réservation puis nous invita à la suivre. Elle nous fit traverser tout le restaurant puis sortis sur la terrasse chauffée.
L'endroit était plutôt fréquenté mais les gens qui se trouvaient là n'avait pas l'air de connaître Amine. Elle marcha jusqu'au bout de la terrasse et nous installa à une table qui se trouvait légèrement en retrait.

Je regardai autour de moi. La terrasse offrait une vue magnifique sur la Tour Eiffel et était éclairée d'une lumière tamisée et agréable. Des bougies se trouvaient sur la table et des plaids étaient également mis à notre disposition sur le dos de nos chaises.

Alors qu'Amine s'installait, je marchai jusqu'à la rambarde et pris une photo tant la vue était belle.

Amine : Alors t'aime bien ?
Moi : C'est super beau, en plus je sais pas si t'as vu mais on voit la Tour Eiffel, dis-je en me rasseyant et en lui montrant ma photo.
Amine : Ah ouais, dit-il en se retournant. Mais de là où t'habite tu la vois tous les jours quand même, dit-il en rigolant.
Moi : Bah ouais mais j'sais pas j'aime bien
Amine : Nan mais après jsuis culotté, j'te dis ça alors que moi-même je suis jamais allé à la Tour Eiffel
Moi : Ah ouais ? Mais comment ça se fait ? Même quand t'étais petit ?
Amine : Ouais même quand j'était petit j'y suis jamais allé, pourtant j'ai toujours habité à Paris et j'me retrouve à 28 ans sans y avoir été c'est scandaleux frère

Je me mis à rire. Le serveur arriva au même moment pour nous donner les différentes cartes. Nous avions ensuite passé nos commandes et les plats étaient arrivés. J'avais opté pour les tagliatelles à la truffe tandis qu'Amine avait préféré prendre les rigatoni tomates basilic.

Moi : Elles sont trop bonnes, tu veux goûter ? Dis-je en lui tendant une fourchette que j'avais préparé
Amine : Ouais vas-y, dit-il en la saisissant. Tiens, goûte les miennes aussi elles sont bonnes, enchaîna-t-il en poussant son assiette vers moi.

Je piquai quelques pâtes dans son assiettes et les goûtai.

Moi : Mmmh ouais elles sont bonnes mais je préfère les miennes
Amine : Putain moi aussi je préfère les tiennes, dit-il d'un air dépité. C'est toujours comme ça de toute façon
Moi : De quoi c'est toujours comme ça ?
Amine : Je choisi jamais les meilleurs trucs au restaurant c'est grave
Moi : Nan mais elles sont bonnes aussi les tiennes abuse pas, tu veux qu'on échange ?
Amine : Mais nan n'importe quoi on va pas échanger
Moi : Bon bah si tu veux on partage, tu peux manger dans mon assiette, dis-je en la poussant vers lui.
Amine : J'te jure des fois tu me fais penser à ma daronne, dit-il en souriant.
Moi : Ah ouais ? Pourquoi ?
Amine : Je sais pas, y'a des petits trucs que tu fais des fois on dirait ma mère. Mais c'est un compliment hein, vois pas ça bizarrement
Moi : T'inquiète je le vois pas bizarrement, mais tu me l'avais déjà dit ça je crois quand j'étais chez toi.
Amine : Ah ouais ? J'me rappelle même plus
Moi : Ouais, parce que j'avais un stylo dans mon sac
Amine : Ah ouais c'est vrai, dit-il en rigolant. Nan ça par contre c'était abusé, qui à part une daronne a un stylo dans son sac
Moi : Bah ça peut servir !
Amine : Ouais ouais ça peut servir ouais..

Nous avions terminé de manger une demi heure plus tard. Malgré mon insistance, Amine s'était levé pour aller payer. J'avais tout de même réussi à négocier avec lui pour payer le pourboire tant le service avait été impeccable.

Alors que nous sortions du Printemps, je m'accrochai à son bras. En réponse à ce geste, alors que nous marchions, il se pencha légèrement pour m'embrasser la tête.

Une fois arrivés à la voiture, Amine avait déverrouillé les portières et, tandis qu'il s'installait, j'ouvrai la portière arrière pour récupérer ma rose. Je m'installai ensuite côté passager et vis qu'Amine me regardait d'un regard amusé.

Moi : Qu'est ce qu'il y a ?
Amine : Ty tiens à ta rose hein, me taquina-t-il
Moi : Ah mais oui, je vais même la faire sécher
Amine : T'inquiète t'en auras d'autres, dit-il en mettant le contacte.

Cette réflexion me fit sourire. Je mis ma musique en route tandis qu'il réglait le GPS, puis nous avions pris la route en direction de chez moi.
Nous étions arrivés en bas de chez moi 35 minutes plus tard. Alors qu'il tournait dans ma rue, je me tournai vers lui.

Moi : Tu veux monter ?
Amine : Tu travailles pas demain ? Ah mais nan jsuis un ouf on est vendredi ! Dit-il en répondant à sa propre question.
Moi : Bah ouais on est vendredi, dis-je en rigolant. Du coup ?
Amine : Ouais vas-y je vais monter
Moi : Vas-y bah tourne à droite je t'ouvre le parking.

Il entra dans le parking de mon immeuble et y gara sa voiture. Après que je me sois assurée d'avoir récupéré toutes mes affaires à l'avant et à l'arrière, Amine avait refermé sa voiture et nous étions montés chez moi.

QUAND LES ÉTOILES S'ALIGNENT - AmineMaTueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant