Dans la vie d'Édouard

9_Sarah

J'essaye de me remettre au boulot mais je ne suis plus vraiment motivée.

Je traîne un peu sur mon téléphone en attendant que cela revienne.

Au même moment, je reçois un message de Sammy.

'Coucou Sarah, comment vas-tu ? Je suppose qu'Edouard t'a déjà dit que je l'emmène en rencard mercredi soir, je l'imagine bien se vanter pendant toute la soirée. Je compte sur toi pour ne pas lui dire mais je voulais ton avis comme tu le connais plus que moi, il s'ennuierait dans une expo photo ? C'est un truc original et cool auquel j'ai participé. Je pourrai lui faire découvrir mon univers mais j'ai peur qu'il ne s'y retrouve pas vraiment. Qu'en penses-tu ? Merci d'avance pour ta réponse. Sammy '

Je souris doucement, j'ai déjà dit qu'il est adorable ce mec ?

Je ne le pensais pas du style à s'inquiéter de son idée de date mais c'est adorable qu'il le fasse.

' Il m'en a parlé oui, je pense que si ça parle de toi il appréciera cette idée. Il est relativement bon public, ça lui plaira sûrement. Bonne journée.'

Je repose mon téléphone et me lève de mon bureau pour me rendre dans le salon.

La fatigue commence à se faire sentir.

Je suis toujours épuisée quelques heures après une nuit de cauchemars.

Je n'ai envie de rien faire.

Je me sens faible et sans aucune volonté, je déteste être dans cet état de larve inutile.

Je ne suis capable de rien et ce matin j'ai rejeté Édouard, je sais qu'au fond j'avais raison mais j'aurai peut être dû mettre plus de formes...

Je finis par aller me vêtir, je ne vais pas rester en pyjama toute la journée, cela ne ferait qu' accentuer ma déprime.

Je choisis un jean bleu basique, un t-shirt à manches longues et un chaude chemise à carreau jaune motarde. Cela fera l'affaire.

Je me change rapidement, donne un coup de brosse à mes cheveux et enfile un bonnet noir au dessus.

Je ne sais pas vraiment pourquoi mais je me dirige vers le balcon.

Aussitôt mon regard se pose sur l'appartement où j'ai vu la personne fumer hier.

Il n'y a personne. Le balcon est très simple. Il n'y a qu'un cendrier et un tabouret en fer.

Je ne sais pas pourquoi je ne peux m'empêcher de penser à la personne de cet appartement que j'ai vu hier.

Je dois penser bêtement qu'elle a quelque chose de similaire à moi, des démons qui la réveillent au milieu de la nuit.

Soudain je vois du mouvement derrière la porte fenêtre.

Elle s'ouvre violemment et claque contre le mur, la personne sort comme un diable de sa boite et s'allume une cigarette rageusement.

Je reste là à regarder cette inconnue.

Cette fois je pourrai presque garantir que c'est une femme.

Malgré la capuche sur sa tête, j'ai comme ce sentiment réconfortant que ce n'est pas un homme.

Je trouve quelque chose d'hypnotisant à sa façon de fumer, je ne peux décoller mon regard de ses doigts au bord de ses lèvres.

Soudain elle lève les yeux et croise mon regard.

Je ne saurai pas le dire avec certitude mais je pense que ses yeux sont marrons, un marron chocolat. Sa mâchoire marquée lui donne un air sévère et torturé.