Chapitre 33: Entraînement interrompu

Start from the beginning
                                    

La porte franchis, je m'empare du gant de toilette et entreprend de me laver. Une fois chose faite, je m'empresse d'aller sous les draps de mon lit et m'endors avant d'avoir pu compter jusqu'à dix.


*


Les rayons du soleil qui traversent les légers rideaux m'ôtent de mon sommeil. Après avoir repris mes esprits, je sors du lit et me vêtit des habits d'entraînement qui ont été posé sur le fauteuil au bout de mon lit.

J'ai décidé qu'aujourd'hui serait mon dernier jour de repos, demain j'irai à l'encontre du Cardinal. Je considère avoir assez tourné autour du pot, je dois à présent me rendre pour libérer mon ami.

Je sors de ma chambre puis passe par le grand salon pour trouver Gladys. Ne la voyant pas je suppose qu'elle doit être dans son bureau, malheureusement je n'en connais pas la localisation. N'ayant pas d'autre chose à faire je pars m'entraîner dans la salle du sous-sol où par surprise je découvre qu'un petit déjeuner bien copieux m'y attend sagement. Décidément Gladys pense à tout.

Je dévore avec hâte la nourriture puis, comme hier, je commence mon entraînement par des échauffements pour ne pas confronter mon corps à une activité trop intense dès son entrée en matière. Les exercices de la veille se font ressentir, mes muscles au départ douloureux, une fois échauffés ne sont plus si gênants.

Je cherche l'épée de Papa que j'avais avec moi en descendant au rez-de-chaussée mais ne la trouve point. Habitée par la lassitude je prends l'initiative de m'en occuper plus tard et m'empare d'une des épées du coffre qui me parait convenir puis commence les nombreux gestes et enchaînements que j'ai appris au cours de mes leçons. Tournant le dos à la porte je ne m'aperçois tout d'abord pas que celle-ci à été ouverte. Je n'entends pas la personne se diriger vers moi, mais fort heureusement je sens sa présence derrière mon dos. D'un mouvement vif je me retourne tout en pointant mon épée vers la personne qui ne s'est point annoncée. Nos deux armes se croisent créant un bruit aigue que je ne connais que trop bien.

De même que je connais trop bien les bras de la personne qui tiennent l'épée adverse.

Surprise par sa présence je n'en lâche pas pour autant mon ardeur et l'attaque. Mon adversaire semble surpris de mon action mais la pare sans difficulté. S'en suit alors des suites d'attaques et parades donnant à tour de rôle l'avantage à l'un puis à l'autre. Cependant le naturel revient au galop et mon adversaire prend le dessus, je me retrouve le dos collé à son torse et son épée sur ma gorge. Ne voulant point abandonner bataille, je lui donne un coup de coude dans le ventre mais mon geste désespéré n'obtient pas l'effet escompté. Malgré un léger soupire de douleur, l'adversaire ne faiblit pas. C'est alors que le silence de nos voix est brisé par la sienne, grave et douloureuse.

- « Tu m'avais promis... » mais je le coupe en prononçant froidement :

- « Bien, comme cela nous sommes deux à avoir promis et trahis. »

Surpris par mes paroles, il relâche son étreinte me permettant de me déloger de son emprise.

Je lui fais face, nos yeux ne se lâchent point.

- « Après tout ce que nous avons vécu ensemble je croyais que tu comprendrais.

- Je croyais que tu me comprenais aussi mais il a fallu que tu refuses que je vienne avec vous pour que je sache que tu me voyais toujours comme l'enfant fragile qu'il t'a été promis de marier. Mais je ne suis plus cette enfant et jamais je ne t'épouserai ! » mes mots le font chavirer, je perçois une profonde tristesse dans ses yeux que j'ai autre fois tant admiré.

- « Tu penses peut-être que je ne m'aperçois point de cela ? Que je ne vois pas que tu n'es plus la même ? Il me suffit de te regarder l'espace d'un instant et je vois que ton corps n'est plus le même, ton ton suffisant et tes yeux perçants sont pour moi preuves que tu n'es plus la femme que j'aime. La femme que j'ai aimée m'aurait parlé pour me dissuader de partir sans elle, elle m'aurait laissé un mot ou une quelconque preuve qu'elle part de plein grès. Elle ne serait point partie sans un mot, laissant croire à ses proches qu'elle a été enlevée. Elle aurait donné des signes de vie lorsqu'elle en avait l'occasion pour leur épargner l'angoisse de la savoir morte. Alors ne me parles point de choses que je sais déjà, à présent habilles-toi convenablement et suis-moi. » Faisant abstraction de la douleur dans ma poitrine suite à ses mots, je demande :

- « Comment as-tu su que j'étais ici ?

- La prochaine fois que tu veux te cacher tache de ne point oublier l'épée de ton père à la vue de tous. » il répond tandis qu'il me lance, pommeau vers moi, l'épée de Papa qui était accrochée à sa ceinture.

Il a donc eu la bonté de ne pas l'utiliser pour me mettre à terre. Que dis-je ?, Césaire bon ?, c'est une part de personnalité qui lui manque cruellement.

Tandis qu'il sort de la salle je n'ai d'autre choix que de le suivre. Mon cœur bat à s'en rompre les tissus. Je n'arrive point à me figurer que Césaire est ici, qu'il m'a retrouvé et surtout qu'il m'a reproché mon départ.

Une idée traverse mon esprit qui me pousse à courir pour le rattraper et lui poser la question. Je saisis son bras le faisant s'arrêter net dans sa progression. Il lance un regard à ma main posée sur son bras qui, s'il en avait l'occasion brulerait ma peau. Faisant comme si de rien n'était, j'enlève mon emprise et prononce :

- « Qu'en est-il de Palmyr et Léonce ?

- Il n'en est rien.

- Comment cela ? Vous n'avez rien fait ? »

Il se tourne vers moi indigné tandis que ses yeux me regardent avec mépris.

- « Nous avons fait tout ce que nous pouvions faire alors cesse tes reproches. Ils n'étaient point au château du Cardinal ni dans les propriétés que nous savons en sa possession. Bon nombre d'hommes d'Arthur sont morts dans nos entreprises alors ne te crois point au-dessus de nous. A présent dépêche-toi et cesse de me faire perdre mon temps. »

Son ton dur et cassant ainsi que ses paroles me semblent l'effet d'un coup de dague dans la poitrine, tout droit dans mon cœur.

Je ne dis plus mot et le suis dans le dédale de couloirs, dans l'escalier puis dans ma chambre. Arrivée dans cette dernière je croise le regard désolé de Gladys mais j'y décèle également une grande joie de revoir Césaire. Celui-ci lui demande de rester avec moi lorsque je me change pour être certain que je ne m'échappe point. Elle accepte, non sans omettre de dire que cela est légèrement abusé et qu'il devrait avoir confiance en moi. Il dit d'une voix froide mais quelque peu triste:

- « Je ne pourrai plus jamais avoir confiance en elle. »

Sa réponse brise le soupçon d'espoir que j'avais d'être comme avant, je suis maintenant certaine d'aller de l'avant.

———————————————————————————

média: épée du père de Raphaëlle

désolé pour le retard et pour les fautes, je n'ai pas eu le temps de relire, je m'en occuperai plus tard.

Je vous nem,

Ciao, Gaïa

RaphaëlleWhere stories live. Discover now