2_Édouard

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"Au fait, as-tu mangé quelque chose ce midi ? Dis-je en reprenant mon attitude de petit ami protecteur.

Son regard est fuyant et tout amusement a quitté son visage, je sais déjà ce que cela signifie...

-Je n'ai pas eu le temps... On me presse pour que je rende rapidement le sous-titrage du film russe et ensuite je dois m'occuper d'un best-seller norvégien alors j'ai passé le repas... Avoue-t-elle en fermant les yeux.

-Chérie...

-Je suis désolée... M'interrompt-elle, tristement.

-Sarah, s'il le faut, je renverrai un mail à ton patron pour qu'il arrête de te mettre la pression, il avait l'air d'avoir compris la dernière fois mais il recommence là... Soupiré-je. Viens, je vais te faire à manger, je sais que tu n'as pas faim mais il faut que tu manges. Je suis rentré, je vais m'en occuper.

Elle ne dit rien mais me suit dans la cuisine. Elle recommence à passer des repas, je sais qu'elle ne le fait exprès, c'est à moi de gérer, il faut que je fasse plus attention et que j'arrête de tomber sous le charme de tous les inconnus que je croise.

-Arrête de te triturer le cerveau Edouard, ce n'est pas ta faute, c'est juste que... C'est l'époque habituelle où je replonge, dans quelques mois ça ira mieux...

-Oui, je sais...

Je n'aime pas ces moments, où Sarah ne va pas bien et peu importe ce que je fais, ça ne lui fera jamais oublier ce qu'elle a subi. Mon amour ne guérira pas ses blessures. Je me sens impuissant et je n'aime pas ça. 

J'aimerai tellement pouvoir faire mille fois plus pour elle, je l'aime, elle est vraiment le soleil de ma vie et de savoir qu'elle ne va pas bien en ce moment et que je ne peux rien faire... 

Si seulement je pouvais lui retirer tous ces mauvais moments de la mémoire et la découvrir, libérée de tout ce poids qui lui met continuellement la tête sous l'eau, je lui offrirai mes jambes pour qu'elle puisse voler, ou mes poumons si cela pouvait retirer la cage d'épines dans lesquels les siens sont enfermés. 

J'aimerai juste la voir libre et insouciante, si seulement c'était encore possible...

Je vais faire cuire du riz, du poulet froid et les haricots d'hier ça te va ?

-Oui, merci. Dit-elle en relevant la tête.

Elle reste à côté de moi pendant que je cuisine sans rien dire.

-J'essaierai de faire plus attention... murmure-t-elle au milieu du silence.

Aussitôt je me sens maladroit, je ne veux pas qu'elle se sente coupable, ou qu'elle pense que je lui en tiens rigueur, je sais que ce n'est pas volontaire et qu'elle ne le contrôle pas.

-Hé Sarah. Dis-je en me tournant vers elle. Ce n'est pas de ta faute, je sais que tu n'y peux rien, je vais faire plus attention c'est tout et on va passer ça ensemble, comme chaque année, ne t'inquiète pas. Est-ce que je peux te prendre dans mes bras ?

-Merci... murmure-t-elle en acquiesçant.

Elle vient contre moi et je passe mes bras autour de ses épaules.

-Je suis là, ça va aller... »

📔

Une fois notre repas terminé, et même si Sarah n'a pas tout mangé, je suis content. Au fil des années je m'en sors de mieux en mieux pour prendre soin d'elle et je vois que ça l'aide vraiment que je sois là. 

« Au fait, je crois que ton coup de cœur a répondu. Me dit Sarah, un sourire en coin.
Je n'ai plus vraiment le cœur à ça, mais je vois que cela la rend un peu joyeuse alors j'en profite.

Dans la vie d'ÉdouardDonde viven las historias. Descúbrelo ahora