CHAPITRE 19 | Stan

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A moitié nu au beau milieu d'un trottoir, il ne tarde pas à recevoir son pull provenant de la fenêtre du premier étage.

-       Arrête de crier, et pars vite ! Je t'appellerai, dit la jeune femme à son tour.

Sur ces mots, elle referme la fenêtre de sa chambre et tire ses rideaux.

Alors, je trottine jusqu'à mon ami pour le saluer.

-       Harry ? Qu'est-ce que tu fous là au beau milieu de la nuit ? Et à moitié à poil ? l'harcelé-je de question.

Le brun à la coupe militaire sursaute en me voyant arriver. Puis, il se met à rire avant d'enfiler son pull et ses chaussures.

-       Viens, on bouge !

Il m'emmène dans la rue perpendiculaire et soupire en s'installant sur l'un des bancs. Je le rejoins alors qu'il en profite pour attacher les lacets de ses Docs-Martens usées.

-       C'était Julie, Judy, merde je sais plus. Son mec est rentré au milieu de la nuit. Quel emmerdeur, on passait une bonne soirée, dit-il en relevant la tête vers la mienne.

Je soupire à mon tour, passant les mains dans mes cheveux. Il y en a un qui s'amuse au moins.

-       T'es vraiment un enfoiré. Un jour, toutes tes conneries vont te rattraper, tu sais ?

Harry me lance un regard mauvais.

-       T'es mal placé pour me faire la morale. Tu couches peut-être pas à droite à gauche, mais à mon sens, tu fais bien pire, dit-il en croisant les bras sur sa poitrine.

Je lève mon majeur dans sa direction. Je suppose qu'il a raison, je n'ai pas vraiment mon avis à donner sur ses activités.

-       J'espère que ça en valait le coup au moins, raillé-je d'un ton mauvais.

Mon ami passe sa langue sur ses dents en me lançant un regard plein de sous-entendu. Je ne suis pas de nature à juger les actes des gens, bien au contraire. Je suppose que je suis juste épuisé, triste et mélancolique.

-       Oh que oui, elle a une façon particulière de crier mon prénom, j'ai adoré.

Il réussit à m'arracher un rire. Harry s'étire dans tous les sens avant de faire un petit bruit de mécontentement.

-       Putain, j'ai oublié ma montre dans sa chambre. Quel bordel. Bon, sinon, qu'est-ce que tu fous là toi ? Je doute que tu étais dans la même situation que moi. Même si, très sincèrement, je pense que ça te ferait le plus grand bien. Un truc rapide, sans prise de tête, juste pour décompresser un peu, tu vois ?

J'ai toujours admiré sa capacité à profiter de la vie. Harry est un épicurien. Il cache des secrets, comme nous autres, mais il vit au moment présent. A l'inverse de moi qui reste bloqué dans le passé sans pouvoir y échapper.

-       Je suis sortie courir. 

Il répond d'un « mmh » ennuyé avant de sortir une cigarette de son paquet et de la placer entre ses lèvres. Il ne m'en propose même pas une. Alors, dès lors qu'il a tiré sa première taffe, je la lui vole.

Je ne fume pas en général. Je n'y vois pas un grand intérêt lorsque la substance n'est pas calmante ou hallucinogène. Mais, là, je suis énervé alors je veux emmerder mon meilleur ami sans raison.

-       Emmerdeur, dit-il en sortant une nouvelle clope de son paquet.

-       Je crois que t'as raison, avoué-je quelques secondes plus tard.

INSOMNIA [sous contrat d'édition chez Hugo Publishing]Where stories live. Discover now