𝐈 | 𝐂𝐨𝐥𝐝 𝐁𝐥𝐨𝐨𝐝

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Pourquoi ne pas lui avoir ôté la vie ?

Mort, il aurait embrassé la paix. Il aurait été libéré du poids insoutenable d'une existence marquée par les tourments. La solitude, cette compagne amère, aurait cessé de l'étreindre et de l'étouffer lentement, laissant place à l'ataraxie éternelle.

Dans un long soupir affligé, glissant dans la douce mélodie du silence, il rompit le fil de ses pensées sombres.

Son ventre affamé en quête de réconfort le poussa à se relever, ses pas le guidant vers la vaste cuisine. Toutefois, ses armoires étaient des coffres vides, dépourvus de céréales, de pain, de jus de fruits, de lait.

Le mois n'était qu'à sa moitié, et il n'y avait plus rien.

Il ne lui restait qu'une pomme trop mûre, languissant au fond du tiroir frais. Légèrement répugné, il la prit en main et contempla son état, témoin du rapide défilement des deux dernières semaines où la maturité du fruit avait fait son œuvre.

Et cela ne signifiait qu'une chose.

Il devait voguer là-bas pour se laisser piéger dans l'ombre d'un étranger afin d'amasser la somme nécessaire pour les quinze jours à venir.

Il contempla sa seule subsistance pour cette journée et refréna l'impulsion de jeter le fruit contre le mur, optant plutôt pour le laver délicatement sous l'onde fraîche avant de le savourer jusqu'au trognon. Assis à l'extrémité de l'îlot central en turquin, un soupir lui échappa.

Tout lui sembla tout à coup dérisoire.

Inutile.

Se levant, il consulta l'horloge ; il ne restait que quarante-cinq minutes avant de rejoindre l'université où les enseignants récitaient leurs versets académiques et où les jeunes filles énonçaient leurs demandes presque quotidiennes de passer un moment en sa compagnie.

Soudain, il fut saisi par le spectre des examens qui s'approchaient à pas de géant, ses cours négligés pesant sur son esprit tandis qu'un souffle mélancolique s'échappait encore de ses lèvres. Malgré l'éclat de son intelligence, il se tenait résolu à conserver sa position en tête du classement. Les étudiants les plus méritants se verraient octroyer une bourse pour l'année suivante.

Pour Taehyung, c'était comme entrevoir une échappatoire, la lueur salvatrice au bout de son cauchemar.

Il devait rester l'un des premiers.

Avec une lenteur mélodique, il gravit les marches vers sa chambre où il daigna se doucher avant de revêtir un doux pull blanc aux manches étirées ainsi qu'un jean beige. Il redescendit dans le salon, emportant avec lui son sac de cours, son MacBook, ses bottines et son manteau comme des trésors précieux.

Comme à son habitude, il se stoppa sous le vestibule. Il aimait reproduire ce rituel, aussi douloureux fût-il.

Il clôt les paupières. Il grinça des dents tandis que son cœur accélérait ses battements.

Il ressentit la présence bienveillante de sa mère, la sentant approcher pour l'enlacer tendrement. Sa voix douce et harmonieuse enveloppait ses oreilles de réconfort. Travaille bien, mon chéri. Puis, il se remémora son père, les rares fois où il avait le bonheur de le croiser au petit matin, son regard, certes, froid et dur, mais vibrant d'encouragement, impliqué pour son cadet. Je suis fier de toi. Enfin, son frère surgit dans ses souvenirs, passant près de lui pour le bousculer légèrement, s'engageant dans une taquinerie complice sous le regard amusé de leur mère et vitupérateur de leur père. Il se souvint de son geste affectueux, lui ébouriffant les cheveux, un faible sourire illuminant à peine son visage, lui lançant sobrement avec un brin de malice : Arrête de râler, petit frère.

𝐑𝐄𝐐𝐔𝐈𝐄𝐌 † ᵏᵛ (réécriture en cours)Where stories live. Discover now