4. Drago

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Drago tenait toujours la main de Granger dans la sienne lorsqu'elle répliqua en riant :

– Alors ça, ça ne va pas être possible, Malefoy ! Tu n'as absolument pas une tête à t'appeler Luc !

– Tu es donc prête à trahir ma couverture ? s'offusqua-t-il faussement. C'est sous ce nom là qu'on me connait, dans le coin.

– Peut-être, mais je n'utiliserai pas le prénom de ton père – ni son diminutif, d'ailleurs – pour parler de toi.

– Compréhensible. Comment comptes-tu m'appeler, alors ?

Drago se sentait tellement heureux et soulagé qu'il en aurait esquissé un pas de danse. Il ignorait pourquoi Granger était revenue sur sa décision, mais l'idée de pouvoir être enfin totalement lui-même avec quelqu'un le remplissait de joie.

– Drago, probablement, répondit-elle en haussant les épaules, libérant sa main par la même occasion. On n'aura qu'à dire que c'est un surnom qui remonte à l'époque où nous étions à l'internat ensemble ; ça ne ressemble même pas à un vrai prénom, de toute façon !

À ces mots, Drago ne put s'empêcher d'éclater de rire.

– Donc tu me proposes de repartir à zéro, mais tu m'insultes dans la minute qui suit, c'est bien ça ?

– Il faut croire que certaines choses ne changeront jamais entre nous, répliqua Granger, un petit sourire au coin des lèvres.

Une fois de plus, Drago ne put contenir son hilarité. Qui aurait cru que les remarques acerbes de cette fille finiraient par l'amuser au lieu de l'irriter ?

– Désolée si je t'ai blessé, s'excusa-t-elle ensuite, c'est juste que t'appeler Luc me ferait trop bizarre...

– Pas de souci, Granger, je comprends.

– Hermione, le corrigea-t-elle. Tu as déjà utilisé mon prénom, donc ne fais pas de chichis.

– Ce sera donc Hermione, confirma-t-il avec un hochement de tête.

La situation lui semblait assez surréaliste, mais Drago ne s'était pas senti aussi bien depuis très longtemps. Que ce bonheur provienne d'Hermione Granger rendait le tout encore plus absurde, mais il n'allait certainement pas s'en plaindre.

Roger était la personne la plus fabuleuse qu'il ait jamais eu la chance de rencontrer. Cet homme l'avait accueilli alors qu'il était plus bas que terre, survivant plus que vivant. Il ne le connaissait pas, ignorait tout de son histoire, mais il l'avait traité avec bienveillance et respect.

Roger ne s'était pas montré indiscret pour autant, il s'était juste occupé de lui comme s'il avait été un membre de sa famille. Il avait appris, depuis, qu'il avait eu un fils qui aurait à peu près son âge aujourd'hui, s'il n'avait pas été fauché par un chauffard plusieurs années avant qu'il ne le recueille. Cela expliquait probablement son attitude à son égard – en partie, du moins –, mais Drago ne lui en était pas moins reconnaissant pour autant. Bien au contraire.

Sans lui, il ignorait ce qu'il serait devenu, ainsi livré à lui-même, mais sans doute rien de bon. Sa mère avait, bien évidemment, essayé de l'aider en lui laissant son alliance et sa bague de fiançailles – seuls biens de valeur à être restés en sa possession suite aux procès - , mais Drago n'avait jamais pu se résoudre à les vendre.

Cependant, aussi amical, soutenant et généreux que Roger pouvait être, il y avait toujours cette barrière entre eux, Drago ne pouvant pas totalement s'ouvrir à lui.

Roger le comprenait et n'avait jamais essayé de lui soutirer son histoire, mais cela ne faisait qu'accentuer la solitude dont souffrait Drago.

Être toujours sur ses gardes pour ne pas trahir le Secret magique – ni passer pour un fou – se révélait être assez épuisant.

Une histoire de NoëlWhere stories live. Discover now